20 ans
Publié: 15 Mai 2019, 09:03
je ne sais où mettre cet article?
Football : il y a vingt ans, le rêve passait pour le CS Sedan Ardennes en finale de la Coupe de France
Mis en ligne le 15/05/2019 à 06:08
DAVID CALAIS
Le 15 mai 1999, le CS Sedan Ardennes, alors en D2, perd la finale de la Coupe de France contre le FC Nantes, après une épopée mémorable. L’une des plus belles et des plus tristes pages de son histoire. Ceux qui ont vécu cette rencontre racontent.
Pour les joueurs du CSSA, la déception fut énorme, exacerbée par les circonstances de la partie. - Archive Angel Garcia
Lecture zen
Les faits
Le mardi 27 avril 1999, le CS Sedan Ardennes bat Le Mans (un autre club de D2) 4-3 après prolongations en demi-finale de la Coupe de France, dans un stade Émile-Albeau en fusion. Les Sangliers se qualifient pour la finale de la Coupe de France.
Leur parcours ne leur avait jusqu’ici pas vu affronter le moindre club de l’élite : Créteil (National, 0-1 a.p.), Épernay (DH, 7-0), Chaumont (CFA2, 0-3), Dijon (CFA, 0-4), Amiens (D2, 1-2), Rouen (CFA2, 0-2) et donc Le Mans (D2, 4-3 a.p.) sont successivement tombés.
Le samedi 15 mai, les joueurs ardennais pénètrent sur la pelouse du Stade de France pour y affronter le FC Nantes lors de la finale.
Les regrets seront éternels : Sedan s’incline 0-1 sur un penalty inexistant et laisse filer le trophée.
Encore aujourd‘hui, il ne se passe pas une semaine sans qu‘on m‘en parle. » Les mots sont d‘Éric Crosnier. Aujourd‘hui, il est l‘entraîneur du club de football ardennais de Mouzon (Régional 3). Il y a vingt ans, il était milieu défensif du CS Sedan Ardennes, et avait disputé le dernier quart d‘heure de la finale de la Coupe de France contre Nantes.
Les seize sur la feuille de match : Juste avant le coup d’envoi, les seize joueurs sedanais prennent la pose sur la pelouse du Stade de France. Seuls Stéphane Laquait et le gardien remplaçant, Sacha Rullier, ne disputeront pas la moindre minute de cette finale.
Les seize sur la feuille de match : Juste avant le coup d’envoi, les seize joueurs sedanais prennent la pose sur la pelouse du Stade de France. Seuls Stéphane Laquait et le gardien remplaçant, Sacha Rullier, ne disputeront pas la moindre minute de cette finale. - Archive Angel Garcia
Vingt ans. « Déjà », soufflent la majorité des acteurs. Sedan a beau avoir soulevé deux fois le trophée (mais c‘était en 1956 et 1961), a beau être retourné en finale en 2005 (défaite contre Auxerre, 2-1), c‘est celle de 1999 qui a le plus marqué les supporters. Parce que le CSSA était en deuxième division, à l‘époque. Parce que la défaite (1-0), cruelle, s‘est jouée sur un penalty contestable (et contesté !). Parce que cette équipe, à l‘époque, était probablement l‘un des groupes les plus proches de ses supporters que l‘on ait connu.
« Ce serait impensable aujourd‘hui », assure Cédric Mionnet, l’attaquant de l’époque. « On ne peut voir ça nulle par ailleurs », affirme de son côté Olivier Quint, qui évoluait sur le côté gauche du milieu. Entre une équipe créée deux ans auparavant par Bruno Metsu, de joueurs virés d‘autres clubs ou en perte de vitesse, et les supporters ardennais, l‘osmose a pris tout de suite. « Sedan avait eu les footballeurs ouvriers, nous on était les footballeurs oubliés », formule Nicolas Sachy, le gardien. « Les gens se sont reconnus en nous, estime Quint. On s‘entraînait sur les terrains amateurs du département, on allait boire un coup au club-house avec eux après les matches... Il y avait une vraie communion. »
Mionnet Remuant, l’attaquant aura été l’un des Sedanais les plus dangereux. En fin de première période, son coup franc à ras de terre sera repoussé par le jeune Mickaël Landreau. Il aura une deuxième chance après la pause mais expédiera sa frappe au-dessus.
Mionnet Remuant, l’attaquant aura été l’un des Sedanais les plus dangereux. En fin de première période, son coup franc à ras de terre sera repoussé par le jeune Mickaël Landreau. Il aura une deuxième chance après la pause mais expédiera sa frappe au-dessus. - Archive Angel Garcia
La Coupe de France est alors la compétition parfaite pour démultiplier cette passion. Un soir d‘avril, dans son stade Émile-Albeau vieillissant mais plein à craquer, Sedan arrache sa qualification après prolongation contre Le Mans (4-3) et fait chavirer toute une ville, tout un département. Les Ardennes iront au Stade de France.
« Les gens se sont reconnus en nous. Il y avait une vraie communion »
« La finale ne nous appartenait plus vraiment, elle était aux supporters, à tous les Ardennais », constate Patrick Remy, le coach. Les entraînements à la Warenne, à Charleville-Mézières, sont suivis par plusieurs centaines de personnes. Des centaines qui deviendront des dizaines de milliers, le 15 mai, à Saint-Denis.
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La fiche technique
Tous croient dur comme fer au rêve de battre Nantes, dernier rescapé de D1 dans une édition pleine de surprises. Les joueurs sedanais, eux, ont passé deux jours au château de Lésigny pour se préparer, dans leur bulle. « On était désigné comme l‘équipe à l‘extérieur, donc on n‘est pas allé à Clairefontaine, se souvient Mionnet. On s‘est retrouvé là où le Brésil avait préparé la finale de la Coupe du monde. »
Le match en lui-même n‘est pas un sommet de football. « C‘était difficile, Nantes avait été un peu meilleur », analyse Patrick Remy. Les Canaris de Carrière, Monterrubio et Da Rocha ont beau avoir le ballon, ils ont d‘abord du mal à se montrer dangereux, alors que le CSSA se projette vite vers l‘avant. « Je me souviens avoir eu une occasion d‘entrée, que je négocie mal », regrette encore Quint. « J‘ai un coup-franc en fin de première mi-temps, mais Landreau va la chercher, souffle Mionnet. On aurait pu marquer là-dessus, et ça aurait débloqué pas mal de choses. »
« Mon meilleur et mon pire souvenir »
La rencontre tournera sur une décision arbitrale, ce fameux penalty qui fait encore parler dans les chaumières ardennaises. Surtout que Mionnet, encore lui, sera bousculé en toute fin de match dans la surface nantaise, sans conséquence. « J‘ai encore le souvenir d‘avoir été poussé. Je me suis précipité vers M. Garibian... Je n‘ai jamais traité un arbitre comme ça de toute ma carrière, j‘étais fou de rage. »
La désillusion Alex Di Rocco et les Ardennais sont KO. Après le coup de sifflet final, ils ne peuvent que regarder les Nantais faire la fête avec leur public, puis aller soulever le trophée dans la tribune présidentielle. Le rêve sedanais vient de s’envoler.
La désillusion Alex Di Rocco et les Ardennais sont KO. Après le coup de sifflet final, ils ne peuvent que regarder les Nantais faire la fête avec leur public, puis aller soulever le trophée dans la tribune présidentielle. Le rêve sedanais vient de s’envoler. - Archive Angel Garcia
Un dernier coup-franc juste au-dessus du capitaine, Luis Satorra, ne laissera qu‘un peu plus de regrets aux Sedanais. Pendant que les Nantais exultent, les Sangliers s‘écroulent sur la pelouse. La frustration laisse place à la déception, aux larmes pour certains. Ce rêve qu‘ils partageaient avec tous les Ardennais vient de s‘écrouler. « J‘aurais tellement aimé rapporter cette Coupe à Sedan, les supporters le méritent tellement », s‘en veut encore Pius N‘Diefi. « Cette finale, c‘est mon meilleur souvenir, mais c‘est aussi le pire », certifie Mionnet, qui comme beaucoup d‘autres n‘a jamais pu revisionner la rencontre. « Je ne suis pas prêt. »
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Que sont-ils devenus?
C‘est toute la beauté et la cruauté de dame Coupe, du football, et du sport en général. La fierté d‘avoir fait briller les Ardennes jusqu‘au Stade de France, la déception d‘en être reparti bredouille... Vingt ans après, ce soir de printemps 1999 hante encore les souvenirs de tous les amoureux de Sedan. Vingt ans après, personne n‘a oublié.
David Calais
Ce maudit penalty
Le souvenir de M. Garibian n’est pas reluisant dans les Ardennes.
Cinquante-sixième minute de jeu au Stade de France. Olivier Monterrubio décoche un centre de la droite, direction la surface de réparation de Nicolas Sachy. Frédéric Da Rocha, au duel avec le latéral sedanais Christophe Borbiconi, voit le ballon lui passer au-dessus. Le danger s’éloigne. Emporté par son élan, le Nantais finit au sol, quelques mètres plus loin. Un coup de sifflet retentit.
Pascal Garibian, l’arbitre de cette finale, n’a pas hésité. « Je suis à la lutte avec Da Rocha, il tombe, c’est son jeu, raconte Borbiconi. Je me suis demandé ce que l’arbitre sifflait. » L’incompréhension est générale. « Je pensais qu’il y avait un hors-jeu moi, se souvient Sachy, le gardien, qui écopera d’un carton jaune pour contestation. Jamais je n’aurais imaginé qu’il y avait penalty. » C’est pourtant bien ce qu’accorde l’homme en noir aux Nantais.
« OUH, Garibian, ouh ! »
Olivier Monterrubio ne tremble pas, et transforme cette occasion en or. Ce sera le seul but du match. La faute, inexistante, fait encore parler aujourd’hui. « C’est Garibian qui a faussé le résultat par sa décision », assure le latéral sedanais. « La plupart du temps, ce n’est jamais sifflé, lâche le milieu défensif Éric Crosnier, qui a vu l’action depuis le banc de touche. Il y a un vrai sentiment d’injustice. »
Surtout, ce que les Ardennais n’ont jamais pardonné à Pascal Garibian, c’est de ne jamais avoir reconnu son erreur, là où Da Rocha lui-même, que ce soit au micro de TF1 ou auprès de nombreux sedanais ce soir-là, a plusieurs fois affirmé qu’on ne sifflait jamais ce genre de contact. « Le lendemain, on était sur le plateau de Téléfoot, explique Cédric Mionnet, l’attaquant du CSSA. Et même en revoyant les images, il a assuré que si c’était à refaire, il sifflerait de nouveau. C’est malhonnête ! »
Les supporters ardennais commémorent à leur façon cette décision, en lançant un « Ouh, Garibian, ouh ! » à chaque fois qu’ils estiment qu’un arbitre fait une erreur...
D.C.
Contacté, Pascal Garibian, aujourd’hui directeur technique de l’arbitrage français, nous a renvoyés vers le service de presse de la FFF. Ce dernier n’allait jamais donner suite à nos nombreuses demandes d’interview ces derniers mois.
Football : il y a vingt ans, le rêve passait pour le CS Sedan Ardennes en finale de la Coupe de France
Mis en ligne le 15/05/2019 à 06:08
DAVID CALAIS
Le 15 mai 1999, le CS Sedan Ardennes, alors en D2, perd la finale de la Coupe de France contre le FC Nantes, après une épopée mémorable. L’une des plus belles et des plus tristes pages de son histoire. Ceux qui ont vécu cette rencontre racontent.
Pour les joueurs du CSSA, la déception fut énorme, exacerbée par les circonstances de la partie. - Archive Angel Garcia
Lecture zen
Les faits
Le mardi 27 avril 1999, le CS Sedan Ardennes bat Le Mans (un autre club de D2) 4-3 après prolongations en demi-finale de la Coupe de France, dans un stade Émile-Albeau en fusion. Les Sangliers se qualifient pour la finale de la Coupe de France.
Leur parcours ne leur avait jusqu’ici pas vu affronter le moindre club de l’élite : Créteil (National, 0-1 a.p.), Épernay (DH, 7-0), Chaumont (CFA2, 0-3), Dijon (CFA, 0-4), Amiens (D2, 1-2), Rouen (CFA2, 0-2) et donc Le Mans (D2, 4-3 a.p.) sont successivement tombés.
Le samedi 15 mai, les joueurs ardennais pénètrent sur la pelouse du Stade de France pour y affronter le FC Nantes lors de la finale.
Les regrets seront éternels : Sedan s’incline 0-1 sur un penalty inexistant et laisse filer le trophée.
Encore aujourd‘hui, il ne se passe pas une semaine sans qu‘on m‘en parle. » Les mots sont d‘Éric Crosnier. Aujourd‘hui, il est l‘entraîneur du club de football ardennais de Mouzon (Régional 3). Il y a vingt ans, il était milieu défensif du CS Sedan Ardennes, et avait disputé le dernier quart d‘heure de la finale de la Coupe de France contre Nantes.
Les seize sur la feuille de match : Juste avant le coup d’envoi, les seize joueurs sedanais prennent la pose sur la pelouse du Stade de France. Seuls Stéphane Laquait et le gardien remplaçant, Sacha Rullier, ne disputeront pas la moindre minute de cette finale.
Les seize sur la feuille de match : Juste avant le coup d’envoi, les seize joueurs sedanais prennent la pose sur la pelouse du Stade de France. Seuls Stéphane Laquait et le gardien remplaçant, Sacha Rullier, ne disputeront pas la moindre minute de cette finale. - Archive Angel Garcia
Vingt ans. « Déjà », soufflent la majorité des acteurs. Sedan a beau avoir soulevé deux fois le trophée (mais c‘était en 1956 et 1961), a beau être retourné en finale en 2005 (défaite contre Auxerre, 2-1), c‘est celle de 1999 qui a le plus marqué les supporters. Parce que le CSSA était en deuxième division, à l‘époque. Parce que la défaite (1-0), cruelle, s‘est jouée sur un penalty contestable (et contesté !). Parce que cette équipe, à l‘époque, était probablement l‘un des groupes les plus proches de ses supporters que l‘on ait connu.
« Ce serait impensable aujourd‘hui », assure Cédric Mionnet, l’attaquant de l’époque. « On ne peut voir ça nulle par ailleurs », affirme de son côté Olivier Quint, qui évoluait sur le côté gauche du milieu. Entre une équipe créée deux ans auparavant par Bruno Metsu, de joueurs virés d‘autres clubs ou en perte de vitesse, et les supporters ardennais, l‘osmose a pris tout de suite. « Sedan avait eu les footballeurs ouvriers, nous on était les footballeurs oubliés », formule Nicolas Sachy, le gardien. « Les gens se sont reconnus en nous, estime Quint. On s‘entraînait sur les terrains amateurs du département, on allait boire un coup au club-house avec eux après les matches... Il y avait une vraie communion. »
Mionnet Remuant, l’attaquant aura été l’un des Sedanais les plus dangereux. En fin de première période, son coup franc à ras de terre sera repoussé par le jeune Mickaël Landreau. Il aura une deuxième chance après la pause mais expédiera sa frappe au-dessus.
Mionnet Remuant, l’attaquant aura été l’un des Sedanais les plus dangereux. En fin de première période, son coup franc à ras de terre sera repoussé par le jeune Mickaël Landreau. Il aura une deuxième chance après la pause mais expédiera sa frappe au-dessus. - Archive Angel Garcia
La Coupe de France est alors la compétition parfaite pour démultiplier cette passion. Un soir d‘avril, dans son stade Émile-Albeau vieillissant mais plein à craquer, Sedan arrache sa qualification après prolongation contre Le Mans (4-3) et fait chavirer toute une ville, tout un département. Les Ardennes iront au Stade de France.
« Les gens se sont reconnus en nous. Il y avait une vraie communion »
« La finale ne nous appartenait plus vraiment, elle était aux supporters, à tous les Ardennais », constate Patrick Remy, le coach. Les entraînements à la Warenne, à Charleville-Mézières, sont suivis par plusieurs centaines de personnes. Des centaines qui deviendront des dizaines de milliers, le 15 mai, à Saint-Denis.
Lire aussi
La fiche technique
Tous croient dur comme fer au rêve de battre Nantes, dernier rescapé de D1 dans une édition pleine de surprises. Les joueurs sedanais, eux, ont passé deux jours au château de Lésigny pour se préparer, dans leur bulle. « On était désigné comme l‘équipe à l‘extérieur, donc on n‘est pas allé à Clairefontaine, se souvient Mionnet. On s‘est retrouvé là où le Brésil avait préparé la finale de la Coupe du monde. »
Le match en lui-même n‘est pas un sommet de football. « C‘était difficile, Nantes avait été un peu meilleur », analyse Patrick Remy. Les Canaris de Carrière, Monterrubio et Da Rocha ont beau avoir le ballon, ils ont d‘abord du mal à se montrer dangereux, alors que le CSSA se projette vite vers l‘avant. « Je me souviens avoir eu une occasion d‘entrée, que je négocie mal », regrette encore Quint. « J‘ai un coup-franc en fin de première mi-temps, mais Landreau va la chercher, souffle Mionnet. On aurait pu marquer là-dessus, et ça aurait débloqué pas mal de choses. »
« Mon meilleur et mon pire souvenir »
La rencontre tournera sur une décision arbitrale, ce fameux penalty qui fait encore parler dans les chaumières ardennaises. Surtout que Mionnet, encore lui, sera bousculé en toute fin de match dans la surface nantaise, sans conséquence. « J‘ai encore le souvenir d‘avoir été poussé. Je me suis précipité vers M. Garibian... Je n‘ai jamais traité un arbitre comme ça de toute ma carrière, j‘étais fou de rage. »
La désillusion Alex Di Rocco et les Ardennais sont KO. Après le coup de sifflet final, ils ne peuvent que regarder les Nantais faire la fête avec leur public, puis aller soulever le trophée dans la tribune présidentielle. Le rêve sedanais vient de s’envoler.
La désillusion Alex Di Rocco et les Ardennais sont KO. Après le coup de sifflet final, ils ne peuvent que regarder les Nantais faire la fête avec leur public, puis aller soulever le trophée dans la tribune présidentielle. Le rêve sedanais vient de s’envoler. - Archive Angel Garcia
Un dernier coup-franc juste au-dessus du capitaine, Luis Satorra, ne laissera qu‘un peu plus de regrets aux Sedanais. Pendant que les Nantais exultent, les Sangliers s‘écroulent sur la pelouse. La frustration laisse place à la déception, aux larmes pour certains. Ce rêve qu‘ils partageaient avec tous les Ardennais vient de s‘écrouler. « J‘aurais tellement aimé rapporter cette Coupe à Sedan, les supporters le méritent tellement », s‘en veut encore Pius N‘Diefi. « Cette finale, c‘est mon meilleur souvenir, mais c‘est aussi le pire », certifie Mionnet, qui comme beaucoup d‘autres n‘a jamais pu revisionner la rencontre. « Je ne suis pas prêt. »
Lire aussi
Que sont-ils devenus?
C‘est toute la beauté et la cruauté de dame Coupe, du football, et du sport en général. La fierté d‘avoir fait briller les Ardennes jusqu‘au Stade de France, la déception d‘en être reparti bredouille... Vingt ans après, ce soir de printemps 1999 hante encore les souvenirs de tous les amoureux de Sedan. Vingt ans après, personne n‘a oublié.
David Calais
Ce maudit penalty
Le souvenir de M. Garibian n’est pas reluisant dans les Ardennes.
Cinquante-sixième minute de jeu au Stade de France. Olivier Monterrubio décoche un centre de la droite, direction la surface de réparation de Nicolas Sachy. Frédéric Da Rocha, au duel avec le latéral sedanais Christophe Borbiconi, voit le ballon lui passer au-dessus. Le danger s’éloigne. Emporté par son élan, le Nantais finit au sol, quelques mètres plus loin. Un coup de sifflet retentit.
Pascal Garibian, l’arbitre de cette finale, n’a pas hésité. « Je suis à la lutte avec Da Rocha, il tombe, c’est son jeu, raconte Borbiconi. Je me suis demandé ce que l’arbitre sifflait. » L’incompréhension est générale. « Je pensais qu’il y avait un hors-jeu moi, se souvient Sachy, le gardien, qui écopera d’un carton jaune pour contestation. Jamais je n’aurais imaginé qu’il y avait penalty. » C’est pourtant bien ce qu’accorde l’homme en noir aux Nantais.
« OUH, Garibian, ouh ! »
Olivier Monterrubio ne tremble pas, et transforme cette occasion en or. Ce sera le seul but du match. La faute, inexistante, fait encore parler aujourd’hui. « C’est Garibian qui a faussé le résultat par sa décision », assure le latéral sedanais. « La plupart du temps, ce n’est jamais sifflé, lâche le milieu défensif Éric Crosnier, qui a vu l’action depuis le banc de touche. Il y a un vrai sentiment d’injustice. »
Surtout, ce que les Ardennais n’ont jamais pardonné à Pascal Garibian, c’est de ne jamais avoir reconnu son erreur, là où Da Rocha lui-même, que ce soit au micro de TF1 ou auprès de nombreux sedanais ce soir-là, a plusieurs fois affirmé qu’on ne sifflait jamais ce genre de contact. « Le lendemain, on était sur le plateau de Téléfoot, explique Cédric Mionnet, l’attaquant du CSSA. Et même en revoyant les images, il a assuré que si c’était à refaire, il sifflerait de nouveau. C’est malhonnête ! »
Les supporters ardennais commémorent à leur façon cette décision, en lançant un « Ouh, Garibian, ouh ! » à chaque fois qu’ils estiment qu’un arbitre fait une erreur...
D.C.
Contacté, Pascal Garibian, aujourd’hui directeur technique de l’arbitrage français, nous a renvoyés vers le service de presse de la FFF. Ce dernier n’allait jamais donner suite à nos nombreuses demandes d’interview ces derniers mois.