Il y a 43 ans...
Il y a 43 ans... Un Sedanais en équipe de France et c'est la consécration pour lui même et pour toute une Ville. Revivez cette épopée avec Claude Lambert.
Pour tout footballeur professionnel, lobjectif prioritaire, dans une carrière, cest dêtre sélectionné en Equipe de France. A Sedan, personne na échappé à la règle mais, ô suprême honneur, ils sont, il y a 43 ans de cela, cinq ardennais sélectionnés dans un même match international. Incroyable, mais vrai
En cette saison 61-62, le football français semble très riche car il se permet daligner deux Equipes de France « B ". Lune se rend à Saragosse afin dy affronter lEspagne. Lautre, alors entraînée par Lucien Jasseron, va le dimanche 10 décembre 1961, à Esch-sur-Alzette, pour se mesurer à léquipe nationale du Luxembourg.
Cest ainsi: devant le Luxembourg, léquipe de France « B » -dont la moyenne dâge est assez élevée et donc elle ne manque pas dexpérience- est composée presque essentiellement de joueurs du Nord-Est. Et donc de Sedanais
Cet appel fait aux joueurs de Louis Dugauguez nétonne pas car, après 20 journées de championnat, lUAST se classe juste derrière Nîmes qui est tout simplement
leader de division 1 ! Les Ardennais viennent dêtre accrochés au stade Emile-Albeau (0-0) par des Rennais qui partagent avec eux le fauteuil de dauphins.
Le titre peut-il échoir aux Ardennais ? Cest fort possible car, décidément, ils constituent une formidable équipe dont le goal-average est plutôt impressionnant : 43-26 !
Bref, Georges Verriest, le sélectionneur national de lépoque, couche deux équipes sur le papier et, compte tenu de la forme physique et des dispositions de plusieurs sedanais, il est logique quun grand nombre dentre eux soit appelé.
Tous les internationaux « B » sont rassemblés au siège de la FFF doù ils gagnent le Luxembourg. Il en est un qui participe au stage mais qui doit déclarer forfait: cest Alex Rozak, habituel gardien de lUAST. Après un entraînement, il constate que son genou est enflé et il est nécessaire de laisser se résorber leau qui a gonflé les tissus. La mort dans lâme, « le Grand » abandonne ses coéquipiers car, en sélection, il est indispensable de se présenter avec tous ses moyens. Quelle malchance
Alors, aucun sedanais en Equipe de France « B » alors que lUAST se comporte au mieux en championnat ? Non puisque M. Verriest a choisi une
ossature sedanaise pour aller se mesurer à son homologue luxembourgeoise ! En effet, parmi les « demis », on relève les noms de Pierre Michelin et de Bernard Chiarelli et, chez les attaquants, Max Fulgenzy, Bernard Roubaud et Claude Breny qui abandonne son statut de remplaçant afin de suppléer au Strasbourgeois Peyroche victime dun claquage à la cuisse.
Oui, ils sont bien cinq sedanais appelés en Equipe de France « B ». Du jamais vu !
Le pronostic est en faveur de la France qui na pas été battue ni même tenue en échec par son adversaire luxembourgeois depuis
1946.
Cette Equipe de France est donc constituée de Samoy (Le Havre), Polonia (Lens), Plaszek (Lens), Michelin (Sedan), Ludo (Monaco), Chiarelli (Sedan), Breny (Sedan), Fulgenzy (Sedan), Keller (Valenciennes), Roubaud (Sedan), Sauvage (Reims), le remplaçant étant Baconnier (Stade Français).
Ils sont 4000 spectateurs au stade et il y a des hôtes royaux dans la tribune, à savoir le prince héritier Jean de Luxembourg et son épouse la princesse Joséphine Charlotte.
Le quotidien « LArdennais » titre « Dans des conditions de jeu difficiles, Chiarelli, capitaine avisé, a mené ses troupes à la victoire : 2-0 ».
Louverture du score est signée
Max Fulgenzy. Bien servi par
Bernard Roubaud, il arrive seul devant Steffen et marque (12e) et il revient à Sauvage de clôturer la marque (52e).
Alors, comment se sont comportés les cinq sedanais qui portent le fameux maillot à lécusson tricolore ?
Max Fulgenzy a été lun des meilleurs grâce à sa vitesse de course, son démarrage et
son but. Pourtant, celui que lon surnomme « Pétrolette » a eu ladversaire le plus teigneux du onze luxembourgeois !
Avec ses « galons » de capitaine, Bernard Chiarelli donna constamment lexemple, se sacrifia beaucoup et porta plusieurs fois lestocade.
Bernard Roubaud, comme à
Sedan, se dépensa énormément, récupéra un moment et termina très fort.
Pierre Michelin a eu, quant à lui, le tract avant le match et il se décontracta assis à terre dans le vestiaire français où, comme dhabitude, il soctroya un coin. Ensuite, il sopposa avec ardeur et intelligence aux rudes assauts adverses.
Enfin, Claude Breny fut handicapé par un coup de pied dun adversaire et ce dès le début du match.
Et, on aura mis en exergue le formidable potentiel de lUA Sedan-Torcy en précisant que, le même jour, lintraitable Maryan Synakowski a été appelé en Equipe de France « A » qui fut tenue en échec, au stade de Colombes, par lEspagne (1-1) et que, tout aussitôt, le grand espoir « Ben » Salem est retenu en Equipe de France militaire qui se mesure à lAutriche.
LUA Sedan-Torcy, dans ces années soixante, cest vraiment, pour les équipes nationales françaises, un sacré vivier
Claude LAMBERT