05 novembre 2004 > Chronique du passé

Il y a 43 ans...

Allez Sedan.com

Il y a 43 ans... Un Sedanais en équipe de France et c'est la consécration pour lui même et pour toute une Ville. Revivez cette épopée avec Claude Lambert.



Pour tout footballeur professionnel, l’objectif prioritaire, dans une carrière, c’est d’être sélectionné en Equipe de France. A Sedan, personne n’a échappé à la règle mais, ô suprême honneur, ils sont, il y a 43 ans de cela, cinq ardennais sélectionnés dans un même match international. Incroyable, mais vrai…

En cette saison 61-62, le football français semble très riche car il se permet d’aligner deux Equipes de France « B ". L’une se rend à Saragosse afin d’y affronter l’Espagne. L’autre, alors entraînée par Lucien Jasseron, va le dimanche 10 décembre 1961, à Esch-sur-Alzette, pour se mesurer à l’équipe nationale du Luxembourg.

C’est ainsi: devant le Luxembourg, l’équipe de France « B » -dont la moyenne d’âge est assez élevée et donc elle ne manque pas d’expérience- est composée presque essentiellement de joueurs du Nord-Est. Et donc de Sedanais…

Cet appel fait aux joueurs de Louis Dugauguez n’étonne pas car, après 20 journées de championnat, l’UAST se classe juste derrière Nîmes qui est tout simplement… leader de division 1 ! Les Ardennais viennent d’être accrochés au stade Emile-Albeau (0-0) par des Rennais qui partagent avec eux le fauteuil de dauphins.

Le titre peut-il échoir aux Ardennais ? C’est fort possible car, décidément, ils constituent une formidable équipe dont le goal-average est plutôt impressionnant : 43-26 !

Bref, Georges Verriest, le sélectionneur national de l’époque, couche deux équipes sur le papier et, compte tenu de la forme physique et des dispositions de plusieurs sedanais, il est logique qu’un grand nombre d’entre eux soit appelé.

Tous les internationaux « B » sont rassemblés au siège de la FFF d’où ils gagnent le Luxembourg. Il en est un qui participe au stage mais qui doit déclarer forfait: c’est Alex Rozak, habituel gardien de l’UAST. Après un entraînement, il constate que son genou est enflé et il est nécessaire de laisser se résorber l’eau qui a gonflé les tissus. La mort dans l’âme, « le Grand » abandonne ses coéquipiers car, en sélection, il est indispensable de se présenter avec tous ses moyens. Quelle malchance…

Alors, aucun sedanais en Equipe de France « B » alors que l’UAST se comporte au mieux en championnat ? Non puisque M. Verriest a choisi une…ossature sedanaise pour aller se mesurer à son homologue luxembourgeoise ! En effet, parmi les « demis », on relève les noms de Pierre Michelin et de Bernard Chiarelli et, chez les attaquants, Max Fulgenzy, Bernard Roubaud et Claude Breny qui abandonne son statut de remplaçant afin de suppléer au Strasbourgeois Peyroche victime d’un claquage à la cuisse.

Oui, ils sont bien cinq sedanais appelés en Equipe de France « B ». Du jamais vu !

Le pronostic est en faveur de la France qui n’a pas été battue ni même tenue en échec par son adversaire luxembourgeois depuis… 1946.

Cette Equipe de France est donc constituée de Samoy (Le Havre), Polonia (Lens), Plaszek (Lens), Michelin (Sedan), Ludo (Monaco), Chiarelli (Sedan), Breny (Sedan), Fulgenzy (Sedan), Keller (Valenciennes), Roubaud (Sedan), Sauvage (Reims), le remplaçant étant Baconnier (Stade Français).

Ils sont 4000 spectateurs au stade et il y a des hôtes royaux dans la tribune, à savoir le prince héritier Jean de Luxembourg et son épouse la princesse Joséphine Charlotte.

Le quotidien « L’Ardennais » titre « Dans des conditions de jeu difficiles, Chiarelli, capitaine avisé, a mené ses troupes à la victoire : 2-0 ».

L’ouverture du score est signée… Max Fulgenzy. Bien servi par… Bernard Roubaud, il arrive seul devant Steffen et marque (12e) et il revient à Sauvage de clôturer la marque (52e).

Alors, comment se sont comportés les cinq sedanais qui portent le fameux maillot à l’écusson tricolore ?

Max Fulgenzy a été l’un des meilleurs grâce à sa vitesse de course, son démarrage et… son but. Pourtant, celui que l’on surnomme « Pétrolette » a eu l’adversaire le plus teigneux du onze luxembourgeois !

Avec ses « galons » de capitaine, Bernard Chiarelli donna constamment l’exemple, se sacrifia beaucoup et porta plusieurs fois l’estocade.

Bernard Roubaud, comme à… Sedan, se dépensa énormément, récupéra un moment et termina très fort.

Pierre Michelin a eu, quant à lui, le tract avant le match et il se décontracta assis à terre dans le vestiaire français où, comme d’habitude, il s’octroya un coin. Ensuite, il s’opposa avec ardeur et intelligence aux rudes assauts adverses.

Enfin, Claude Breny fut handicapé par un coup de pied d’un adversaire et ce dès le début du match.

Et, on aura mis en exergue le formidable potentiel de l’UA Sedan-Torcy en précisant que, le même jour, l’intraitable Maryan Synakowski a été appelé en Equipe de France « A » qui fut tenue en échec, au stade de Colombes, par l’Espagne (1-1) et que, tout aussitôt, le grand espoir « Ben » Salem est retenu en Equipe de France militaire qui se mesure à l’Autriche.

L’UA Sedan-Torcy, dans ces années soixante, c’est vraiment, pour les équipes nationales françaises, un sacré vivier…




Claude LAMBERT