29 novembre 2004 > Chronique du passé

Il y a 37 ans....

Allez Sedan.com

C’est indéniable, les clubs corses font partie du paysage footballistique de la Ligue 1 -et avant de la Division 1- et donc quoi de plus logique que Corses et Ardennais se soient affrontés à maintes reprises dans l’Ile de Beauté ou dans nos Ardennes. Si on se rappelle que les Corses alignent par exemple cette saison deux équipes -AC Ajaccio et SC Bastia- parmi l’élite ainsi que le GFCO Ajaccio, en National, on se dit que Sedan et ceux-ci doivent avoir une « histoire commune ». Mais, au fait, à quand remonte le premier déplacement d’une formation corse au stade Emile-Albeau ? Regard dans le rétroviseur, 37 ans en arrière…

Nous sommes en septembre 67. Louis Dugauguez vient d’être nommé directeur des équipes nationales en remplacement de Justo Fontaine. Il a appelé Lemerre, Herbet, Andrien (lillois et futur sedanais mais aussi ex-ajaccien) chez les « Espoirs 67» et Watteau (autre lillois et ancien sedanais), Roy (passé de Sedan au SCO Angers) et Rose en « Espoirs 70 »

Ainsi donc, en ce samedi 9 septembre 1967, il revient à l’AC Ajaccio d’être, officiellement, le premier hôte corse des Sedanais. Après quatre journées de championnat, ces derniers sont toujours à la recherche d’une victoire. Dans « L’Equipe », Jean Cornu écrit que « Sedan nous a jusqu’ici laissé sur notre faim. Va-t-il sortir de sa coquille devant un Ajaccio vulnérable hors de son île ? »

L’équipe sedanaise vient de ramener un point de Rouen et, la semaine précédant la confrontation entre Ardennais et Corses, « M’sieur Louis » étant surtout… « parisien » à cause de sa nouvelle tâche, il revient au duo Gaétan Chrétien-Claude Brény de s’occuper de l’entraînement et surtout de déplorer les absences, pour cause de blessures, de René Sillou et Jean-Claude Medot.

Pour cette nocturne, et avant la première trêve internationale de la saison, la venue des Insulaires suscite une curiosité certaine dans le camp des supporters ardennais. Les Ajacciens ont été, la saison dernière, d’incontestables champions de deuxième division et le « sergent-recruteur » qu’est Antoine Federicci a enrôlé bon nombre de joueurs prêtés ou transférés: Marchetti (Nice), Devaux (Reims), Sbaïz (Strasbourg), Guillon (Valenciennes), Munoz (Red Star), Sansonnetti (Bastia), Girod et Fouque (Monaco), Marcialis (Montpellier) et l’amateur Baratelli (Cavignal de Nice).

Depuis la toute récente accession, l’entraîneur Alberto Muro sait son équipe plutôt à l’aise au stade Jean-Lluis et il « montera dans les Ardennes » sans le moindre complexe, misant sur la détermination de sa troupe pour ramener au moins un point.

Cette affiche nouvelle devrait, la curiosité aidant, drainer bien des spectateurs dans l’enceinte du Bourrelet.où « le RCP Sedan espère décrocher un premier succès » (« L’Union »). Les solides formations nordistes que sont Valenciennes et Lille viennent d’y arracher un score de parité. Alors, jamais deux sans trois ?

Parmi les supporters ardennais, personne n’a oublié la brutale élimination (0-1 après prolongation) en coupe de France (32 èmes de finale) subie par les Sedanais, en janvier 66, sur le terrain de Aix-en-Provence, devant ces mêmes Ajacciens.

La préparation sérieuse et poussée mais aussi la forme des internationaux Herbet et Lemerre sont de bon augure. En conséquence, on est confiant dans les rangs sedanais où, après avoir accueilli les Ajacciens, on s’apprête à recevoir, en amical, le Daring de Bruxelles.

« L’Ardennais » titre « Sedan à l’épreuve d’Ajaccio. Maxime des Ardennais : pas de répit pour la défense adverse. »

En lever de rideau, l’équipe de Vrigne-aux-Bois donne une réplique amicale aux protégés de Joseph Kusmir et, lors de cette revue d’effectif, on retrouve, chez les sedanais, Mounier, Lepoutre, Liénard, Schaffrott, Macquin, Bossuette, Rolleri, Chistian et Jean-Claude Gocyk, Bellot, Piquart, Tissot, Dugauguez, Dellamore, Chrétien et Kosowski.

Le lendemain du match Sedan-Ajaccio, « L’Ardennais » titre « Première victoire de la saison pour le RCP-Sedan. 2-0 : la note pouvait être plus lourde pour Ajaccio » ; « L’Union » évoque « la détermination des Ardennais a contraint Ajaccio à la défense » et « L’Equipe » titre « Sedan : c’est parti ». Le mardi suivant, pour « France Football », « Herbet et Lemerre O.K. ».

Alors que M.Verbeke est au sifflet, on dénombre 6 361 entrées payantes lors d’une nocturne jugée, question conditions atmosphériques, différemment : « Beau temps frais » (« L’Ardennais »), « Température déjà froide pour la saison » (« L’Union ») et « Température assez douce » (« L’Equipe ») !

Sedan aligne Rose, Barre, Rastoll, Broissard, Lemerre, Herbet, Cardoni, Bourgeois, Levavasseur, Salem, Di Salvio (remplaçant Tonnel) et Ajaccio se présente avec Marchetti, Vanucci, Moïse, Brucato, Devaux, Peretti, Munoz, Girod, Sansonnetti, Marcialis, Touré (puis Lions).

A vrai dire, ce fut « un cavalier seul des locaux avec un but par mi-temps ». Les Ardennais ouvrent le score rapidement par Levavasseur, placé en embuscade, suite à un essai de Di Salvio repoussé par Marchetti (3 ème) et grâce à Bourgeois qui reprend de plein fouet un centre en retrait de Levavasseur (65 ème).

« Ce premier succès est un prélude au redressement sedanais que chacun attendait » écrit Marcel Perrier dans « L’Equipe ». Il ajoute : « face à un nouveau promu, est-ce un succès probant ? ». Pour sa part, Daniel Ferrières, dans « L’Ardennais », est catégorique: « Pour Sedan, la porte du succès ouvre des perspectives optimistes et raisonnables » . Et, « L’Union » n’est pas en reste en titrant « La victoire sur Ajaccio est la confirmation du renouveau ardennais », ajoutant ceci « la victoire sedanaise ne prête à aucune contestation avec un quatuor défensif intraitable à l’image d’un Lemerre impérial, Herbet -omniprésent et clairvoyant- et Bougeois, en milieu de terrain, tinrent un rôle déterminant » et « la ligne d’attaque se montrant plus incisive ».

« Bien que je sois satisfait du comportement de mes garçons, je pense que nous avons encore à travailler » note, dans le vestiaire sedanais, Louis Dugauguez. Il a raison car son équipe va, la journée suivante, lourdement chuter -4 à 2- au stade municipal d’Aix-en-Provence…


Claude LAMBERT