19 janvier 2005 > Chronique du passé

Il y a 14 ans...

Allez Sedan.com

Connaître une montée à l’échelon supérieur, voilà qui est formidable pour tout footballeur. A Sedan, plus d’un l’a vécue mais le fait d’être sacré champion de France constitue indiscutablement la… cerise sur le gâteau ! Au CSSA, le dernier titre nous ramène en juin 1991. Il y a 14 ans…

Depuis la fin de saison 85-86, le club ardennais connaît une véritable « traversée du désert ». Il demeure pendant cinq saisons en division III dans le groupe Est, ne parvenant pas à retrouver l’anti chambre de l’élite française.

Au seuil de l’exercice 90-91, le Président Roumy voudrait bien que son vœu soit exaucé et, pour cela, il enrôle une belle brochette de joueurs : Schaller et Gamiette (Olympique de Charleville), Lecoq (Saint-Étienne), Rolshausen (RFA), Duffour (Villecresnes), Fluck (Cuiseaux) alors que le duo Colomina-Barbin fait le chemin inverse.

Décidément, les Sedanais comblent de joie Président, entraîneur et supporters car, en championnat, ils terminent leur parcours au premier rang juste devant Nancy et… Charleville, dauphins relégués à quatre points !

Cette cuvée ardennaise est digne de ses devancières avec ses qualités de cœur, de générosité et on ne voit pas pourquoi elle s’arrêterait en si bon chemin…

Les Sedanais n’ont pas attendu -loin de là !- l’ultime journée pour tout d’abord assurer la montée à Baume l’Isle. Puis, lors de la venue de Saint-Dié, le titre du groupe Est leur échoit. Ce jour-là, avant le coup d’envoi, on leur offre, sur la pelouse, des… bouquets de fleurs individuels.

Alors que le conseil municipal de Sedan évoque une possible subvention, l’équipe a le grand mérite de ne pas être démobilisée et elle le prouve en obtenant le nul à Besançon. Du coup, la poule finale se pointe à l’horizon…

Outre Sedan, les autres équipes conviées à participer à celle-ci s’appellent Amiens, Grenoble, Ancenis, Châteauroux et Perpignan.

A l’époque, le CSSA n’occupe pas le haut de l’affiche tenu par les Girondins de Bordeaux qui, au terme d’un triste épilogue d’une saga juridico-sportive, sont relégués en D2 mais aussi par Roger Rocher, le Président de l’AS Saint-Étienne, qui ne retourne pas en… prison.

En poule finale, les Sedanais, à Emile-Albeau, ne font pas de cadeau à Ancenis largement battu (5-0) et, en demi-finale, toujours chez eux, ils viennent difficilement à bout de Perpignan qui a mené 2-0 un moment avant de baisser pavillon (3-2).

Alors que la finale est envisagée un temps à Troyes ou à Reims, c’est le stade Paul-Chaudon d’Epernay qui est retenu. Le coup d’envoi y sera donné le samedi 1 er juin 1991 à 20 heures.

Chez les supporters ardennais, l’horaire en a déçu plus d’un mais ils sont tout de même décidés à rallier le département voisin.

Quant à Marcel Perrier, le poète et grand-père de Yannick Noah -fils de Zacharie-, il encourage de sa plume des Ardennais qui vendront chèrement leur peau, promis-juré !

En attendant, le CSSA est dans la fièvre car il demande à nouveau le statut pro. Après 53 et 84, l’appel sera-t-il entendu ? Pour recruter, il s’impose, non ?

Au CSSA, on ne fait pas les choses à moitié ! Pour preuve, l’équipe drivée par Michel Thiery prend à la maison le meilleur sur Revin et la voilà qui est propulsée en division IV. Quelle fin de saison en forme d’apothéose !

Si l’OM, en finale de coupe d’Europe, devant l’Etoile Rouge de Belgrade, n’imite pas le grand Stade de Reims ou les mythiques Stéphanois, toute l’Ardenne sportive espère secrètement que « son » Sedan reviendra au bercail avec le trophée en mains.

Dans ce but, on n'a pas ménagé ses efforts car tout un chacun sait que l’adversaire finaliste, en l’occurrence Auxerre, n’est pas le premier venu !

D’ailleurs, Michel Charlot, de retour au CSSA, accompagné de William Sohier, va au stade de l’Abbé-Deschamps pour suivre la demi-finale Auxerre-Amiens. Ils voient Eric Luczkow, l’ancien gardien sedanais, aller chercher le ballon à quatre reprises au fonds de ses propres filets Il stoppe un penalty, bref « Auxerre, c’est une grosse pointure » reconnaît notre duo de superviseurs qui a aperçu le « patron », Guy Roux, sur le bord de la touche. « Il n’a pas arrêté de râler !» se plait à remarquer l’ancien boulanger de Torcy…

L’AJA ayant perdu la finale Gambardella, seule cette finale peut lui permettre de décrocher un titre… ce qu’elle raffole tant !

Nous voila arrivé au jour « J » et « L’Ardennais » titre « Sedan, condamné à l’exploit, défie Auxerre en finale de D 3 » et « L’Union » évoque « Sedan-Auxerre à Epernay : pour la couronne de D3. Ce final en Champagne a du bouquet… »

En page intérieure, il est rappelé que les Bourguignons, habitués de ce rendez-vous, sont les tenants du titre. « Tout va se jouer sur une rencontre… Si, pour nous, la saison a été longue et éprouvante, espérons que nous ne disputerons pas le match de trop et que, surtout, mes garçons sortiront du terrain sans regret » pronostique, la veille de la rencontre, Michel Le Flochmoan.

C’est décidé : les Sedanais -qui ont sensiblement amélioré leur condition physique sur le terrain de… Villers-Semeuse- quittent la cité de Turenne le jour même du match et ils prennent leur collation au pays des Sparnaciens. Parmi les joueurs absents, Norbert Rolhausen, déplâtré et bien sûr pas encore opérationnel, pas plus que Malik Badji qui relève de blessure ni Carlos Pinho et Eric Duffour qui viennent seulement de reprendre l’entraînement.

Le journal « L’Union » informe ses lecteurs que deux autocars « Allez Sedan » gagneront Epernay et précise « 40 francs pour ce déplacement aller-retour, c’est donné ! »

Tous ces braves supporters ne regretteront pas d’avoir quitté les Ardennes sous les coups de 17 heures car, « L’Ardennais », en première page, titre « Sedan : l’exploit » et « L’Union » y va du « Sedan champion de France quarante ans après ».

Au coup d’envoi donné par M. Salon, devant 800 spectateurs, Sedan se présente avec Pourchaux, Hallou, Fouzari, Schaller, Jacquier, Lefebvre, Fluck (puis Tochel), Lecoq, Moraly, Siegmann, Songné (puis Pavlov) et Daniel Roland, pour l’AJA, a retenu Charbonnier, Darras, Goma, Diecirelski, Rabavroni, Achouri, Delbarre(puis Rémy) , Otokoré, Courtet, Soler et Vignola.

Pour Dominique Maingé, dans « L’Ardennais », c’est « au terme d’une bataille acharnée que Sedan a détrôné Auxerre. Les Ardennais furent admirables de courage et d’abnégation devant des Auxerrois donnés favoris. Ils l’emportèrent au finish grâce notamment à leur gardien Claude Pourchaux ».

Dans « L’Union », Michel Quentin s’enflamme : « la défense sedanaise ? Quel héroïsme en fin de partie ! Du roc. Les deux équipes voulaient en finir et pourtant la prolongation devenait obligatoire… »

L’entrée en matière des Ardennais n’est pas ce que l’on fait de mieux puisqu’un long dégagement de Charbonnier met Jacquier, peut-être gêné par le soleil, en difficulté. Le ballon retombe dans les pieds de l’avant-centre auxerrois Soler qui échappe à Schaller et vient battre Pourchaux d’un tir croisé à ras de terre. Sedan encaisse donc un but au bout de trois minutes…

Le Flochmoan a décidé de changer le style habituel de l’équipe en appliquant un marquage individuel tout terrain.

Mais, il en faut plus pour décourager les Sedanais et le stade, tout bariolé de vert et rouge , explose littéralement quand, à la 39 ème minute, suite à une faute sifflée à la limite des seize mètres auxerrois, Moraly se charge du coup franc, glisse le ballon à Siegmann dont la frappe du gauche, d’une grande pureté, transperce le mur auxerrois et trompe Charbonnier !

Le temps additionnel puis les prolongations ne donnent rien et donc on en vient à la séance des tirs au but. Avantage Sedan grâce tout d’abord à Moraly et Pourchaux qui stoppe la tentative signée Courtet, Pourchaux s’oppose encore à Darras mais ne peut rien contre le tir de Cieleski. Pavlov puis Fouzari réussissent dans leur entreprise. Jacquier doit, au terme d’une série interminable, assurer le coup. « Le Frabrice-de-Nouvion" enlève tout espoir de retour au champion sortant en transformant son essai avec le concours du… poteau droit !

Parti la veille en vacances dans les Antilles, Guy Roux manque le… tour d’honneur sedanais !

« Dans la cité du vignoble, c’est l’AJA qui a… trinqué ! En état de grâce, Pourchaux a débouté les Auxerrois et, c’est en chantant que le kop vert et rouge, fidèle douzième homme, n’a pas non plus craqué ! Salut, champions ! » écrit Philippe Mellet dans « L’Union ».

A l’issue d’un match au dénouement épique qui les a vus devenir champions de France, les Sedanais ne se privent pour goûter pleinement leur bonheur. Dans le vestiaire, Fouzari avoue « nous sommes fatigués », Songné informe qu’il ne retourne pas en Martinique car il « pleure trop au moment du retour », « grande saison et grande joie » confirme « Titi » Lefebvre et, enfin, Pourchaux, un des héros de la soirée, reconnaît qu’il est « sur un nuage !»

« Sedan revient dans l’histoire et c’est vraiment extraordinaire de terminer la saison sur une telle performance » clame Francis Roumy et Michel Le Flochmoan reprend « c’est le couronnement d’une saison exceptionnelle » alors que le champagne de la victoire est versé dans le trophée offert au champion.

Les réservistes professionnels auxerrois sont renvoyés à leurs chères études, leurs bourreaux ajoutant une ligne de plus au palmarès du club ardennais. Ce qui rajeunit quelque peu Henri Nicolas qui avait aussi été sacré au terme de la saison 50-51.

L’ancien arrière de l’UAST a suivi le match à la radio et il est resté de tout cœur en communion avec cette nouvelle génération. « Bouclette » n’a pas été le seul…


Claude LAMBERT

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