08 mai 2005 > Chronique du passé

Il y a 38 ans...

Allez Sedan.com

Cette saison, en passe d’être à nouveau sacré champion de France, l’Olympique Lyonnais impressionne surtout à domicile où les hommes de Paul Le Guen n’ont laissé échapper que deux -petits- points.
Question : de tout temps, l’O.L. s’est-il toujours comporté de la sorte ? Si oui, l’équipe sedanaise est donc souvent revenue bredouille. Sûrement pas ! Un seul exemple : en décembre 66. Il y a 38 ans…

En ce début de saison 66-67, l’ UA Sedan-Torcy évolue sous une nouvelle appellation : le R.C. Paris-Sedan du fait de la fusion entre les Ardennais et les « bleus et blancs » de la capitale. « Le mariage du sanglier et du pingouin », a-t-on pu lire…

Dans ses bagages, le club parisien amène José Broissard, André Mérelle, René Sillou -alors militaire au Bataillon de Joinville- ainsi que Michel Watteau, Ahmed Oudjani et Guillaume Tikouré.

De plus, le R.C.P.-Sedan enrôle Philippe Levavasseur (Caen), Jean-Luc Fugaldi (Loos-les-Lille) mais il se sépare aussi de la paire Jacky Stamm-Jean-Pierre Poplin qui prend la direction de Quevilly. Quant à « Dédé » Perrin, il émigre à… Lyon !

Régulièrement, les Sedanais se mettent en exergue et c’est fort logiquement que plusieurs d’entre eux sont appelés en sélection nationale : Herbet, Di Salvio et Broissard chez les militaires, Watteau et… encore Herbet en « A » !

A Emile-Albeau, Sedan inflige à son hôte strasbourgeois une cinglante défaite (3-0) ce qui lui permet d’être bien calé en milieu de tableau alors que Nantes mène la danse devant Saint-Étienne et Lens.

Ce 3 décembre 1966, pour le compte de la 18 ème journée d’un championnat de division 1 qui reprend ses droits, les Ardennais se rendent à Lyon. Un déplacement qui a bien été préparé car Louis Dugauguez sait que sa formation sera attendue de pied ferme par des Rhodaniens étrillés à Bordeaux (1-4).

Pour ce match, « M’sieur Louis » ne peut compter sur Watteau, son nouvel international. Celui-ci souffre d’une déchirure à l’aine dont il a ressenti les premiers effets lors de Luxembourg-France. Il a dû stopper son entraînement en semaine et, à vrai dire, l’ex-Parisien paie maintenant la débauche d’efforts consentis depuis le début de la saison.

En page « Sports », le journal « L’Ardennais » titre « Lyon n’a pas encore perdu à domicile. Sedan réussira-t-il où tous ont échoué ? » Et Daniel Ferrières d’écrire « le stade de Gerland sera le pole d’attraction. Lyon a toujours été dans le passé un adversaire très coriace. Depuis le début de cette saison, les Lyonnais n’ont jamais perdu à la maison : c’est un sérieux atout moral. L’attaque sedanaise opèrera pour la première fois de la saison sans Michel Watteau et on sait quelle part a pris le blond Nordiste aux résultats obtenus par les Ardennais. Il a « porté » le R.C.P.-Sedan alors que tout n’allait pas pour le mieux. Du fait de cette absence, c’est Jean-Pierre Di Salvio qui effectuera sa rentrée. Qui se montrera le plus intraitable de Polak, « l’ancien » qui commande la défense lyonnaise ou de Lemerre, clef de voûte de celle de Sedan ? Les Ardennais n’envisagent qu’une issue à leur profit, c'est-à-dire une victoire indiscutable : doit-on les blâmer d’avoir cette ambition ? »

Côté lyonnais, Louis Hon fait grise mine car Lhomme, Schwinn, Pin et Nouzaret ont dû déclarer forfait.

Le match a lieu le dimanche après-midi. Ce jour-là, les amateurs sedanais de Gaétan Chrétien sont tenus en échec à la maison par Aulnoye (1-1) et ils se nomment Rose, Medot, Brény, Chiaruzzi, Lanzoni, Broissard, Bourgeois, Lahierre, Broggini, Tonnel et A. Roy. Invaincus à la fin des matches aller, ils sont leaders du groupe Nord CFA.

Pour ce match, Louis Dugauguez a fait confiance à Tordo, Barré, Sillou, Lemerre, Rastoll, Gasparini, Cardoni, Herbet, Levavasseur, Di Salvio, Y. Roy et Louis Hon aligne Chauveau, Desgeorges, Rocco, Glyzinski, Mignot, Maison, Le Borgne, Rambert, Palka, Di Nallo et Perrin.

En une, « L’Ardennais » titre « 3-0 : le R.C.P.-Sedan a fait bonne mesure à Lyon. Trois buts marqués par Levavasseur, Cardoni et Roy »

Pour « L’Union », c’est « Exploit : R.C.Paris-Sedan premier vainqueur de Lyon sur son terrain. La vivacité et le jeu collectif des Sedanais ont médusé Lyon ».

Quant à « France Football », il titre « Roy déchaîné ».

Lorsque M. Vigliani donne le coup d’envoi, on ne dénombre que 5.104 spectateurs.

« La note n’est pas lourde : Lyon a frôlé la catastrophe » note Daniel Ferrières, l’envoyé spécial de « L’Ardennais » qui décrit ainsi les trois buts : « Roy, après une longue transversale, trouve Levavasseur, lequel n’hésite pas à tirer dans un angle difficile. Chauveau surpris, est pris à contre-pied (38e). Ensuite, Roy, toujours lui, centre après s’être rabattu et Cardoni marque en poussant la balle au pied du poteau, malgré une ultime tentative du gardien Chauveau (45e). Enfin, Levavasseur dribble à droite Mignot, transmet à Cardoni, lequel alerte Roy sur la gauche. Après la ruade de Glycinski, l’ailier gauche sedanais expédie la balle au fond des filets (86e) ».

Et de poursuivre « malgré la nuit qui était tombée sur le stade dès la mi-temps obligeant à jouer à la lumière des projecteurs, le soleil brillait pour les Sedanais : celui… d’Austerlitz ! Lyon échappa de peu au désastre… Certes, Polak avait été écarté volontairement alors que Dugauguez avait placé Sillou en balayeur et Lemerre comme demi offensif, avec ses prises de balle et sa grande détermination. Il est vraisemblable que le temps du repos fut consacré par l’entraîneur local à copieusement « gourmander » son équipe. A 3-0, Lyon était alors à la merci d’une équipe sedanaise consciente de ses possibilités et qui manoeuvrait comme à l’entraînement ! »

« L’Ardennais » rapportait le dialogue suivant entre André Perrin « si vous jouez toujours comme ça à l’extérieur, le titre est à vous ! » et « M’sieur Louis » de répondre « certes, si nous gagnons par 3 à 0 à chacun de nos matches en déplacement, nous ne serons en effet pas loin du champion ! »

Quant à Thadée Polak qui pense se fixer à Lyon où il dirigera une auto-école, il remarquait que « Sedan a retrouvé la forme juste pour le moment d’entrer en coupe. Louis Dugauguez n’a pas changé ses méthodes ! » Et ce dernier d’avouer « ce dont je suis le plus satisfait, c’est le score, et bien entendu le rendement du carré Lemerre-Cardoni-Herbet-Roy en attaque ».

Dans « L’Union », on peut lire sous le titre « Le rythme de Sedan a débordé les Lyonnais » ceci « les vaillants sedanais, maîtres du ballon au centre du terrain, menèrent le jeu à leur guise grâce à un football collectif, une vivacité dans les mouvements, une condition physique que les Lyonnais n’avaient pas. Le score, avec un peu moins de précipitation, aurait pu être plus conséquent. L’ultime but ardennais sonnait définitivement le glas pour les hommes de Hon ».

Pour sa part, P. Beaume, dans « France Football », estime que « l’équipe visiteuse a manifesté une nette supériorité dans tous les domaines et se soucia d’abord de s’assurer le monopole du ballon. Elle y parvint aisément grâce à sa vitesse d’exécution. Le rythme rapide imposé par les Sedanais fit peu à peu des ravages dans une défense lyonnaise timorée… La deuxième mi-temps resta à l’avantage des Ardennais… décontractés ! Ce facile succès confirme l’excellente forme actuelle de l’équipe de Dugauguez ».

Jean Cornu, dans « L’Equipe », sous le titre « Sedan à l’honneur », écrit « Sedan s’est admirablement repris depuis deux mois. Après être allé passer 5-2 au S.C.O. à Angers même, il a inscrit trois buts à l’O.L. sur son terrain de Gerland ». Dans le même journal, du compte-rendu de Philippe Vourron intitulé « Sedan a bousculé Lyon », on retiendra « alors que les avants lyonnais piétinaient devant les buts de Tordo, les Sedanais jouèrent un peu comme à la parade… Avant même d’ouvrir le score, les visiteurs avaient pris la mesure de leurs adversaires en lançant notamment des contre-attaques percutantes ! Sitôt le dernier but inscrit, une bonne partie des spectateurs quittait le stade, ils en avaient assez vu… »

Pendant ce temps-là, au Vélodrome, Nantes s’inclinait devant l’Olympique de Marseille grâce, selon « Le Méridional » à un joueur « rapide, adroit, bon tripoteur de balle qui sema à maintes reprises le désarroi dans la défense nantaise ». Et « une longue clameur salua l’exploit » de ce néo-marseillais qui, « avec sang froid avait tiré victorieusement du gauche » et qui n’était autre que… Max Fulgenzy !


Claude LAMBERT

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