Les finales 1965 : acte 1

Après leur présence au stade de Colombes en mai 56 et 61, les Sedanais espèrent ramener dans les Ardennes, une troisième fois, un trophée tant convoité...
Ce sont les Rennais qui, cette fois-ci au Parc des Princes, seront les adversaires de la bande à Louis Dugauguez.
Retrouvez la première partie de ce 3 ème acte des finales sedanaises avec Claude Lambert.



Retrouvez la seconde partie de cette finale à deux actes

1965. FINALES SEDAN-RENNES AU PARC DES PRINCES…


LE PARCOURS


32 èmes : à Longwy, Sedan-Audun le Tiche : 1-0 (Lemerre)
16 èmes : à Abbeville, Sedan-Amiens : 2-1 (app, Rastoll, Dequeant c.s.c.)
8 èmes : à Reims, Sedan-Sochaux : 2-1 (Perrin, Cardoni)
Quarts de finale : à Clermont-Ferrand, Sedan-Toulon : 3-1 (Perrin, Herbet, Marie sur penalty) et Rennes-Nice : 5-2
Demi-finale : à Reims, Sedan-Stade Français : 4-3 (Di Salvio, Cardoni, Perrin, Salaber) et Rennes-Saint-Etienne : 3-0


LA FINALE


Dimanche 23 mai 1965. Parc des Princes. Sedan et Rennes : 2-2 (2-1). Beau temps, quelques gouttes de pluie en 2 ème mi-temps, terrain sec, ballon rebondissant, coups de vent. Spectateurs : 36.789. Recette : 289.728 frs. Arbitrage de M. Kitabdjian. Buts: Marie (11e), Perrin (15e) et Ascensio (44e), Rodighiero (61e).

SEDAN : Tordo, Fulgenzy (capitaine), Lemerre, Rastoll, Gasparini, Cardoni, Salaber, Herbet, Perrin, Marie, Roy. Entraîneur : Louis Dugauguez.

RENNES : Lamia, Lavaud, Boutet (capitaine), Cedolin, Cardiet, Ascensio, Loncle, Prigent, Rodighiero,
Dubaële, Pellegrini. Entraîneur : Jean Prouff.


LES BUTS

11 ème minute. Nouvelle offensive de la gauche, Cardoni ouvre pour Marie qui, en pleine course, réussit un tir remarquable de force et de précision qui se loge dans la lucarne droite de Lamia.

15 ème minute. Sur son aile, Roy réussit à rester maître du ballon devant Lavaud pour adresser un centre en force à ras de terre que Perrin, d’un coup de patte, loge au fond des filets bretons, devant Cedolin et Lamia, médusés.

44 ème minute. Action apparemment anodine, Ascensio bénéficie d’un contre favorable devant Lemerre pour se retrouver seul devant Tordo, que l’inter rennais n’a aucun mal à lober, malgré un retour désespéré de Rastoll, qui ne peut qu’accompagner le ballon dans ses propres filets.

61 ème minute. Servi par Cardiet, Loncle s’échappe sur l’aile gauche pour adresser un centre très aérien qui lobe toute la défense sedanaise pour finir sa trajectoire sur la tête de Rodighiero, qui ne manque pas une telle occasion.


AVANT L’APOTHEOSE

En lever de rideau : à 13 heures, finale de la Coupe Nationale des Cadets , Ligue de Franche-Comté bat Ligue d’Alsace : 2-0 . Et, à 14 h 40, présentation des lauréats du 34 ème concours du Jeune Footballeur et du 19 ème concours du Plus jeune footballeur.

Les couleurs : Sedan joue en maillot blanc à chevron vert et rouge, culotte blanche et Rennes en maillot rouge à parements noirs, culotte noire.

La finale est présidée par M . Georges Pompidou, Premier ministre.

Le programme musical est exécuté par la Musique du 8 ème Régiment Instruction Transmission.

Blessé -déchirure musculaire- en championnat à Lille, Jean-Pierre Di Salvio, 18 ans, pleure quand il doit déclarer forfait pour la finale.

Sur la pelouse du Parc des Princes, c’est un… cochon de lait habillé de rouge et noir appelé « Rodrigue » qui se retrouvera face à « Dora », une laie de 115 kilos, mais aussi onze marcassins qui feront le tour d’honneur en portant des pompons aux couleurs du club ardennais soit vert et rouge.

Les caméras de l’O.R.T.F. mais aussi Télé-Luxembourg et Europe n° 1 viennent dans les Ardennes belges, à Frahan très exactement, pour y rencontrer les Sedanais. Quant aux Bretons, ils sont à Dinard.

Avant la finale, Jean-Paul Beugnot, basketteur à l’Etoile de Charleville, déclare « Sedan a le style coupe et je suis persuadé que l’équipe ardennaise méritante et nantie d’un solide esprit de corps gagnera… » Et, « Kiki » Perrin, devenu l’entraîneur de l’A.C. Mouzon, déclare « mon cœur désire que Sedan remporte le trophée puisque mon frère André sera dans l’équipe ».

Curiosité concernant Max Fulgenzy: en 56, il était arrière gauche, en 61 inter gauche et cette fois-ci arrière droit et… capitaine !

Toute la délégation ardennaise sera conviée, le dimanche 23 mai, au « Lido » où l’attendent consommé madrilène, poularde, bouquet de primeurs et rocher de glaces panachées !

Tous les maires des villes et villages des Ardennes ont été conviés à la finale ainsi que M. Leclercs, le Président de « L’Ardenne à Paris ».

On évoque un… marché noir des billets surtout dans l’Ouest de la France !

Bien des Sedanais ont un métier. C’est ainsi que Tordo et Gasparini (ajusteurs), Fulgenzy et Salaber (magasiniers), Cardoni (comptable), Perrin (électronicien), Roy (employé) et Rastoll, Lemerre, Herbet, Marie sont encore… étudiants !

Comme en 1961, l’arbitre de la finale est… Marseillais !



Les titres de la presse


« L’Ardennais » :
« Demain, grand rendez-vous. Rennes favori, mais toutes les Ardennes croient aux chances de Sedan. Sedan : le rêve devient réalité et l’exploit est en vue »

« L’Union » :
« Le club des supporters « Allez Sedan » -dont le Président est M. Olivier- aura charge de plus de deux mille cinq cents âmes pour la finale de coupe contre Rennes. Rennes : maturité, efficacité et Sedan : jeunesse, enthousiasme. Les Ardennais de taille à renverser la cote favorable aux Bretons »

« Ouest-France » :
« Sedan a gagné « ses deux finales » mais Rennes pour son troisième essai devrait enfin remporter la Coupe de France… Sedan compte (beaucoup) sur sa spontanéité »

« L’Equipe » :
« Sedan en finale : déjà un couronnement. Tout Sedan a retrouvé l’esprit qui soufflait en 1956. Sedan se dresse devant Rennes, favori. Les Sedanais feront tout pour donner à leur belle histoire une fin triomphale. Une victoire des hommes de Dugauguez pourrait rendre l’espoir à une partie de l’élite du football français. Rennes-Sedan : promesse de générosité ! »

« France Football » :
« Rennes-Sedan : 36 buts pour une finale ! »

« France-Soir » :
« Sedan-Rennes : une finale idéale… Favoris logiques : les Bretons, grâce à leur meilleure attaque. Sedan : les… risque-tout ! »


… ET APRES LE MATCH


Les titres de la presse


« L’Ardennais » :
« Deux buts de Marie et Perrin… mais Rennes refit son retard. La Coupe aurait dû revenir à Sedan qui se créa le plus d’occasions »

« L’Union » :
« Sedan devait gagner ! 38.000 spectateurs, au Parc des Princes, ont vécu une finale à émotions. Sedan et Rennes (2-2 après deux heures de jeu) se retrouveront jeudi pour la conquête de la Coupe . L’U.A. Sedan se constitue d’entrée une solide avance (2 buts), Rennes réussit à la réduire… et les deux finalistes en restent là. Devant une « rugueuse » équipe bretonne, Sedan a manqué de réussite »

« L’Equipe » :
« 2.2. : après 120 minutes d’un match d’une rare intensité, une finale digne d’être rejouée. Sedan eut un premier quart d’heure sensationnel (2 buts). Rennes n’égalisa qu’à la 61 ème minute, puis trembla jusqu’au bout. Sedan a su attaquer, puis réagir alors que Rennes a montré ses possibilités, mais aussi ses limites »

« France Soir » :
« Sedan méritait la victoire et Rennes a évité le pire »

« France Football » :
« Ah oui ! nous retournerons jeudi au Parc… Tordo, Gasparini, Cardoni, Herbet, Roy : toute la jeunesse prometteuse du football français »

« Ouest France» :
«Finale de Coupe sans vainqueur… Après avoir lutté jusqu’à l’épuisement, Rennais et Sedanais n’ont pu se départager »

« Le Journal du Dimanche » :
« M. Pompidou n’a pu attribuer au Parc des Princes la Coupe de France. Sedan et Rennes : 2-2 après prolongations. Il faudra rejouer jeudi prochain ! »

« Le Républicain Lorrain » :
« Nouveau rendez-vous pour Rennes et Sedan jeudi à Paris, les Bretons réussissant l’exploit de remonter un handicap de deux buts. Après avoir failli mettre Rennes K.O. en première mi-temps (2 buts en 4 minutes), Sedan, rejoint à la marque, a fait figure de vainqueur moral (penalty refusé) »

« Le Miroir du Football » :
« Pour les étonnants sedanais, la finale des occasions manquées »

« Miroir Sprint » :
« Rennes peut saisir la chance que Sedan a laissé échapper. La victoire comme le sanglier était en cage ! »

« Le Miroir des Sports » :
« La vitesse, arme absolue » du sport… Il y avait bien penalty sur Herbet ! »


LES POTINS

Rastoll et Prigent se connaissent bien ! Natif de Morlaix, le Sedanais a affronté le Rennais bien avant d’être dans les Ardennes, que ce soit en junior ou en amateur avec Saint-Quay-Portrieux et l’A.S. Brest.

Alex Rozak et Claude Breny ont été invités au Parc des Princes par les dirigeants ardennais.

Maurice Laurant a demandé aux… journalistes s’ils préférent que la finale soit rejouée le mercredi soir ou le jeudi après-midi. Une délicate attention s’il en est !

Les marcassins sedanais n’ont pas eu l’autorisation de pénétrer sur la pelouse du Parc. C’est M. Papon, Préfet de police, qui l’a interdit…

Pendant toute la finale, Pierre Tordo s’époumonne avec des « allez-y les blancs ! » Et il se frotte sans cesse les mains dans l’herbe… car, à ses dires, la chlorophylle rend ces dernières rêches !

Chauffeur particulier aux « Draperies Sedanaises », M. Jean Dacremont s’est occupé tout particulièrement de « Dora » avec MM. Florent Toussaint et Christian Jeunehomme.

Avant le match, les Sedanais ont reçu un télégramment d’un supporter habitant aux… Iles Kerguelen !

M. Auguste Maillard, le tenancier de « L’Hôtel de l’Europe » était triste car il a dû rester aux fourneaux à cause d’une… communion !

Les fiancées et épouses des joueurs sedanais se sont rendues dans la capitale en train, toutes dans le même compartiment.

Charmante prolongation : la « grande famille » sedanaise s’est retrouvée au « Lido »… en levant -à défaut de Coupe !- la jambe avec les Bluebell Girls !

Bon nombre de supporters se demande si le club ardennais n’a pas l’intention de… récuser M. Kitabdjan pour le second match. Quoi qu’il en soit, les réglements s’y opposent…


DANS LES VESTIAIRES


Sedan


Louis Dugauguez (entraîneur) :
« nous ne sommes pas déçus puisque Rennes était le grand favori. Mais, nous pouvons avoir des regrets… L’ascendant de Sedan aurait mérité qu’il connut la victoire. Nous avons tremblé pendant certaines périodes mais nous aurions quand même dû l’emporter car nous avons exercé, à certains moments, un réel ascendant sur nos adversaires. Mes joueurs ont fait le match que j’attendais d’eux, ils ont joué avec panache, jamais ils n’ont baissé les bras. Non, vraiment, je n’ai rien à leur reprocher, ils m’ont apporté beaucoup de satisfactions »

Emilio Salaber :
« Prouff qui avait dit qu’il nous écraserait aura peut-être compris... Ce n’était peut-être pas Prouff mais... plouf ! »

Maurice Laurant (directeur sportif) :
« de deux choses l’une, ou il n’y a pas de faute et l’arbitre doit laisser le jeu se poursuivre, ou la faute ne fait aucun doute -ce qui est le cas- et c’est le penalty qui s’impose, puisqu’elle a été commise à l’intérieur de la surface… ce que tout le monde a vu »

Charles Gasparini :
« quel dommage qu’on ai gâché une partie sensationnelle par des erreurs qui nous ont coûtés trop cher. Nous ne méritions pas ça »

Jacques Marie :
« ah ! ce premier but... Cette balle, je l’ai vue au fond des filets dès qu’elle est arrivée sur mon pied »

Yvan Roy :
« j’ai fait le maximum de mon côté et pour percer il ne fallait pas hésiter »

Henry Gochard (maire) :
« je croyais bien qu’à deux-zéro nous aurions emporté cette Coupe dans la cité de Turenne, mais la confiance reste entière… »

Max Fulgenzy (capitaine) :
« cette finale, ça va faire notre quatrième -avec Salaber- jeudi. Nous détiendrons presque un record. Mais, sur le vu de la rencontre, c’est un peu immérité, car nous avons eu plus d’occasions de but que les Rennais »


Rennes


Jean Prouff (entraîneur):
« les joueurs pensaient à cette finale depuis six mois et ils avaient incontestablement le trac. Ils n’ont jamais réussi à contrôler le match. Mais le fait qu’ils aient pu remonter deux buts prouve néanmoins qu’ils ont de la ressource »

Louis Girard (Président) :
« nos joueurs étaient trop contractés et ils ont eu le mérite de remonter deux buts »

René Cédolin :
« le résultat était normal et Rennes aurait très bien pu perdre car les attaquants de Sedan avaient tous été très vifs et bien difficile à neutraliser »

Jean-Claude Lavaud :
« nous avons eu de la chance mais finalement nous pouvions très bien gagner »

Giovanni Pellegrini :
« nous ne pourrons pas plus mal jouer lors de la deuxième édition, alors j’ai confiance. De toute façon, je ferai certainement mieux la prochaine fois »

Claude Dubaële :
« j’ai eu beaucoup de travail, mais en finale il faut s’y attendre »

Louis Cardiet:
« j’avais un drôle de client comme ailier, un type terriblement remuant… »

Yves Boutet (capitaine) :
« nous avons sauvé notre Coupe, nous revenons de loin ! »

Retrouvez la seconde partie de cette finale à deux actes

Claude LAMBERT



Note:


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