19 juillet 2005 > Chronique du passé

Il y a 43 ans… double confrontation Reims-Sedan

Allez Sedan.com

Dans une saison de football, il y a parfois de sacrées coïncidences. Et bien souvent elles s’avèrent involontaires ! Mais, quand cela arrive, qui est donc « responsable » ? Ce peut-être la personne chargée d’établir le calendrier ! Certes, ce n’est pas bien grave mais franchement, alors qu’à l’époque un match était disputé en lever de rideau, celui-ci et le suivant concernaient deux même… clubs ! Incroyable mais vrai… Cela s’est passé en octobre 62. Il y a 43 ans…

Outre l’Olympique de Charleville, l’autre club qui a valu aux Sedanais de disputer de sacrés derbies, c’est… le Stade de Reims, bien évidemment. Ah, ces voisins et la fameuse suprématie régionale…

Ainsi donc, le dimanche 21 octobre 1962, le stade Auguste-Delaune de Reims a pour hôte l’Union Athlétique Sedan-Torcy. Pas une seule et unique fois mais deux !

acte 1 : les amateurs


En effet, les équipes réserves sedanaises et rémoises disputent le championnat de France Amateur, groupe Nord, en compagnie de Quevilly, Dunkerque, Rouen, Aulnoye, Dieppe, Audun, Calais, Beauvais, Auchel, l’US Normande et l’Olympique de Charleville.

Le stade Delaune est déjà bien garni lorsque les deux équipes amateurs entrent sur le terrain. A Reims, Simon Zimny a convoqué Barreau, Davanne, Courtois, Hurteau, Robin, Kolventer, Heusghem, Remy, Bojko, Soltys et Bruant alors que Gaétan Chrétien a emmené Vincent, Barbin, Poplin, Frezzak, Duranton, Nicolas, Herbet, Ch. Perrin, Lemerre, Stamm et Roy.

Les visiteurs ont l’initiative du jeu durant toute la première mi-temps et ce grâce à leur plus grande vivacité d’action et leur meilleure organisation. Ils vont ouvrir le score sur une belle attaque collective, « Kiki » Perrin battant Barreau (34e) et, au retour des vestiaires, les protégés de Chrétien croient plus que jamais en leurs chances.

Dès la reprise, Sedan a encore l’initiative du jeu puis Reims, sentant le danger, accélère et joue d’ailleurs beaucoup mieux.

Sous l’impulsion de Robin, passé en attaque, les joueurs de Zimny envahissent le camp ardennais mais la défense commandée par Vincent veille au grain…

A quelques minutes de la fin, Barbin, touché au nez, doit aller se faire soigner sur la touche. Ses coéquipiers pensent avoir réalisé le plus difficile mais l’égalisation rémoise va intervenir : Reims obtient un coup franc indirect et le mur sedanais revoie le tir de Robin. L’arrière central rémois Courtois remise vers le point de penalty et Remy, des 15 mètres, trompe Vincent.

Il ne reste plus que quatre minutes à disputer… Alors, ce 1-1, serait-ce le score final ? Pas sûr car tout aussitôt l’égalisation, le portier ardennais repousse d’extrême justesse sur sa ligne et du pied un tir de Heusghen et une reprise de Soltys passe nettement à côté…

Les amateurs sedanais ont donc failli perdre en deux minutes tout le bénéfice du bon match qu’ils ont fourni et surtout de leur excellente première mi-temps.

A Sedan, toute la défense mais aussi Stamm, Herbet et Roy, par instants, ont émergé tandis que Reims valut surtout par Robin, l’actif Remy et Courtois.

acte 2 : les pros


Ensuite, place aux pros ! Disputé sur un excellent terrain et par beau temps, ce derby a attiré 13.186 supporters des deux camps. « Allez Sedan » a organisé un déplacement en bus et donc les Ardennais ne manquent pas d’encouragements, eux qui l’ont emporté en Champagne la saison précédente (3-1).

A Sedan, Louis Dugauguez a fait confiance à Tordo, Barre, Maryan, Jacob, Michelin, Gasparini, Salaber, Roubaud, Fulgenzy, Chiarelli, Breny et Albert Batteux aligne Colonna, Wendling, Kaelbel, Rodzik, Siatka, Moreau, Sparza, Akesbi, Kopa, Vincent, Sauvage.

Les titres de la presse suffisent pour résumer le match : « Sedan égalise, deux fois puis Michelin signe la victoire. Sedan bat Reims : plus qu’une victoire, la promesse d’autres beaux jours… » (« L’Ardennais ») ; « Au moment où Reims accusait la fatigue, Sedan accéléra pour vaincre. Après une heure de jeu, le régime de Reims baisse…et Sedan s’assure la victoire « (« L’Union ») ;. « Un derby du Nord-Est houleux et dominé par l’énervement : Reims démarre en trombe, s’essouffle, s’effondre devant les ardents Sedanais. Deux buts d’Akesbi, mais Michelin arrache le succès ardennais à la 80ème minute »(« L’Equipe »).

Oui, cinq buts ! Ce sont les locaux qui prennent l’avantage : l’ouverture de Kopa sur Akesbi est parfaite et il reste au Marocain à battre Tordo de près ce qu’il fait sans la moindre difficulté (13e) ; Gasparini obtient un coup franc et Jacob, des 25m, le tire puissamment, la balle pénètre dans le but sur la gauche de Colonna qui se détend en vain (36e) ; débordement de Sparza et son centre en retrait est manqué par Akesbi mais Sauvage expédie un bolide que la barre renvoie. C’est une mêlée confuse aux 6 mètres où Akesbi talonne la balle battant Tordo (45e) ; sur une descente anodine de Gasparini, Salaber servi sur la droite par Roubaud déborde son vis-à-vis, se rabat et tire dans un angle impossible et le poteau renvoie la balle derrière la ligne(69e) ; Michelin part balle au pied presque de la ligne médiane et il n’est pas attaqué. Il résiste au tacle de Wendling et bat Colonna sur un tir en coin sensationnel (80e).

Sous les yeux de "Justo" Fontaine, les Rémois se sont donc inclinés et, dans »L’Equipe », pour Jean-Philippe Rethacker, "ce sont les nerfs autant que les muscles des Champenois qui ont craqué en fin de rencontre ». Quant à l’arbitrage de M.Herbert, il est qualifié de « critiqué »et de « trop nerveux ». Pour l’envoyé spécial du quotidien sportif, les décisions de l’arbitre furent « abracadabrantes » et il met l’accent sur les « rodomontades » de l’homme en noir !

Il conclue son article en portant un jugement sur plusieurs sedanais : « on apprécia surtout l’efficacité défensive souveraine de l’intraitable Maryan en grande forme, le travail de fourmi et la précision dans le renvoi de balle de Michelin (un peu trop méchant cependant), le labeur de Roubaud « longues jambes », le dynamisme de Gasparini et la finesse de touche de balle de Chiarelli en regain ».

Dans « L’Ardennais », pour Claude Leheutre, « le rondouillard M. Herbert siffla tant et plus, la pécatille comme l’agression, le croc-en-jambe comme le hors-jeu. On n’entendait plus que lui. Son instrument, malgré sa note unique, aurait pu couvrir le carillon de la cathédrale ! Après le repos, il siffla encore. Entraîné, le public siffla avec lui. On a bien ri… »

Dans le même journal, Daniel Ferrières écrit que « le but d’égalisation par Jacob fut le tournant du match car il mit en confiance l’équipe sedanaise. Le coup franc de Jacob fut un modèle du genre et le but de Michelin peut être classé dans la catégorie des « petits exploits » quand on connaît la classe du gardien rémois ».

Dans « L’Union », Louis Tanguy note que « privé de Rozak, Salem et Lebert, Sedan s’est montré tout naturellement prudent. Un but égalisateur ayant été refusé à Akesbi pour hors-jeu, le public rémois montra son courroux et cela amena une énorme rumeur populaire, avec une conséquence, la sortie discrète de l’arbitre, attendu par la foule, dans le… « panier à salade » !M. Herbert avait été tatillon… »

Dans le vestiaire sedanais, Louis Dugauguez déclare « nous avons mérité cette victoire car nous avons mené les attaques les plus nombreuses » ; Maurice Laurant avoue « nous avons de bonnes réserves. Nous sommes partis prudemment pour appuyer nos actions au moment opportun » ; Salaber évoque son but en ces termes « j’ai tiré dans un angle impossible mais la balle est rentrée quand même. Je suis bien content… »

Dans le camp d’en face, Albert Batteux analyse la rencontre de la sorte « nous avons forgé notre défaite. L’équipe a cru sa victoire assurée, car elle avait un but d’avance, elle s’est illusionnée, elle a commis un excès de confiance. Elle s’est battue elle-même ».

Après douze journées de championnat, Maryan était, avec 52 étoiles, en tête du classement des « Etoiles France Football » à égalité avec le Bordelais Gori alors que Michelin n’est pas bien loin. "La menace de Maryan se précise » titre » l’hebdomadaire « France Football ».

Et le gentil Synakowski de confirmer tout aussitôt sous le maillot tricolore, à Stuttgart, devant les Allemands…





Claude LAMBERT


Note:


Claude Lambert recherche tout document photos, journaux, billets de match, affiches, programmes, etc concernant l’Histoire du club de foot de Sedan depuis sa création.

Ses coordonnées :
Claude LAMBERT
5, rue de Montigny-aux-Bois
08 000 CHARLEVILLE-MEZIERES
Tel : 03 24 57 38 13
06 87 17 30 81
Internet:
claude-lambert08@orange.fr