Il y a 8 ans... le leader cristolien à Emile-Albeau

Et si on inversait les rôles ? Récemment, le CS Sedan-Ardennes qui occupait le fauteuil de leader a reçu, au stade Louis-Dugauguez, Créteil-Lusitanos qui était alors son dauphin. Logiquement favoris, les Ardennais devaient s’imposer. Mais, voici quelques saisons, le club francilien alors en pole position s’est présenté à Emile-Albeau et c’étaient les Ardennais qui étaient dans son rétroviseur. Il y a huit ans de cela ...

La saison 97-98 prend son élan côté sedanais avec plusieurs changements puisque Bruno Metsu a vu partir Collomb, Di Bernardo, Parisi, Kimoni, Muckengé et Blondeau alors que de nouveaux visages apparaissent : Bertonech (Saint-Emilien), D’Alonzo (Lucé), Guichard (Cherbourg), Di Rocco (Troyes) et Mionnet (Lens).

Le CSSA sauve sa place en « National », la commission d’appel de la DNCG infirmant la sanction prise en première instance.

On prépare la saison lors de matches amicaux et, curiosité indéniable, il revient à Jean-Marc Rodolphe d’arbitrer ses anciens partenaires.

Le centre de formation est fermé et du coup Jacky Le Bihan opte pour Rethel. Gérard Bellot est officiellement nommé « superviseur recruteur » et Marc Kopnaieff a en charge l’équipe réserve.

Avant les trois coups, les entraîneurs de « National » votent pour la montée en division 2, Créteil est souvent cité favori, Sedan et… Charleville étant loin derrière.

Sedan prend un excellent départ puisque Lusitanos Saint-Maur et Angers étant battus sur le même score : 2-0. Alors, serait-ce la « bonne » saison pour les « verts et rouges » ?

Septembre se termine au mieux pour Sedan qui enrôle Laurent Croce, transfuge de… Créteil. Et la venue de Créteil à Emile-Albeau fait dire à Bruno Metsu qu’il s’agit là d’un « match de prestige ». Alors, tournant de la saison ? « Absolument pas » affirme le coach ardennais qui poursuit « plutôt la conquête du fauteuil de leader et sans influence sur la suite des évènements ».

Les Sedanais ont la troisième attaque du championnat alors que leurs hôtes possèdent la meilleure défense. « Sedan, c’est le panache ! » lâche Metsu qui a déjà une petite idée sur le leader cristolien « car je peux compter sur les tuyaux du Beauvaisien Patrick Remy qui est un très bon entraîneur de surcroît » affirme-t-il dans les colonnes de « L’Ardennais ».

A Sedan, on se méfiera notamment de David Giguel qui aurait dû signer à Sedan mais « après un accord formel, il nous a fait un râteau » précise Metsu qui ne tarit pas d’éloges sur ce joueur.

Il devrait y avoir foule au stade Emile-Albeau. Bruno Metsu est formel : « le public d’Albeau, c’est notre joker. Il fait partie intégrante du décor et grâce à lui Sedan peut renverser des montagnes… »

Samedi 4 octobre 1997. En « une », le journal local titre « Duel au sommet à Emile-Albeau » et en page « Sports » ceci : « Le combat des chefs… Dans le duel au sommet qui opposera Sedan au leader, il sera question de suprématie immédiate mais aussi de pari sur l’avenir ».

Le club d’Alain Afflelou possède dans ses rangs « Manu » Hutteau « heureux de revoir Sedan » et qui se souvient « des 50 bus affrétés par le club ardennais pour aller disputer un match de Coupe de France à Auxerre, de la foule lors de la venue de l’O.M. ainsi que des derbies contre Charleville ».

Créteil est la seule formation toujours invaincue et elle vient de reprendre le commandement du « National ». Ses atouts ? C’est simple : « collectif, solidité défensive, grande capacité d’adaptation et excellent quadrillage du terrain ». La totale, quoi !

Et, en face, une équipe « accorte, tactiquement au point, homogène dans sa solidité ». Prononcée par Sachy cette affirmation « on n’a peur d’aucune équipe. Surtout à Albeau… A nous de montrer sur le terrain que nous sommes les vrais leaders du National ».

Pour ce choc tant attendu, les retours de Oliveira, Di Rocco et Jouault sont différés. Depuis mi-août et la défaite concédée devant Epinal, Sedan n’a pas connu le moindre revers et, dans les rangs ardennais, on n’imagine pas un autre scénario qu’une suite tout aussi favorable…

L’édition dominicale de « L’Ardennais » propose en « une » ce titre « Sedan de nouveau leader » et ce commentaire « Changement de leader en National où Sedan, en terrassant Créteil à l’ultime seconde (2-1) grâce à Quint, a repris la pole position au grand plaisir de plus de cinq mille spectateurs ravis de la tournure prise par la soirée ».

Au cœur du journal, le compte-rendu du match est ainsi titré « Le patron c’est Sedan ! Retour aux premières loges pour le CSSA qui a détrôné Créteil grâce à un penalty à l’ultime seconde. Bravo ! »

A l’appel de M. Kalt, Sedan se présente avec Sachy, Brandes, Cissé, Satorra, Elzeard (puis Bupto), Pabois, Deblock, Quint, Taine (puis D’Alonzo), Mionnet, N’Diefi et Créteil aligne Barrabé, Fontaine, Castets (puis Calabuig), Richard, S.Traoré, Hutteau, Blondeau, Lollia, Vasseur, Alexandre (puis Molinier), M.Traoré.

On peut lire ceci « Pour endiguer les flots sedanais, Créteil le plus souvent sur la défensive, tentait bien de tuer le rythme en monopolisant le ballon et en lançant des contres. Stratégie payante car à la suite d’un tir de M.Traoré dévié par Satorra, Alexandre, l’ancien Rémois formé au Stade, marque dans un silence de cathédrale (26e). Rude coup pour Sedan… » Quelques lignes plus loin « Et N’Diefi en répandant encore le feu dans la surface parisienne donnait la balle d’égalisation à D’Alonzo qui retrouvait ses sensations de goleador en réalisant un magnifique ciseau victorieux (74e) ».

Le meilleur est pour la fin : « Quint pour sa part échouait de peu suite à une tentative croisée. Sedan insistait et sur un tir de Deblock repoussé par Barrabé, Mionnet était fauché. M. Kalt sifflait penalty et Quint, sans trembler, marquait à l’ultime seconde (92e). C’était du délire dans les travées où 5.585 supporters s’étaient amassés… »

« L’Equipe » titrait pour sa part « Sedan à l’arraché » et écrivait « Les hommes de Bruno Metsu ont réussi l’exploit de faire trembler deux fois les filets de Barrabé. A la mi-temps, les spectateurs d’Albeau voient mal par quel moyen Sedan peut déstabiliser la défense adverse. Il faut attendre la dernière seconde du match pour voir M. Kalt siffler un penalty, très contesté par les Cristoliens, pour une faute de Richard sur Mionnet. En trompant en force Barrabé, Quint fait alors chavirer le Stade d’Albeau… »

Aux vestiaires, Bruno Metsu déclare « nous avons vu un grand match. Nous avons couru longtemps avec le score. Tout en restant modeste, je pense que notre succès n’est pas immérité ». De Pierre Garcia, son homologue vaincu « nous avons été volés ! Il n’y a jamais penalty car le tacle de mon défenseur est des plus réguliers. Je n’en veux pas du tout à Sedan… » et Emmanuel Hutteau abonde dans le même sens « il n’y avait pas penalty ! Malgré la valeur de Sedan, nous ne méritions pas de perdre. Nous perdons trois points à cause d’une grosse faute d’arbitrage. A la mi-temps, nous étions sûrs de notre coup… »

Quant à Olivier Quint, il reconnaît « à l’ultime seconde et avec tout le public derrière moi, la pression était au comble. Il fallait « en avoir » pour tirer dans un tel contexte. J’ai choisi de frapper en force et ça a réussi » et Bruno Pabois ajoute « c’est fabuleux de l’emporter après un tel scénario. Mais à l’arrivée c’est mérité ».

Le lunetier Alain Afflelou qui n’est jusqu’alors venu qu’une seule fois dans les Ardennes, accompagne Créteil à Emile-Albeau. Il confie que « le National est un autre monde que la D1 mais le plaisir et le stress sont les mêmes qu’au sein de l’élite ».

Francis Roumy qui, au coup de sifflet final, manifeste sa joie sur la pelouse en compagnie de Pabois et N’Diefi ne peut acquiescer car il ne connaît pas encore la Première division…





Claude LAMBERT


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