29 janvier 2006 > Chronique du passé

Il y a 47 ans...

Allez Sedan.com

Durant sa longue Histoire, le club de foot de Sedan a eu le triste privilège de perdre plusieurs joueurs grièvement blessés en cours de match. Que ce soit à Emile-Albeau ou en déplacement. Pour l’heure, le stade Louis-Dugauguez a été « épargné » et c’est tant mieux… Parmi la liste, il en est un qui a eu le tibia fracturé en disputant un match à Paris. L’UAST est alors en division 1. C’est en décembre 1958. Il y a 47 ans…



A l’aube de la saison 58-59, les dirigeants ardennais enrôlent Thadée Polak (Le Havre), Dominique Rustichelli (Marseille), Marcel Mouchel (Cherbourg), Félix Farina (Thionville), Jean Wira (Thionville), Michel Mrooz (Flohimont), Marian Halberda (La Beuvrière) et par contre les frères Laurant voient partir Célestin Oliver et Pierre Tillon (Marseille), Yves Albert (Béziers), Edouard Salzborn (Le Havre).

D’entrée, l’UAST tombe lourdement à la maison devant le Racing Club de Paris (0-3) et empoche sa première victoire lors de la 5 ème journée, Saint-Étienne essuyant un cinglant 5 à 0 dans les Ardennes, Max Fulgenzy, avec quatre buts à lui tout seul, se révélant être le grand canonnier des « ardents Ardennais ».

Octobre : Maryan Synakowski et Michel Vandamne reviennent d’Algérie et Louis Dugauguez compte sur eux pour disputer la Coupe de l’Amitié contre le Spora du Luxembourg et Eindhoven. Ensuite, c’est la Coupe de France mais aussi la coupe Drago.

Alors que l’international amateur de l’Arago d’Orléans Yannick Lebert -buteur n°1 du Championnat de France Amateur- est annoncé, les Sedanais terminent la phase aller en mauvaise posture : 16 èmes !

La troupe ardennaise est bien décidée à se ressaisir. Elle s’en va tenir le voisin rémois en échec à Delaune (1-1) mais chute à nouveau à la maison devant les Strasbourgeois (1-3). Et cela à quelques jours d’un difficile déplacement dans la capitale pour y affronter les Racingmens…

« Paris, voyage périlleux pour Sedan ! Le Racing devrait pourtant permettre aux Ardennais de se racheter » : c’est ainsi que titre « L’Ardennais » qui rappelle que la formation parisienne est « bien soudée et elle pratique un excellent jeu technique. Si Sedan, à priori, ne peut prétendre faire trébucher les « Pingouins » tout du moins peut-il opposer une résistance comme il le fit devant Reims ce qui le réhabiliterait aux yeux de ses supporters ».

La veille du match, le même journal titre « Avec Bernard et Rustichelli, Sedan espère inquiéter le Racing ». « Sedan se présentera sans complexe au Parc des Princes. Bernard reprend sa place dans « les bois », lui qui s’est entraîné seul de longs mois durant, une greffe de la jambe pour une épaule meurtrie ayant été nécessaire. Suspendu face aux Champenois, Rustichelli effectue aussi son retour en tant que titulaire. On suppose qu’« il va sûrement redonner à l’attaque sedanaise du mordant et de la cohésion ». Il jouera avant-centre, Fulgenzy et Breny étant aux ailes. Pour le poste d’arrière droit, Dugauguez hésite entre Noah et Barre…

Pour Louis Dugauguez, « mes garçons voudront redresser une situation actuellement qualifiée de périlleuse. J’espère que le premier stade d’un renouveau espéré aura lieu dans la capitale… »

En basket, alors que « L’Etoile de Charleville », brillamment emmenée par Jean-Paul Beugnot, devient leader de sa poule grâce à un remarquable succès aux dépens de Roanne, « L’Ardennais » titre sous la rubrique « Football » ceci : « Une scandaleuse décision de l’arbitre permet au Racing d’égaliser (1-1) sur penalty devant Sedan où Bernard a fait une rentrée étourdissante ».

Au Parc des Princes, « M’sieur Louis » a aligné Bernard, Noah, Polak, Lemasson, Maryan, Christian Oliver, Lefebvre, Mouchel, Fulgenzy, Rustichelli et Breny. Quant au Racing, ses « vedettes »ont pour nom Varini -remplaçant de l’infortuné Taillandier-, Bollini, Tibari, Senac, Ujlaki, Kosa, Pillard, l’amateur Hartmann, Guillot et bien sûr un certain… Roger Marche !

« Monsieur Carette », l’homme en noir de cette rencontre, est accusé d’avoir sifflé un penalty pour une faute -« si faute il y a » précise le journal- de Noah sur Kosa à la limite extrême de la surface de réparation. On peut lire aussi « l’arbitre a semblé vouloir faire oublier au public parisien le but marqué par les visiteurs : politique de compensation ! »

En effet, à la 49 ème minute, sur une longue ouverture de Mouchel sur la droite, l’arbitre lève son drapeau, mais M. Carette fait signe de jouer… La balle est glissée à Christian Oliver vers le but ce qui oblige Varini à sortir. Prestement, Oliver détourne vers la gauche où Rustichellli n’a plus qu’à pousser le ballon dans le but vide ! Malgré les protestations des Parisiens, le but, évidemment, est reconnu valable sous les huées de la foule qui manifeste durant cinq bonnes minutes…

Et le fameux penalty ? « Koza essaie, dos au but, de contrôler le ballon. Il est marqué par Noah qui tente un « tacle » des deux pieds derrière Kosa, faisant trébucher le Parisien sur la balle. Un coup de sifflet de l’arbitre qui désigne… le point de penalty à la stupéfaction de tous ».

Fort heureusement, les joueurs -notamment Marche dont le métier s’est avéré précieux- des deux équipes conservent le contrôle de leurs nerfs, ainsi la partie peut se dérouler normalement bien que l’on ait à regretter un incident grave en fin de match.

« L’Ardennais » ajoute que « ces erreurs d’arbitrage deviennent de plus en plus fréquentes et chaque dimanche apporte son petit scandale. Dans un championnat où chaque point peut être capital, il est regrettable que trop de matches soient faussés par le directeur du jeu. »

77ème minute de jeu : Bollini reçoit la balle vers les 17 mètres et tente de partir. Noah s’oppose au démarrage et dans le choc avec Bollini se fracture le tibia droit. Zacharie, véritable espoir âgé de 21 ans, est aussitôt transporté sur une civière hors du terrain. Ensuite, il est emmené à l’hôpital Boucicaut où la radio révèle une fracture du tibia droit sans déplacement.

Noah est reconduit à la gare de l’Est par son frère. Avec sa jambe plâtrée, Zacharie-le-courageux regagne Sedan par le train de nuit…





Claude LAMBERT