26 février 2006 > Chronique du passé

Sedan se qualifie pour la finale ... il y a 7 ans

Allez Sedan.com

Dans l’Histoire d’un club, il y a inévitablement des dates qui restent gravées dans toutes les mémoires car elles correspondent à des exploits indélébiles.
Pour ce qui du CS Sedan-Ardennes, celles-ci ne manquent pas et s’il fallait en retenir une, ce serait le mardi 27 avril 1999, jour de l’extraordinaire demi-finale de coupe de France Sedan-Le Mans. Ce soir-là, Emile-Albeau avait fait le plein et avait chaviré. Souvenez-vous… Il y a 7 ans…

Lorsque courant juillet 98 les Sedanais reprennent l’entraînement, ils ne se doutent pas qu’ils vont connaître une formidable saison 98-99. Patrick Remy est aux commandes du onze fanion et il est secondé par Farid Fouzari et William Sohier. Au rayon des recrues, le club ardennais enregistre celles d’Eric Crosnier (St Denis-St Leu) et d’Hippolyte Dangbetto (Troyes).
La France du foot savoure encore et toujours la victoire en finale de la Coupe du Monde et, chez les Sedanais, on peaufine la préparation avec des matches amicaux contre La Louvière (5-2), Haguenau (7-0), Amiens (0-1), l’UNFP (5-2), Valenciennes (1-2) et enfin le Red Star (0-0).
En championnat de division 2, le CSSA débute les hostilités dans « le Chaudron » de Geoffroy-Guichard et n’en revient pas bredouille (1-1). Les Niçois sont sévèrement corrigés dans les Ardennes (4-0) puis ce sont les Valentinois chers à… Bruno Metsu qui affrontent les « vert et rouge ».
Et puis voilà Dame Coupe ! Oui, c’est en novembre que commence le parcours des Sedanais. Ceux-ci espèrent faire mieux que la saison précédente où, en 16 èmes, ils étaient tombés, aux tirs au but, à Argentan ! Le tirage au sort leur réserve Créteil et, grâce à Cédric Mionnet, ils s’en vont gagner chez l’adversaire. Petitement certes (1-0) mais, dans cette compétition, seul le nom du vainqueur est retenu car il poursuit sa route dans l’espoir d’aller le plus loin possible…
A ce petit jeu-là, la bande à Remy écarte Epernay (7-0), Chaumont (3-0), Dijon (4-0), Amiens (2-1) et Rouen (2-0). Décidément, elle a le vent en poupe… Les Sedanais se demandent qui va bien se présenter devant eux et ils ont tous le secret espoir de faire chuter ce futur adversaire. Il reste en lice Nîmes, Nantes et Le Mans.
Et l’heureux élu est… Le Mans ! Joueurs et supporters ardennais se sont donnés rendez-vous au « Sporting Bar » à Sedan où grosse caisse, tambours et trompettes mais aussi chants entonnés à tue-tête résonnent tout près du mythique stade Emile-Albeau ! La « vedette » de ce tirage n’est autre que Vikash Dhorasso. Il revient à Nantes d’être tiré en premier puis Nîmes qui donc se produira à la Beaujoire. Et… Sedan sort de la boule : c’est l’explosion de joie ! Les Manceaux, autres pensionnaires de D 2, viendront en découdre à Sedan ! Battus à deux reprises en championnat, ceux-ci semblent convenir mais la prudence est tout de même de mise… N’empêche que les verres s’alignent sur le zinc !
Ainsi donc Cédric Elzeard, Eric Crosnier, Bruno Pabois, Stéphane Laquait, Jean-Philippe Faure et Luis Satorra sont présents et confiants, ce dernier avouant « on évite Nantes et on reçoit. Que voulez-vous de plus ? La finale est en tout cas envisageable » et Luis-le-capitaine de clamer « ça sera vraiment quelque chose de grandiose de jouer une demi-finale ici ». Quant à Francis Roumy, il déclare « recevoir c’était le rêve de tous. Ce sera donc une merveilleuse récompense pour nos supporters qui ont bien mérité cette demi-finale à la maison ».
Toujours placé dans le trio de tête en compagnie des Stéphanois et des Troyens, les Sedanais savent qu’en cette fin de saison, tous les regards vont être portés sur eux, notamment ceux de leurs nombreux supporters qui s’apprêtent à prendre d’assaut des points de vente situés au stade mais aussi au chef-lieu. C’est une véritable vague qui y déferle et très rapidement une rumeur enfle en ville : « le stade Emile-Albeau sera plein à craquer ! »
A cette occasion, l’enceinte municipale va connaître une de ses dernières nocturnes pathétiques car des études concernant un futur stade sur le site Trubert s’affinent et les premiers coups de pioche devraient être donnés en octobre prochain…
Folie en Coupe mais aussi coup de frein en championnat car les Ardennais n’ont pas réussi à battre Nîmes à domicile (1-1). Ce résultat va-t-il freiner dans son élan… « Césarine » qui a succédé aux célèbres « Dudule » et « Dora » ? Sûrement pas ! Présente, elle accompagnerait joueurs, entraîneurs, dirigeants et supporters sedanais à Saint-Denis !
Le jour « J » est arrivé… Sans « Césarine » jugée indésirable ! Pour « L’Ardennais », c’est tout simplement « la fièvre du mardi soir » ! Et de rappeler que « le club de football de Sedan est aux portes du paradis. Le CSSA peut participer à la finale de la Coupe de France et accéder en première division ».
En page « Sports », sous le titre « Sedan ne lâchera rien », on peut lire que « D1 pour 1999-2000 et finale le 15 mai au Stade de France : le CSSA entend déjà « faire la fête » aux Manceaux ce soir à Albeau avant de voir plus loin ».
Désigné « Sanglier » du mois de mars par les supporters, « Pierrot » Deblock n’hésite pas à proclamer « actuellement, on ne craint rien ! Nous avons l’impression qu’il ne peut rien nous arriver. Depuis pas mal de temps, on est sur un petit nuage. Alors, on en profite… »
L’appétit vient en mangeant mais, malgré l’euphorie ambiante, le Président Michel Bérard n’hésite pas à se montrer prudent en déclarant « attention à la Coupe de France ! Il peut se produire beaucoup de choses dans cette épreuve… Le Mans ne viendra pas en victime résignée, bien au contraire ! »
En plus de la foule des grands soirs amassée dans la vieille enceinte sedanaise, ils seront encore des milliers sur la Place du Château où un écran géant a été dressé.
Patrick Remy doit faire avec : Eduardo Oliveira et Cédric Elzeard sont suspendus alors que Madjid Adjaoud, victime d’une entorse au genou, n’est pas non plus opérationnel. En face, ce n’est guère mieux mais on compte sur les ex-Carolos Cyril Revillet et… Patrick Regnault !
Le quotidien sportif « L’Equipe » propose à ses lecteurs « Trois hommes et un coup fin. Avec trois de ses attaquants dans les vingt meilleurs buteurs de D2, Sedan possède une triplette sans équivalent. Mionnet, N’Diefi et Di Rocco seront encore là ce soir pour défier la défense mancelle ». Et Pascal Grégoire d’évoquer « trois perles, un cocktail offensif détonant, Mionnet-le-Petit-Lutin, l’attaque sedanaise renforcée sur les ailes par Quint et Deblock » mais aussi « les parties de pêche au bord de la Meuse avec N’Diefi, Mionnet et Laquait » !
Seuls ceux qui sont munis de « leur » billet pourront accéder au stade. « Avec leurs écharpes « Fiers d’être Ardennais », ils seront vite repérables » conclut le journal de la capitale.
Il fait un temps printanier dans la cité de Turenne lorsque M. Batta donne le coup d’envoi du match. Comme prévu, les guichets sont fermés et ils sont 13.580 supporters inconditionnels à s’être entassés pour encourager plus que jamais les Sachy, Borbiconi (puis Luciani), Dangbeto, Satorra, Jouault, Deblock, Crosnier (puis Di Rocco), Faure, Quint, N’Diefi, Mionnet (puis Pabois).
Pour sa part, Marc Westerloppe, l’entraîneur du Mans, a choisi Regnault, Fanzel (puis Poulard), Beubardeau, Arnaud, Penaud, Haddadou, Escayol (puis Poisson), Drouin, Revillet, Bakari, Darbelet (puis Chagnaud).
Alors, cette « une » de « L’Ardennais » du mercredi 28 avril 99 ? Tout simplement en gros caractères gras « En finale ! ».Mais aussi, sous une photo du kop d’Albeau ceci « Quel match ! Et surtout quelle fin de partie. Il fallait avoir le cœur vraiment solide pour suivre les ultimes minutes sans jamais fermer les yeux. Et les doigts croisés ont dû être difficiles à dénouer au coup de sifflet. Mais les Sedanais ont fini par dompter Le Mans au terme de prolongations haletantes. Cette place en finale de Coupe acquise devant un stade comble a largement été fêtée tout au long de la nuit dans Sedan et les autres villes des Ardennes ».
En page « Sports », on retiendra, toujours dans « L’Ardennais », sous le titre « Ils iront tous au paradis » ceci « en battant Le Mans pour la 3 ème fois de la saison grâce à Di Rocco, Quint et N’Diefi, Sedan a gagné sa place au Stade de France. Dans la liesse générale. Grandiose car acquis au terme d’une demi-finale de toute beauté. Le mythe est bien vivant ! »
Sous une photo d’Alex Di Rocco, « L’Equipe » titre pour sa part en première page « Trente-quatre ans après… Désormais, les Sedanais sont en course pour une saison folle, avec déjà une finale de Coupe de France, et peut-être une montée en Division 1 ». Juste à côté : « Nantes veut rejoindre Sedan ».
Une page complète est réservée à cette demi-finale. Et deux envoyés spéciaux : Pascal Grégoire et Bernard Lions. « Sedan, c’est fou ! Au terme d’une incroyable prolongation (5 buts), Sedan a arraché hier soir la quatrième finale de Coupe de France de son histoire. Le Mans doit désormais se concentrer sur un maintien en D2 loin d’être assuré ».
On lit aussi qu’« Après Colombes en 1956 et 1961, le Parc des Princes en 1965, Sedan a gagné le droit d’aller fouler la pelouse du Stade de France, nouveau lieu culte du football français. Dans un stade Emile-Albeau rempli jusqu’aux cintres, les Ardennais ont souvent été dominateurs, ils ont longtemps buté sur une défense bien en place et en confiance » et sous le titre « La fête à Dudule », il est noté que « Dudule Junior a été acclamé par tout un peuple porté en triomphe au cours d’une procession d’avant match quasi religieuse. Il défie le temps ! La « belge marcassine » s’impose comme le digne descendant du mâle Dudule et de la laie Dora ».
Dans son compte-rendu, « L’Equipe » ne peut passer sous silence les origines du portier visiteur Patrick Regnault « ancien gardien de Charleville « ennemi ancestral » de Sedan ! »
Qui va ouvrir le score ? P. Grégoire estime que « Bakari, à la lutte avec Satorra, est retenu dans la surface de réparation et M. Batta désigne alors le point de penalty. Bakari prend Sachy à contre-pied (41e). A la reprise, P. Remy revient à son attaque à trois têtes, Di Rocco remplaçant Crosnier. Sans jamais s’affoler, Le Mans tente d’exploiter la moindre opportunité de contre. A l’entame du dernier quart d’heure, Quint, sur un coup franc frappé de l’aile gauche, dépose la balle sur le crâne de Di Rocco et celui-ci catapulte la balle au fond du filet (76e) ».
« Et ils sont là les Sedanais ! » peut alors reprendre un stade devenu fou… » Score de parité après 90 minutes de jeu et donc place à la prolongation.
« Le suspens est annihilé d’entrée » écrit « L’Equipe » qui poursuit « Di Rocco, à l’entrée de la surface, déclenche une frappe contrée et Quint reprend de volée, expédiant le cuir dans le petit filet manceau (96e). Sedan exulte ». Et, ce n’est pas fini car « N’Diefi se trouve à point nommé pour pousser au fond du but un tir de Quint repoussé par Regnault (106e) ». Quoi encore ? « Le suspens est à son comble lorsque Chagnaud redonne espoir aux visiteurs (115e) et N’Diefi croit ensuite sceller définitivement la partie (118e) mais Revillet ramène Le Mans dans une course poursuite ahurissante dont le dernier rebondissement intervient à l’ultime minute sur un tir de Penaud repoussé sur la barre et qui rebondit juste devant la ligne de but sedanaise… »
Et puis la rubrique « Un homme dans le match avec « Mionnet en avait tant envie ». Cédric a cru bon de déclarer que « notre parcours a réveillé les esprits des anciens. Ici, la Coupe provoque une véritable marée humaine ». Il a eu raison car, en fin d’article, « L’Equipe » évoque « une nuit qui s’annonce très très longue dans les rues de Sedan… Peu importe le score, on va faire la fiesta !… »
Dans les vestiaires, Patrick Remy estime que « ce soir, tout y était : l’émotion, le suspens et le résultat. Sedan mérite cette finale… Mais, à 4-3, on n'en menait pas large ! » et Farid Fouzari, son fidèle lieutenant, avoue que « les dernières minutes furent éprouvantes pour les nerfs » ; Michel Bérard déclare « c’est un pari réussi. Pour le scénario, on ne pouvait pas trouver mieux. On a encore eu le bon Dieu avec nous lors de la dernière action » ; pour Alex Di Rocco « on s’est fait très peur et à chaque fois que le public scandait « on est en finale », on se faisait remonter par Le Mans » ; « j’en ai les larmes aux yeux » reconnaît Cédric Mionnet ; « magnifique, il y avait une ambiance de feu » témoigne Luis Satorra ; « complètement dingues ces prolongations » dit Christophe Jouault ; « tout Sedan est en finale : c’est fabuleux ! » jubile Jean-Philippe Faure. Dans le vestiaire voisin, Marc Westerloppe estime que « Penaud va se souvenir toute sa vie de sa frappe à la dernière minute sur la barre », le capitaine manceau répliquant de la sorte « cette dernière occasion, je la vois trop belle… » et Cyril Revillet demeure admiratif « avec un public comme celui-là, les Sedanais méritent de monter en D1 ».
Et que penser des 9.000 supporters présents place du Château ? Eux aussi ont eu des suées froides et, incapables d’imaginer la défaite, ils ont retenu leur souffle… « L’Ardennais » propose cette conclusion « Pour un peu, on se serait cru revenu au mois de juillet de l’année dernière ! »
Quant à Maurice Laurant qui, avec son frère Lucien, était à la tête des « footballeurs ouvriers », il s’exclame « Sedan, comme ses prédécesseurs, va gagner la Coupe de France ! ».
Ah ! mais, « Monsieur Maurice », dans l’euphorie, vous avez oublié un certain Stade Rennais qui, en mai 65…


Claude LAMBERT


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