17 mars 2006 > Chronique du passé

Février 1979, il y a 25 ans ...

Allez Sedan.com

C’est bien connu : en Coupe de France, celui qui a la cote, c’est toujours… « le p’tit » ! En la matière, l’équipe sedanaise a souvent joué ce rôle-là. Il y a eu bien sûr la période des années cinquante et ce avant l’ère du professionnalisme. Mais aussi toute cette « traversée du désert » lorsque le onze ardennais est retombé en D 3. A l’époque, joueurs, entraîneurs et dirigeants ont eu beaucoup de mérite à maintenir le navire à flot…

On a même vu le CS Sedan-Ardennes réaliser un remarquable parcours en Coupe de France et malheureusement chuter face un « ogre » de l’élite française. C’était en février 1979. Il y a 25 ans…

Mai 1973, Sedan quitte la D 1 et, deux ans plus tard, adieu la D 2 ! Il est évoqué une éventuelle collaboration avec… le Stade de Reims que rejoint Alain Polaniok. Au sein de l’effectif ardennais, c’est le grand « nettoyage » : Santos Brown, Raulin, Danty, Saurfeld, Le Bihan, Pensabène, Faytre, P. Zamojski, Simon, Bassier et « Dédé » Perrin s’en vont aussi. Pierre Tordo fera avec…

Celui-ci promet de tout faire pour que le club demeure à un bon niveau. C’est l’époque du « Président Nix » et les moyens financiers ne sont pas conséquents… Quant aux installations, elles sont déjà vétustes !

Juillet 1978 : reprise de l’entraînement sous la houlette de… « Kiki » Perrin. On parle d’un intérim et déjà les noms de Jacky Le Bihan (Rethel), Yves Herbet (Martigues), Gérard Tonnel (Rennes) et Yvan Roy (Valence) sont évoqués. Tous d’anciens joueurs ayant porté le maillot sedanais. Finalement, c’est Yvan Roy qui est choisi, Christian Perrin devenant directeur sportif.

Au rayon des départs, il est enregistré ceux de Patrice Polaniok (Reims aussi !), Corniquet, Larue, Delcampe, Haution, Peignois, Bertolutti, Marczack et Pedrotti.

Alors, le CSSA est-il décimé ? Il entame sa préparation par un 10 à 0 aux dépens de… Rocroi ! Verdun puis Blagny et l’Entente de Charleville tomberont aussi… De bonne augure ?

Juste avant les trois coups, les « vieux » supporters, toujours fidèles à Emile-Albeau, apprennent la mort, chez M. Toussaint à Givonne, de « Dora », mascotte d’ « Allez Sedan » lors de la finale Sedan-Rennes de mai 65. Et dire que « Dudule » (Sedan-Troyes en 56) et « Cora » (Sedan-Nîmes en 61) nous ont déjà quittés…

Début septembre, Yvan Roy prend officiellement ses fonctions. Alors international junior, il est arrivé en juillet 62 à Sedan sur recommandation de Marcel Mouchel. Ensuite, il est allé à Angers, Strasbourg, Sochaux et enfin à Valence. Il revient dans les Ardennes avec un contrat de quatre années en poche, un statut de joueur-entraîneur et une licence d’amateur.

La saison commence mal car Jany Zanelli se blesse grièvement au travail. Heureusement, Richard Baré est qualifié et donc il intègre l’effectif sedanais.

Place à la Coupe de France et le CSSA écarte successivement de sa route Tinqueux, Linay, Joinville et Troyes si bien que le voilà qualifié pour les 32 èmes de finale !

Après l’exploit réalisé devant les Troyens -grâce à Harold Buffet- le quotidien sportif « L’Equipe » titre « Revoici les Ardents Ardennais ! » Ainsi donc, classé modestement au 10 ème rang, Sedan a-t- il l’occasion de faire reparler de lui.

Le Conseil Général n’est vraiment pas sensible à ce parcours puisqu’il refuse de voter une subvention en faveur d’un CSSA qui, en championnat, est tenu en échec par Saint-Omer, et ce au stade Emile-Albeau, devant 1.014 spectateurs !

Les Sedanais sont véritablement sous pression depuis leur victoire de Troyes et, surtout, dès que le sort leur a désigné Strasbourg comme adversaire. L’impatience semble l’emporter sur la crainte… Même chez Roy qui va retrouver Dropsy, Specht, Gemmerich, Wagner, Elacher, Duguépéroux, Tanter et Gress qui furent partenaires lors de son passage en Alsace.

Il n’y a pas que la curiosité et les Ardennais rêvent de donner une réplique valable à des Alsaciens brillants leaders du championnat de 1 ère division.

A l’entraînement, le coach apostrophe Jean-Pierre Curé en ces termes « tu ne sais pas ce que tu vas louper… » Il est vrai que le Sedanais vient d’écoper quatre matches de suspension suite à un geste d’énervement à Saint-Quentin.

Poursuivant leur préparation, les Sedanais affrontent chez eux, en amical, Libramont et ce sont les Belges qui sortent victorieux…

Pendant ce temps-là, « Allez Sedan » prépare le déplacement de Thionville et il convient de réserver ses places. Les bus s’arrêteront à Lucquy, Rethel, Attigny, Vouziers, Le Chesne, Monthermé, Bogny-sur-Meuse, Nouzonville, Neufmanil, Vrigne-aux-Bois, Charleville, Sedan, Douzy, Mouzon et Carignan. A cette occasion, il est proposé une édition spéciale du bulletin « Vert et Rouge » mais aussi un concours de pronostics, le vainqueur allant à la… finale le Coupe de France ! Pour à nouveau encourager les Sedanais ?

Le libéro ardennais Joël Trassart est militaire à Commercy et en sa qualité de pilote de char, il a été réquisitionné pour embarquer son engin dimanche sur le coup de midi à bord d’un train en vue de prochaines manœuvres. Et ce trente-deuxième de finale a lieu ce même dimanche à 14 h 30. Les dirigeants sedanais multiplient les démarches. « Ce ne serait pas de gaieté de cœur que je me priverais des services de Joël » avoue Roy.

A Strasbourg, on se rappelle que Gérald Zamojski et Maurice Hardouin quittèrent les bords de Meuse pour l’Alsace. On met aussi en exergue le fait que Michel Hidalgo vient d’appeler plusieurs strasbourgeois en Equipe de France. Enfin, Jouve est suspendu mais l’effectif est riche…

« Les marcassins que nous sommes peuvent redevenir des sangliers ! » claironne « Kiki » Perrin dans « L’Ardennais ». La presse locale ajoutant « toutes les Ardennes sportives le souhaitent ».

En « une », « L’Ardennais » titre « Contre Strasbourg en Coupe, Sedan tente l’impossible » et, en page « Sports », ceci « Sedan sans complexe face à Strasbourg ». Dans son article, Dominique Maingé précise que « les autorités militaires ont refusé à Joël Trassart la permission qui lui aurait permis d’être aligné. C’est Jean-Pierre Cousin qui le suppléera. Allez, tous au Stade Omnisports de Thionville à défaut d’Auguste-Delaune puisque la commission des terrains n’a pas accédé à la demande ardennaise ».

On se souvient que jadis, au même stade de la compétition, Sedan-le-cendrillon a étrillé, à Besançon, « le grand Nice » (4-1) et on évoque en ces termes les atouts du onze ardennais : « un gardien en grande forme, un milieu qui devrait parvenir à brouiller les cartes, une attaque qui devra forcer le solide rideau défensif adverse ».

La parole est donnée à « Mimile », tenancier du débit de boissons « A l’Habitude », supporter de longue date, qui s’enflamme : « en Coupe, il existe toujours un petit espoir surtout quand on s’appelle Sedan et que l’on jouit du glorieux passé que l’on sait ».

Dans « L’Union », on n’hésite pas à évoquer ce Sedan-Strasbourg en ces termes « une bonne affaire pour les dirigeants et une récompense pour les joueurs de Roy ». Michel Quentin l’affirme dans ces mêmes colonnes : « Les Ardennais sont prêts pour l’impossible exploit ». « Le jour de gloire est arrivé, écrit-il, pour « la bande à Roy » qui quittera la cité de Turenne le dimanche à 8 heures du matin !Veillée d’armes et mise au vert : les temps sont révolus… La Coupe conserve parfois des secrets insoupçonnés et Strasbourg, le mastodonte, le tout-puissant, la terreur sera-t-il toujours à l’aise face à Sedan, le faux-timide, le quelconque, le quidam ? »

Dans « L’Equipe », Daniel Ferrières, sous le titre « Sortir en beauté », se demande « à quelle sauce le loup alsacien va-t-il accommoder les marcassins ardennais ? Mais, la jeune formation sedanaise est bien décidée à se battre de tout son cœur et elle aura besoin des encouragements de ses supporters ».

Et, toujours dans « L’Equipe », Freddy Koenig se demande si « la présence effective de Roy sera-t-elle suffisante pour damer le pion à son rival du jour, Gilbert Gress, ancien partenaire devenu entraîneur ? »

A cause du verglas, la délégation sedanaise arrive à Thionville en fin de matinée. Dans le car, Jany Zanelli qui, récemment sorti de l’hôpital de Garches, n’a pas voulu manquer le déplacement.

Avec 4.977 entrées payantes, le record du nombre de spectateurs est battu au stade de Thionville ! Et, pourtant, il fait un temps froid et pluvieux.

Avant l’échauffement, Yvan Roy converse avec les dirigeants strasbourgeois et Gilbert Gress.

A l’occasion de cette rencontre, André Borkowski, le père de Nicolas, a repris du service comme masseur aux côtés de René Aimont.

Le public est tout acquis à la cause des Sedanais devenus les « locaux » comme l’indique d’ailleurs le panneau d’affichage. Et, pour saper le moral des Strasbourgeois, les supporters ardennais scandent « Saint-Etienne champion de France… »

A Thionville, on retrouve d’un côté Luczkow, Schneider (puis Cousin), Jean-Pierre et Patrick Zanelli, Raux, Jean-Guy et Jean-Lou Lefebvre, Roy (puis Carbonnel), Baré, Compère, Harold Buffet et de l’autre Dropsy, Marx (puis Duguépéroux), Specht, Novi, Erlacher, Deutschmann, Piasecki, Wagner, Toko (puis Tanter), Gemmerich et Domenech.

Amené à Thionville, le sanglier mascotte effectue, avant la rencontre, un tour de terrain. Question : fera-t-il le tour d’honneur comme ses prédécesseurs ? Une certitude : à l’applaudimètre, lors de la présentation des deux équipes, les joueurs sedanais battent nettement leurs adversaires alsaciens, même les internationaux !

Dans son édition du lundi 12 février 1979, « L’Ardennais » titre, photo à l’appui, « Yvan Roy montre l’exemple » et écrit « Sedan est tombé en Coupe de France mais les Ardennais furent absolument remarquables durant plus d’une heure, luttant pied à pied avec les Alsaciens. Ceux-ci durent attendre les vingt dernières minutes pour assurer leur qualification. De plus, les Sedanais démarrèrent tambour battant et sans complexe. A l’image de leur entraîneur Yvan Roy qui, dès la cinquième minute, expédia le ballon sur la barre de Dropsy, malgré l’opposition de Domenech.

En page « Sports », Dominique Maingé, l’envoyé spécial de « L’Ardennais », s’interroge « que ce se serait-il passé si le tir soudain de Roy avait pris le chemin de la lucarne plutôt que de rebondir sur l’angle de la cage du gardien alsacien ? Il est évidemment difficile de le dire mais il est certain que pour quelques centimètres, Sedan pouvait aborder de manière différente le problème posé par Strasbourg. Et surtout, les Ardennais auraient au moins réussi ce but qui sauvait l’honneur… »

Plus loin, on lit : « côté sedanais, Luczkow a été l’auteur de plusieurs interventions de classe, Raux a commandé avec autorité la défense et, en milieu de terrain, le trio Roy-J.-L Lefebvre-P. Zanelli abattit un travail écrasant ».

Les buts ? Piasecki tente sa chance, le tir contré profite à Toko qui ouvre la marque avec la complicité du montant gauche (12e) ; Piasecki donne dans le trou à Deutschmann, en position d’ailier droit, et le tir croisé du demi strasbourgeois fait mouche (73e) ; Tanter s’échappe à nouveau et le centre de l’ailier alsacien ne peut être exploité par Gemmrich, mais Piasecki hérite du ballon et alourdit la marque (75e).

Ultime coup de sifflet et M. Meeus, l’arbitre de la rencontre, se baisse précipitamment pour le récupérer.

Dans « L’Union », sous le titre « Sedan a crânement tenu pendant plus d’une heure », Michel Quentin affirme que « les Sedanais ont quitté le stade de Thionville la tête haute car, comme leurs aînés, ils n’ont pas manqué à la tradition car tous furent exacts au rendez-vous… A l’entame du dernier quart d’heure de jeu, on pensait bien que les Sedanais iraient à la prolongation tant leurs efforts étaient élaborés, leur culot légendaire et leur enthousiasme révélateur ».

Pour « L’Equipe », c’est « Sedan besogneux », André Lemay écrivant « Sedan, avec ses qualités de toujours, fut un challenger plus valable, jouant crânement le jeu. Sedan, se battant sur toutes les balles, tint la dragée haute au leader de la division 1. Strasbourg, au petit trot, a donc passé ce premier cap ».

Dans les vestiaires, l’entraîneur-joueur Yvan Roy reconnaît « les gars ont fait le match que l’on attendait d’eux. Pour ma part, j’étais confiant en leurs ressources physiques et morales. Le score est trop sévère, nous avons encaissé un but de trop ». Gilbert Gress déclare « Roy, mon ancien co-équipier strasbourgeois, voulait tomber avec les honneurs et il y est parvenu. Son équipe a joué de manière remarquable et comment expliquer qu’une formation aussi dynamique et ayant de telles possibilités ne soit que dixième de son championnat ? »

Bien que la victoire ne leur ait pas souri, les équipiers de Patrick Raux ont cependant droit au champagne… bien mérité !


Claude LAMBERT



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