27 mars 2006 > Chronique du passé

Il y a 49 ans...

Allez Sedan.com

Ah ! Emile-Albeau… Durant toute son existence, le stade mythique de la cité de Turenne en aura vu « de toutes les couleurs », même lors des matches disputés « en lever de rideau ».
Que ce soit sur le terrain, dans les vestiaires ou même dans les tribunes ! Ici et là beaucoup de joie, de rires mais aussi de peine et de larmes… Parfois du courroux aussi… Les uns -souvent les joueurs- portés en triomphe mais aussi d’autres -appelés « les hommes en noir »- connaissant l’infortune à cause de leurs décisions. Ce fut le cas le 10 novembre 1957. Il y a -déjà- 49 ans…

A l’époque, l’UA Sedan-Torcy est en division 1 et elle a enrôlé lors de l’inter saison Pierre Bernard (Bordeaux), Michel Vandamme (Lille), Zacharie Noah (Saint-Germain) et s’est séparée de Daniel Carpentier et Diégo Cuenca (Forbach), « Bébert » Eloy et Marcel Pascal (Limoges), ces deux clubs étant nouveaux dans le giron professionnel. Alex Rozak émigre aussi à Nîmes.

Les Ardennais débutent leur saison de façon catastrophique puisqu’ils prennent une « déculottée » à Nice : 8 à 0 ! Tout aussitôt, le calendrier leur impose un nouveau déplacement et Ales est sans pitié. Décidément… Mais, l’OM tombe dans les Ardennes : enfin… L’UAST serait-elle à nouveau sur de bons rails ?

Avec son nouveau gardien Henri Polaniok et son attaquant-défenseur Max Fulgenzy -dit « Pétrolette »-, Sedan tombe lourdement chez le voisin rémois. Courant novembre, il a la possibilité de grappiller quelques points car, cette fois-ci, il opère coup sur coup à Emile-Albeau.

En premier lieu, les Sochaliens sont étrillés, preuve que les Sedanais, déjà victorieux en terre bitterroise, sont sur une pente ascendante…

Et puis, voici l’AS Saint-Etienne… « Abbes, Domingo, R.Tylinski vedettes nouvellement sorties ; Mekloufi, Njo-Lea « anciens de valeur », la venue de Saint-Etienne devrait permettre à Sedan de faire le point de ses possibilités actuelles » titre « L’Ardennais » qui poursuit « Si Saint-Etienne n’apparaît pas irrésistible, il n’en demeure pas moins qu’il est actuellement le seul club invaincu de Nationale. C’est une référence des plus sérieuses…Notons que la défense de l’Equipe de France est constituée essentiellement de Stéphanois et, parmi ceux-ci, Claude Abbes qui, à Bruxelles, a pris la place de Pierre Bernard. Ce dernier fut absent pour cause de maladie ».

Dans son édition du samedi-dimanche, « L’Ardennais » affirme « c’est avec l’espoir de demeurer invaincu que Saint-Etienne vient à Sedan mais Célestin Oliver et ses hommes tenteront de réussir l’exploit qui consacrerait leur redressement ».

Les champions de France en titre ont jusque-là tenu en échec chez eux Béziers, Monaco, Nîmes, le Racing et ils craignent Sedan. La preuve, ils rallient les Ardennes dès le vendredi !

Et Sedan ? « C’est un rude adversaire devant son public ! Sedan vient de prouver qu’il savait être l’équipe des « Ardents Ardennais » et devant Saint-Etienne il jouera avec le désir de réaliser l’exploit. Il a tout à gagner dans ce match qu’il devrait aborder en toute quiétude. Louis Dugauguez maintient Gaemerynck à l’aile gauche ainsi que Stamm et Célestin Oliver conservera son poste de demi puisque « Loulou » Lemasson ne peut effectuer sa rentrée car il souffre toujours d’un claquage ».

12 h 45, sur le terrain d’honneur, lever de rideau en Coupe Gambardella. Pour affronter le voisin mohonnais, Joseph Kusmir a convoqué Chopineau, Zanini, Barbin, Meunier, Liskawa, Moine, Duranton, Marbais, Buffet, Nicolas et Lanzoni.

Avec leurs maillots de couleur bleu, leurs aînés se présentent avec Bernard, Maryan, Christian Oliver, Fulgenzy, Célestin Oliver, Salzborn, Lefebvre, Gaemerynck, Breny, Tillon et Stamm.

Chez les « vert et blanc », on retrouve Abbes, Wicart, Richard Tylinski, Michel Tylinski, Ferrier, Domingo, Herbin, Mekloufi, Cristobal, Njo Lea et Goujon.

Lundi 25 novembre 1957. En page « une », « L’Ardennais » titre « Sedan : l’arbitre n’a pas osé affronter cette foule qui l’attendait pour le huer » et, en page « Sports », ceci « En sifflant la fin de la partie sur un but qu’il refuse à Célestin Oliver, M. Schwinte prive Sedan d’une victoire qui en faisait le premier « tombeur » de Saint-Etienne ».

Beau temps à Emile-Albeau où sont venus 7.972 spectateurs. On lit dans « L’Ardennais », en première page, sous une photo montrant des supporters amassés près du tunnel donnant accès aux vestiaires : « Ils étaient nombreux les spectateurs qui attendaient la sortie de l’arbitre du match Sedan-Saint-Etienne pour lui exprimer bruyamment leur mécontentement d’avoir privé Sedan d’une victoire très importante. En refusant un but acquis à la 90 ème minute du match, M. Schwinte s’est attiré les foudres des supporters et il n’a pas osé affronter ceux-ci malgré les grilles protectrices derrières lesquelles ils attendent. Escorté par la police, il regagnera Charleville en voiture… la gare de Sedan étant un autre point stratégique tenu… par ses adversaires. Ainsi -et c’est bien mieux- tout incident fut-il évité ».

En définitive, Sedanais et Stéphanois se sont quittés sur un score de parité : 1 à 1. Alors que Breny expédie le ballon sur l’angle interne des buts (10e), ce sont les visiteurs qui ouvrent la marque : une passe de Ferrier met Njo-Léa en possession du ballon. Christian Oliver, ultime défenseur, tente de s’interposer, mais la balle, brossée par le pied du Sedanais, revient au Stéphanois qui, à quatre mètres à peine de Bernard, n’éprouve aucune difficulté pour le fusiller à bout portant (26e). Et le journal de préciser « on comprend la déception des supporters ardennais de voir leur équipe dominer et… encaisser un but ! Celui-ci fait l’effet d’une fustigation sur les hommes de Dugauguez qui, sur l’attaque suivant la remise en jeu, descendent vers les buts gardés par Abbes ». L’égalisation survient tout aussitôt : après quelques passes, Tillon, isolé à droite des buts, réussit un splendide retourné dont la trajectoire rencontre Gaemerynck, celui-ci prenant Abbes à contre-pied (27e).

« L’espoir est revenu dans les cœurs des Sedanais »… En seconde mi-temps, les tentatives ardennaises s’émoussent sur une défense bien groupée.

La partie tire à sa fin et déjà quelques spectateurs quittent leur place quand, jouant le tout pour le tout, Célestin Oliver tente une percée solitaire et, des vingt mètres, il expédie la balle à Lefebvre qui tire. Le ballon revient en jeu. Célestin Oliver le reprend en pleine foulée et inscrit -ou croit inscrire- le but vainqueur.

Un reporter d’une radio qui commente le match en direct hurle « Sedan marque un deuxième but… Il reste quarante secondes à jouer !»

En fin d’article, on lit « Hélas ! L’arbitre -dont on ne peut dire qu’il dirigea cette rencontre car, tout au long du match, il se livra à des mimiques indiquant tel ou tel point du terrain, sans siffler, ce qui ne rimait à rien- indiquait d’un geste véhément qu’il refusait ce but parfaitement valable, puisque la fin de la partie avait été sifflée alors que la balle avait déjà quitté le pied d’Oliver en direction du but ».

L’arbitre suivait-il l’action ? Non, c’était surtout la marche de l’aiguille de son chronomètre ! Avait il sifflé la fin du match : avant le tir ? Au moment du tir ? Alors, la balle avait-elle franchi la ligne ? Les avis sont partagés mais, quoi qu’il en soit, personne n’a entendu le sifflet et tout le monde croyait au but. Sauf l’arbitre…

Mardi, « L’Ardennais » revient sur cette rencontre et titre « Avec la méthode adoptée en fin de match, le sort de Sedan-Saint-Etienne tenait à un coup de chance… Sedan aurait mérité d’en profiter ». On rapporte les propos de M.Schwinte entendus aux vestiaires : « je suis sûr de moi !… » Le journal écrit toujours « son arbitrage fut médiocre pour ne pas dire plus. Il est des arbitres que l’on ne voit pas sur le terrain : ce sont souvent les meilleurs. M. Schwinte eut souvent un mauvais placement, détournant la balle ou gênant les joueurs en plusieurs occasions, pris des décisions très contestables et parfois à contresens, abusa des gestes et manqua … jusqu’à la 90 ème minute d’autorité et de « vue ». Il a privé Sedan d’une victoire… heureuse peut-être mais qui n’aurait pas été imméritée ».

La saison précédente, sur le terrain de Bordeaux, un arbitre refusa un but à… Célestin Oliver. En Gironde, il n’accorda pas non plus aux Sedanais un penalty qu’il fut le seul à ne pas voir ! Ce jour-là, au sifflet, officiait un certain Pierre Schwinte…







Claude LAMBERT

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