Il y a 14 ans, Coupe de la Ligue ...

Les Sedanais ne se sont jamais retrouvés en finale de la Coupe de la Ligue mais ils y ont parfois brillé. Notamment au stade Emile-Albeau et, par exemple, en 16 èmes de finale, en fin de saison 91-92. Il y a 14 ans…
C’est à Paris, à l’issue de l’assemblée générale de la Ligue Nationale de Football qu’a lieu le tirage au sort. Les Sedanais ne sont pas têtes d’affiche, eux qui précédemment ont affronté Rodez, Metz, Sochaux, Mulhouse et Epinal.

C’est un club de division 1 qui est annoncé à Emile-Albeau : Lille. En Coupe de la Ligue, hormis une défaite à Saint-Quentin, le parcours des « Dogues » s’est avéré sans faille. Chez les Nordistes, on annonce la couleur : pour venir dans les Ardennes, le LOSC présentera une équipe proche de sa formation type, preuve que l’affaire ne le laisse pas indifférent.

Dans « L’Ardennais », il est précisé que « les joueurs nordistes, sérieux et efficaces à défaut d’être brillants, abordent en position de force ces 16 èmes de finale et puisent dans cet état de fait une motivation certaine. Pourtant, ils ont déjà l’esprit tourné vers la saison prochaine, à commencer par leur entraîneur, Jacques Santini, dont le corps est à Grimonprez-Jooris tandis que l’esprit lui, semble déjà installé à Geoffroy-Guichard ».

Il faut remonter à un quart de siècle pour trouver trace d’une confrontation entre ces deux équipes, en compétition officielle tout au moins.

Ce match ne sera pas des plus faciles pour les Ardennais… Sortir les Nordistes, ce n’est vraiment pas évident du tout. Et pourtant, Sedan récupère Pierre-Yves David, tout auréolé d’un titre de champion de France avec son régiment, qui a bénéficié d’une libération anticipée ce qui compensera le forfait de Malik Badji -qui serait en partance pour Sarrebruck, ex-club de Rolshausen et futur D 1 allemande- en raison d’un genou douloureux.

Dans « L’Union », on lit ceci « à l’entraînement, la récupération physique a été privilégiée, et c’est donc avec appétit que les Sangliers attendent les Dogues. Des Nordistes en pleine mutation, avec notamment le remplacement de Santini par Metsu aux commandes, mais qui ont réalisé un excellent parcours jusqu’ici… »

En ce 26 mai 1992, ils ne sont que 2.415 spectateurs au stade Emile-Albeau à venir encourager les Pourchaux, Hallou, Desseaux (puis Jacquier), P.-Y David, Auniac, Lecoq (puis Gomis), Maennel, Gamiette, Pinho (puis Songné), Philippe, Siegmann (puis Skubi) opposés aux Nadon (puis Lauricella), Sauvaget (puis Hansen), Assadourian, Avril, Buisine, Fransen (puis Nielsen), Rollain, Oleksiak, Fichaux, Tihy (puis Fiard), Brisson.

En page « une », « L’Ardennais » titre « Sedan cartonne ! Gros score hier au stade Emile-Albeau où les Sedanais ont corrigé les Lillois, leur infligeant une sévère défaite (9-1) en seizièmes de finale de la coupe de la Ligue » et, en page « Sports » : « Sedan pulvérise Lille ».

Dominique Maingé écrit « Sedan est en huitième de finale de la Coupe de la Ligue. L’équipe ardennaise le doit autant à son esprit d’entreprise et à sa volonté de s’imposer qu’à l’attitude lamentable des Lillois. Ceux-ci « balancèrent » littéralement le match, ce qui leur valut de recevoir l’une des plus belles corrections qu’une équipe de division 2 ait jamais administrée à une équipe de division 1.En l’absence de Santini en partance pour Saint-Étienne et en attendant l’arrivée de Metsu qui quitte Beauvais pour le LOSC, les joueurs lillois avaient, apparemment, composé une équipe à leur convenance : Assadourian (libéro), Sauvaget (arrière latéral), Buisine (milieu offensif) et Tihy (attaquant) ».

La mise en place du système demande un certain délai que Sedan met à profit pour ouvrir rapidement le score : Gamiette déborde sur l’aile gauche et centre pour Siegmann, en embuscade au second poteau et qui marque du droit d’un tir en coin (7e).

Cet excellent départ permet aux Sedanais de se comporter en véritables patrons devant une équipe nordiste quelque peu timorée…

Souvent, les attaquants sedanais viennent buter sur le gardien lillois livré à lui-même derrière une défense bien perméable. Sedan évolue en toute confiance et prive du ballon son adversaire.

Les Sedanais développent une action jusque dans les 16 mètres lillois où Fransen « sèche » Siegmann. M. Lartigot siffle le penalty qui s’impose et Auniac le transforme (33e).

Cela fait 2-0, mais Sedan n’en a pas encore assez ! Lecoq porte l’estocade d’une superbe reprise de la tête, en pleine course, à la suite d’un centre tout aussi remarquable de Pinho (41e).

Lille a son compte, semble-t-il… Six minutes après la reprise, Siegmann déborde et sert Gamiette qui marque au milieu d’une défense figée…

Il ne peut plus y avoir de match ! Brisson ramène le score à 4-1 en convertissant en but un centre de Rollain (64e). Les Ardennais repartent de plus belle avec tout d’abord Songné qui grille la défense lilloise pour venir battre Lauricella de près (70e) puis par Maennel démarqué par Songné (71e).

Il faut reconnaître que le LOSC a sombré depuis longtemps dans le ridicule et offre une opposition indigne d’une équipe de division 1.

Ce n’est pas fini ! Maennel, sur centre de Songné (83e), Skubi alerté par Maennel (85e) et Gamiette servi par Philippe (86e) ajoutent trois nouveaux buts.

Les Lillois ont, dans les dernières minutes de la partie, un sursaut d’orgueil qui les pousse à envahir la surface de réparation sedanaise. Dans la mêlée, Pourchaux, touché au nez, doit quitter le terrain et laisse sa place dans la cage à David.

Et Dominique Maingé de terminer son article ainsi « les Ardennais finissent donc la partie à dix, mais il y a belle lurette qu’ils ont rempli leur contrat et qu’ils n’ont plus rien à redouter. Si tant est qu’ils aient jamais eu quelque chose à redouter… »

Dans « L’Union », sous le titre « Avalanche à Albeau ! Sedan a littéralement pulvérisé une équipe lilloise désemparée », Philippe Mellet écrit notamment « face à des Lillois sans entraîneur (!), mais quasi au complet, les Sedanais ont eu de nouveau le plaisir d’évoluer devant une galerie bien fournie. Devant des Dogues aux griffes élimées, le passage a été vite trouvé…Et un premier but comme à l’entraînement ! Voilà qui est vite fait, bien fait. Le festival continue ensuite avec une seule équipe sur le terrain… Le match tourne court ! Disposés parfois avec fantaisie sur le rectangle, les Nordistes ne passent qu’occasionnellement la ligne médiane. Sedan se fait plaisir et les « orphelins » du LOSC ne peuvent que constater les dégâts…Ce match n’a eu de « Coupe » que le nom, mais qu’importe. La bande à Leflochmoan a pleinement rempli son contrat ».

Pour l’entraîneur sedanais : « les neuf buts inscrits ne doivent rien à personne et ils ont été élaborés de belle manière ».

On revient bien sûr sur ce match et Dominique Maingé écrit « les pros lillois se sont moqués du monde. Ils ont foulé au pied le respect qu’ils doivent au sport qu’ils pratiquent, au métier qu’ils exercent, au public et à leurs adversaires. L’équipe lilloise, au grand complet, n’avait strictement rien à f… (passez-nous l’expression) de ce qui pouvait lui arriver. Dans la gamme « malaise », on trouve difficilement mieux…. »

Quelles sont les raisons qui ont poussé les Lillois à cette démission ? Absence d’un entraîneur sur le banc ? Réception pour certains joueurs d’une lettre de licenciement quelques heures avant de se rendre à Sedan ? Conflit avec le Président à propos du remplacement de l’entraîneur ? Et que penser de leur arrivée tardive au stade Emile-Albeau, moins d’une heure avant le coup d’envoi…

Et Philippe Mellet d’affirmer que « de son côté, Sedan soutenu par son public, n’a jamais considéré la Coupe de la Ligue comme quantité négligeable. Michel Leflochmoan et les siens, en dépit du contexte de fin de saison, ont tout simplement accompli leur devoir. Avec brio d’ailleurs. Il est également vrai de dire qu’avant même de recouvrer officiellement le statut pro, le club sedanais, son entraîneur et ses joueurs sont les seuls dans cette affaire à s’être réellement conduits en professionnels… »

En 8 èmes de finale, les Sedanais devront se rendre à Tours où ils retrouveront en tant qu’ultime rempart un certain Pascal Dupuis…



Claude LAMBERT


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