Il y a 42 ans...

Depuis des lustres, les Ardennais ont bien souvent attiré l’attention et provoqué l’enthousiasme dans la presse nationale.

Leurs résultats en sont pour beaucoup et pourtant, bien que classés moyennement, des louanges leur ont parfois été tressées. « Les jeunes Sedanais fracassants » titre, par exemple, en septembre 1964, le quotidien sportif « L’Equipe ». Il y a -déjà- 42 ans…


Cette saison 64-65 est surtout marquée par le retour aux affaires de Louis Dugauguez, Jules Vandooren qui lui succéda pendant une saison, étant annoncé du côté de La Gantoise, en Belgique. Mais, en définitive, il retourne à l’Arago d’Orléans.

Début juillet, c’est… Alex Rozak qui dirige la séance de reprise à laquelle participent Daniel Bourgeois, venu de Mulhouse et Jacques Marie du Stade Malherbe Caennais. Yves Herbet vient de signer son premier contrat pro et Louis Lemasson s’en va à Fougères en tant qu’entraîneur-joueur.

On retrouve rapidement les Sedanais tant en amical face au Royal Daring Club de Bruxelles qu’en Coupe de la Ligue où, tour à tour, Reims, Metz et le Racing s’avèrent être des adversaires plutôt coriaces.

Voilà enfin le championnat de division 1 et, lors de la journée inaugurale, Nîmes tombe à Emile-Albeau (2-4) puis les Sedanais sont sévèrement punis à Bordeaux (1-5).

Avant de recevoir des Toulousains qui seront étrillés par… 6 à 0, les Sedanais accueillent des Strasbourgeois qui n’ont pas encore connu la défaite et qui viennent de faire forte impression en battant… l’AC Milan. Dans « L’Equipe », Paul Fischer, le correspondant alsacien, évoque les craintes de l’entraîneur alsacien Paul Frantz qui avoue « j’espère que mes hommes auront suffisamment récupéré des émotions et des fatigues accumulées devant les Italiens » et d’ajouter « en Alsace, l’atmosphère est à l’optimisme et les nombreux supporters de l’équipe strasbourgeoise seraient véritablement comblés si leurs favoris s’imposaient ou faisaient simplement match nul à Sedan ».

Toujours dans le même journal, Marcel Perrier, sous le titre « Sedan conserve sa jeune garde », écrit « les dirigeants ardennais savent que les Alsaciens sont parvenus à trouver très rapidement la bonne cadence. Aussi, Louis Dugauguez a-t-il fait travailler ses jeunes équipiers avec intensité pour les préparer à une rencontre qui s’avère très difficile pour eux. Dugauguez a décidé de faire confiance à toute sa défense, malgré les cinq buts encaissés à Bordeaux. Il faut bien que les titulaires fassent leur apprentissage et ils ont compris les quelques erreurs commises, c’est là l’essentiel pour que la leçon soit profitable ». Il est aussi évoqué en ces termes le cas de Jean-Pierre Di Salvio : « afin de ne pas fatiguer l’espoir sedanais, encore junior et qui va reprendre ses études dès la semaine prochaine, l’entraîneur a décidé de ne pas l’intégrer dans son attaque. C’est Gasparini, beaucoup plus aguerri, qui viendra prendre le poste d’intérieur gauche dans la ligne offensive, aux côtés de Perrin promu avant centre ».

Dans son édition du lundi 14 septembre 64, « L’Ardennais » titre « Strasbourg battu 5-2 n’a jamais eu la parole… Le football endiablé de Sedan lui a valu un succès spectaculaire. Sedan était irrésistible, Strasbourg en a fait les frais ».

Il faisait un temps froid à Emile-Albeau où 5.161 Ardennais se sont rendus. A Sedan, on retrouve sur le terrain Kraft, Lemerre, Barre, Fulgenzy, Poplin, Gasparini, Salaber, Herbet, Perrin, Cardoni, Roy et Strasbourg aligne Schuth, Hauss, Devaux, Gonzales, Stieber, Kaelbel, Szépaniak, Gress, Farias, Merschel, Hausser.

Daniel Ferrières écrit «Submergés les Strasbourgeois, débordés, balayés par une équipe sedanaise enthousiaste qui a remporté une victoire remarquable … et encore la note aurait pu être plus lourde ! Désormais, avec une équipe sedanaise aussi remuante et axée sur l’offensive, on peut s’attendre à tout. Aucun jeune « vert et rouge » ne fait de complexe et si les Alsaciens étaient venus confiants dans les Ardennes en pensant qu’ils allaient ne faire qu’une bouchée de cette modeste équipe sedanaise, ils durent vite déchanter ». Les Ardennais pratiquant sur un rythme effréné ne laissèrent plus le temps de souffler aux visiteurs… Il est difficile de dissocier tel ou tel Sedanais d’un ensemble véritablement endiablé ».

En ouverture les juniors de Sedan et de Rethel qui pratiquèrent un jeu clair et agréable à suivre. Ensuite, après la douche, ils eurent droit à une véritable avalanche de buts décrite ainsi par Eric Gerald : « une entente une-deux Perrin-Gasparini permet à ce dernier de battre Schuth sorti à la rencontre de Perrin (12e, 1-0) ; Merschel, en possession de la balle à 35 m, face au but adresse un tir puissant qui surprend Kraft (17e, 1-1) ; Lemerre tire le coup franc et sert astucieusement Herbet, infiltré dans le mur. Son tir ne laisse aucune chance à Schuth (19e, 2-1) ; sur centre de la gauche de Roy, Cardoni reprend, mais le goal repousse la balle. Elle revient dans les pieds de Salaber qui la loge dans le but vide (28e, 3-1) ; c’est encore Lemerre qui tire sur la droite, face au but. Salaber reprend et sert ¨Perrin. Ce dernier loge la balle dans un coin inaccessible pour le gardien (35e, 4-1) ; sur un corner tiré par Salaber, Perrin reprend « en drop » et trompe le gardien (54e, 5-1) ; sur tir de l’aile, Kraft plonge mais lâche le ballon au pied du poteau. Farias bien placé n’a aucune difficulté pour le loger au fond des filets (89e, 5-2) ».

Le journal « L’Union » titre « Le cyclone « Sedan » submerge la défense alsacienne » et propose à ses lecteurs ceci : « oui, il y a bien longtemps que les habitués du stade Emile-Albeau n’avaient assisté à une telle rencontre, menée sur un rythme vraiment infernal par les jeunes « protégés » de Dugauguez qui ne laissèrent aucun répit à leurs adversaires absolument médusés. Première mi-temps époustouflante, captivante au possible et de ce fait très spectaculaire. Rarement, il nous a été donné de voir les supporters ardennais aussi enthousiastes devant l’aisance manœuvrière de leurs favoris, devant une ahurissante vitesse de circulation de balle qui semaient sans cesse le désarroi dans les lignes arrières alsaciennes repliées en nombre par la force des choses. En inscrivant un second but, Strasbourg venait de minimiser une défaite qui aurait pu tourner au désastre… »

Dans « L’Equipe » Jean Cornu écrit : « Les jeunes sedanais furent fracassants… Strasbourg battu, écrasé même à Sedan (5-2) a déçu. Après sa brillante victoire sur Milan -en rodage, il est vrai- on était en droit d’attendre mieux des Alsaciens » et Marcel Perrier, sous le titre « Les feux follets sedanais ont affolé Strasbourg » note « les attaquants sedanais étaient en verve et ils ne laissèrent pas une minute de répit à la défense visiteuse constamment harcelée et parfois réduite à des expédients pour écarter un danger toujours menaçant ».

Et, dans « France Football », toujours sous la plume de Marcel Perrier, on lit « Il ne fallut pas plus d’une mi-temps pour que les Alsaciens se retrouvent battus dans tous les domaines, tant en vitesse d’exécution que dans l’organisation et la finition des offensives. Les jeunes attaquants sedanais faisaient feu des quatre fers sous l’impulsion d’Herbet, clairvoyant et omniprésent. La formation ardennaise imposa sa loi sans coup férir ».

Après être rentrés au vestiaire à la fin du match, les Sedanais affichaient une remarquable fraîcheur. Et Jean-Pierre Poplin de répliquer « vous savez, lorsqu’on gagne, on ne sent pas sa fatigue… »

Revers de la médaille : les farouches supporters de l’UAST sortis enthousiastes d’Albeau devaient vite perdre leur sourire en arrivant près de leurs voitures. En effet, un certain nombre d’entre elles avaient été revêtues d’un…petit papillon ! Ah, la vilaine ronde des petits papillons ! Le mécontentement chez les supporters ardennais était général et le défilé qui devait suivre en direction du commissariat en était la preuve…





Claude LAMBERT

Note:


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