10 juillet 2006 > Chronique du passé

Coupe des Ardennes, juin 1980

Allez Sedan.com

Outre les championnats, l’UA Sedan Torcy mais aussi le CS Sedan Ardennes ont disputé bon nombre de matches de Coupe.

Et ce, sous différentes appellations : Villes de Foire, l’Amitié, Rappan, Drago, Vainqueurs de coupe, Intertoto, France, Ligue.

Il en est une autre pour laquelle, chaque saison, le club sedanais a toujours été sur la ligne de départ : c’est la Coupe des Ardennes.

Un coup d’œil sur le palmares de cette compétition et l’on constate que les Sedanais l’ont remportée plusieurs fois. Prenons un seul exemple, en juin 1980. Il y a 26 ans…

A cette époque, le onze fanion sedanais a déjà quitté les «hautes sphères » du football français puisque malgré une ultime victoire acquise en juin 76 au stade Emile-Albeau face au Paris FC (3-0), il a dû abandonner la division 2 et voilà qu’il « végète » en division 3, groupe Nord.

En cette saison 79-80, il termine au huitième rang, bien loin d’Abbeville alors sacré champion d’une poule qui comporte 16 équipes.

Pourtant, en début d’exercice, il a été fait appel à Synakowski (Bouillon), Borkowski (Troyes), Luczkow (Glaire), Perez (Entente Charleville), Houillon (Wellin, Belgique), Douliné (Flize) ainsi que les frères Leduc (Signy-le-Petit). Côté départs, il a été enregistré ceux de Dubois (Saint-Dizier), Loric et Del Sordo (Poissy) et surtout du futur international Luc Sonor parti tenter sa chance au FC Metz.

Lors de cette saison 79-80, on retiendra pour ce qui est de l’actualité football, le fait que Célestin Oliver n’est plus entraîneur de Toulon, Serge Dellamore a rejoint Jacky Le Bihan à Rethel, le décès de Dominique Rustichelli, Yves Herbet qui a fini sa carrière de joueur à Martigues est tout aussitôt promu major du stage d’entraîneurs à Vichy, Alain Polaniock abandonne le Stade de Reims pour le FC Metz, Gérard Tonnel est nouvel entraîneur à Châlons-sur-Marne alors que Roger Lemerre est toujours en place au Paris FC.

La saison est riche aussi au CSSA avec « Dédé » Perrin qui arrête à Bertrix pour prendre en charge les juniors sedanais, l’ouverture d’une classe « foot » au collège Turenne, le retour au club de Christian Saurfeld mais aussi la venue d’Etienne Martinot qui quitte le voisin rémois, la double fracture tibia-péroné survenue à Boulogne pour l’infortuné Richard Baré et enfin, courant mai, Pierre Tordo parti en 74 à Châtellerault, qui retrouve Sedan…

Nous voici le samedi 21 juin 1980, à 18 heures, pour la finale de la Coupe des Ardennes disputée au stade Roger-Salengro de Charleville-Mézières. Les deux adversaires sont connus : le CS Sedan-Ardennes et l’ES Carignan-Linay.

Pour parvenir en finale, les Sedanais ont écarté de leur route Bourg Fidèle (1-0), Neufmanil (5-1), Saulces-Monclin (4-2) et Vouziers (3-0) alors que Carignan-Linay a éliminé successivement Vireux (2-0), Monthermé (5-0), Givet (1-1 puis 4-0) et enfin l’Olympique de Charleville (4-2).

« L’Ardennais » titre en page « Sports » ceci « Carignan défend son trophée face à des Sedanais motivés ». Et Lionel Juy d’écrire « c’est le match au sommet de la saison ardennaise ! Si Sedan est toujours le club du département opérant au plus haut niveau, c’est surtout son passé qui lui vaut la place qu’il a toujours dans les cœurs des sportifs ardennais, car il faut bien dire que l’équipe d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle qui brilla sur le plan national. Il reste que pour tous les clubs ardennais, Sedan est toujours l’équipe à battre et chaque match contre elle prend un caractère particulier. De plus, après une saison assez décevante en division 3, le club a connu une fin de saison mouvementée dans les coulisses. Les départs de Christian Perrin et Yvan Roy marquent aussi un tournant dans la vie du club comme le retour de Pierre Tordo. Les dirigeants, qui ne cachent pas qu’ils aimeraient retrouver au plus vite la division 2, espèrent que ce changement sera bénéfique… »

Pour sa part, l’Entente Carignan-Linay a connu une ascension assez exceptionnelle passant en quelques saisons de la 3 ème division Ardennes à la D 4 nationale qu’elle vient d’accéder après avoir disputé des barrages.

On lit encore dans « L’Ardennais » que « c’est une équipe en pleine euphorie que les Sedanais vont retrouver en finale. Une équipe qu’ils connaissent bien et… qui ne l’a jamais battue en match officiel ! Les spectateurs seront certainement nombreux malgré un prix trop élevé des places à notre gré : 20 et 30 francs ! »

Les Yvoisiens ne se présenteront pas au complet mais ils ont des arguments à faire valoir : la volonté de Mouny ou Jacques, la classe de Bohand et Delcampe ainsi que l’activité de Michel Le Flochmoan.

Quant aux Sedanais, ils compteront sur une « grande » défense (l’une des meilleures du groupe Nord de D 3) et sur la vivacité de leurs attaquants.

« Le spectacle devrait être de qualité » pronostique Lionel Juy évoquant aussi en guise de conclusion « l’ambition de Carignan et l’esprit de revanche de Sedan ».

Dans « L’Union », sous le titre « La finale de la Coupe des Ardennes : dernière étape pour l’Entente Carignan-Blagny », on lit « Les Yvoisiens voudraient bien terminer leur saison en apothéose. L’Entente aura fort à faire devant Sedan qui, pour une fois, sera dans la peau du challenger et qui, de ce fait, sera beaucoup plus motivé. L’Entente compte bien forcer le destin et mettre Sedan à son tableau de chasse… Elle en est capable ! Un match que suivra avec beaucoup d’attention Christian Perrin, le nouvel entraîneur de l’Entente Carignan-Linay et qui cette saison entraîna Sedan… »

Alors que Floing conserve la Coupe Renoy et que « Casita Bogny » s’attribue la Coupe Bergé, « L’Ardennais », évoquant la finale de la Coupe des Ardennes, titre le lundi 23 juin « Les Sedanais « la » voulaient : 2-1 ».

Le temps est incertain et le terrain glissant. On dénombre 2.000 spectateurs lorsque l’arbitre, M. Roger Dugénie, libère les acteurs : côté sedanais, Luczkow, Borkowski (puis Perez), Raux, Trassart, Martinot, Lefebvre, Zanelli, Curé (puis Proveux), Carbonel, Leduc, H. Buffet et, à l’Entente, Fulgenzy, J. Le Flochmoan, Jacques, Mouny, J. Garcia, Valette, Chrétien, Bohand, M. Le Flochmoan, Delcampe, F. Garcia (puis Legoff).

A Salengro, la coupe se trouve sur une table juste derrière le banc des Sedanais : un présage de bonne augure pour les « vert et rouge » qui, depuis 1945, l’ont déjà remportée à sept reprises soit le record en la matière ?

D’entrée, le lecteur qui n’a pas assisté à la finale apprend que « ce ne fut pas un grand match de football mais ce fut un véritable match de coupe » et Lionel Juy de poursuivre « la finale a comporté tout ce que l’on peut attendre d’un match de Coupe : rebondissement, indécision et âpreté avec même des instants de franche brutalité. Pourtant bien longue à venir, la victoire des joueurs du président Nix est des plus méritée, elle venait concrétiser une domination quasi constante de l’équipe qui s’était montrée la mieux organisée, la plus déterminée et surtout celle qui fit montre de plus de fraîcheur physique. Par ailleurs, l’arbitre fut un peu dépassé… En première mi-temps, les Sedanais -encouragés notamment par un clairon et un cor de chasse !- qui semaient la panique dans la défense adverse pêchaient terriblement au moment de conclure et, dès la reprise, leurs adversaires égalisaient si bien que pour Sedan tout était à refaire… Delcampe était parfaitement muselé par un Raux parfaitement irréprochable… Sous l’impulsion de Curé et Zanelli, les meilleurs sur le terrain, les Sedanais reprenaient le dessus, la domination sedanaise était stérile et alors qu’on commençait à penser aux prolongations, les Yvoisiens d’enhardissaient et les Sedanais, sous les yeux de Richard Baré, n’étaient pas à l’abri d’une défaite ce qui rendait la finale indécise… Mais, les Sedanais marquaient un second but… Libérés, ceux-ci affolaient totalement, jusqu’au coup de sifflet final, la défense rivale ».

Les buts ? Tout d’abord « Carbonel, sur corner, adresse la balle à Curé qui, de la tête, rabat pour Leduc. Celui-ci, dans une forêt de joueurs, parvient à batte Fulgenzy d’un tir à ras de terre (44e) », puis « Valette, laissé libre de ses mouvements à 20 m des buts sedanais, après un contrôle plus ou moins douteux, place un tir instantané à ras de terre sur lequel Luczkow doit s’incliner (46e), enfin « un centre de Zanelli ne peut être repoussé par la défense de Carignan et Curé est le plus prompt à pousser la balle derrière la ligne (87e) ».

Le public leur réclamant un tour d’honneur, les Sedanais -managés par Jean-Claude Hautier- s’exécutèrent aussitôt ce qui endommagea la piste en tartan…

Pierre Tordo aurait dû être présent à cette finale mais, étant empêché, il n’a pu assister au succès de ses futurs joueurs.

Dans « L’Union », le titre « Sedan court vainqueur » et, sous la plume de Daniel Delys, on lit « ce fut, entre deux formations attentives, hésitant à se livrer, un combat d’embuscades dans lequel le système défensif prima sur l’attaque et où le milieu de terrain mobilisa l’attention. A ce jeu subtil, Sedan exposa de meilleures qualités techniques qui lui valut avec une meilleure occupation du terrain, une domination génératrice d’occasions de buts plus constante. La victoire sedanaise fut plus logique que formelle et opulente ! »

Dans le vestiaire yvoisien, on pouvait entendre « nous ne gagnerons jamais devant Sedan en jouant comme on le fait devant eux puisque à chaque fois qu’on les rencontre on joue la défense… »

Sur la demande des joueurs, le président Nix décide de leur donner le maillot -orné d’un nouveau sponsor- de la finale.

Pour Jacky Nix, l’après-midi a été prolifique car, directeur de l’entreprise « Casita », il a assisté, en ouverture, au succès de ses poulains. Coupe Bergé et Coupe des Ardennes : double arrosage !

Chez les Sedanais, on s’est rappelé qu’en juin 79, la finale Sedan-Carignan s’est achevée, après prolongations, sur un score nul et vierge et, à l’époque, Yvan Roy ne voulant pas compromettre le début de saison en division 3 a décidé de ne pas rejouer un match programmé le… 7 juillet ! Sedan préféra laisser le trophée aux Yvoisiens…

Ce forfait était resté en travers de la gorge de plusieurs sedanais… On connaît la suite !


Claude LAMBERT.


Note:


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