27 juillet 2006 > Chronique du passé

Lens - RC de Paris-Sedan 66-67

Allez Sedan.com

Actuellement, le club phare ardennais se dénomme le CSSA. Ce ne fut pas toujours le cas et ce pour différentes raisons… Ces modifications souvent d’importance ont elles débuté sous les meilleurs auspices ? Tenez, nous sommes à la fin de la saison 66-67 et la formation ardennaise s’appelle…

A l’époque, Sedan fait partie de l’élite et le Racing Club de Paris est à l’étage inférieur. Son Président n’est autre qu’André Dehaye. Une véritable bombe éclate dans le Landernau du football français : « l’Association Racing-Sedan » est à l’étude ! Début juin, le quotidien sportif « L’Equipe » évoque « l’Entente Racing-Sedan ».

Mai 1966 : le Racing Club de Paris -qui a enrôlé voici quelques saisons les Ardennais Roger Marche et Francis Magny- végète en Division 2 ! C’est alors que Pierre Michelin est appelé pour disputer « le Tournoi de Paris » auquel participe la formation sedanaise qui, avec Herbet et le Racingmen Oudjani, élimine le Sparta Prague, tenant du trophée (2-1). Dans la cage parisienne, Jean-Paul Kraft qui appartient toujours à Sedan !

Et puis, le 15 juin 1966, la presse nationale n’hésite pas à écrire que « c’est le mariage de raison du Sanglier et du Pingouin ». Les modalités : le Président est Maurice Laurant ; l’identité du nouveau club est le Racing Club de Paris-Sedan ; les couleurs : bleu et blanc avec écusson vert et rouge ; l’entraîneur Louis Dugauguez ; les matches en alternance au stade Emile-Albeau et au Parc des Princes ; durée : deux saisons.

La fusion est entérinée par le Comité directeur du Groupement à l’unanimité… moins une voix (absence) et il y a aussi unanimité au sein du Comité directeur de l’UA Sedan-Torcy.

Le onze ardennais-parisien s’incline en finale du Tournoi devant Anderlecht (1-2) et, ultime péripétie, l’assemblée générale des clubs autorisés demande que tous les matches soient disputés au stade Emile-Albeau de Sedan, quatre matches dit « de gala » se déroulant au Parc des Princes.

La saison 66-67 peut commencer et, à la reprise, les Parisiens André Mérelle, Michel Watteau, René Sillou, Ahmed Oudjani et José Broissard sont présents.

Mérelle, qui consent à vivre à Sedan jusqu’à l’ouverture des Facultés, diffère sa signature et donc sa venue au RCPS alors que le Yougoslave Maravic ainsi que Duffez sont libres, Brucato s’en retourne à Rennes et Emilio Salaber… abandonne le foot pro !

Comme de coutume, les matches amicaux se succèdent et les adversaires se nomment Standard de Liège puis Anderlecht, champion de Belgique.

La première journée de championnat propose aux Ardennais d’aller affronter les Lensois dans leur fief de Bollaert. Pour se rendre dans l’Artois, Louis Dugauguez a décidé de reconduire l’équipe qui « a fait un match de premier ordre devant les Anderlechtois, la victoire obtenue chez le voisin belge (2-1) l’étant au prix d’une excellente prestation collective. La défense, autour de Lemerre et de Tordo, tint en échec l’attaque, pourtant réputée, des Bruxellois. Quant à l’attaque, elle donna du mal aux défenseurs belges grâce à sa mobilité et à l’appoint d’Oudjani, solide et opiniâtre ». Telle est l’appréciation émise dans « L’Ardennais ».

Pour l’instant, « M’sieur Louis » ne peut compter sur Sillou, blessé au genou, et sur l’ailier Broggini qui souffre d’une légère contracture à la cuisse et qui donc demeurera aussi sur la touche.

Journée inaugurale saluée ainsi par « L’Ardennais » : « Le RCP-Sedan débute devant Lens avec les vainqueurs d’Anderlecht ». Dans son « papier » de présentation, Claude Leheutre évoque le départ de « Dédé » Perrin à Lyon et présume que « les Sedanais vont tenter de prendre un bon départ au stade Félix-Bollaert face aux Lensois d’Elie Fruchart. Ce sera le premier match officiel de Watteau et d’Oudjani avec leur nouvelle équipe. On peut rappeler, à ce propos, qu’il n’y a pas si longtemps, Oudjani faisait les beaux jours de Lens lorsqu’il évoluait au centre de l’attaque nordiste ». Et de préciser que « le RC Lens a préparé sa saison en jouant contre Rouen, Boulogne, Union Saint-Gilloise et les amateurs d’Aulnoye écrasé par… 8 à 1 ! Rajeunie, la formation nordiste est déjà bien rôdée » pour conclure en ces termes « la confrontation entre Nordistes et Ardennais doit donner lieu à une lutte de tempéraments placée sous le signe de la jeunesse et de l’ardeur. Ce n’est pas toujours si fréquent… »

Dans « L’Equipe », Marcel Perrier écrit que « le RCP-Sedan devra confirmer ses bonnes prestations en tenant tête à un adversaire qui a adopté la même politique de jeunes et qui pratique aussi un football direct, rapide, décidé, et basé sur une très bonne condition physique. Rastoll sera le douzième homme et il accompagnera ses camarades qui sont partis en autocar spécial ».

Dans le même journal, le correspondant nordiste André Delannoit, sous le titre « Krawczyk devra faire oublier Bourrier », note que « le stade de préparation des Lensois est très avancé alors que les Sedanais sont aussi très au point… L’équipe « minière » ne présentera aucun visage nouveau. La défense semble bien soudée et, dans la ligne offensive actuellement très affûtée, on retrouvera notamment les frères Lech ».

Dans son édition du lundi 22 août 1966, « L’Ardennais » titre « Excellent match de reprise au stade Félix-Bollaert. Le RCP-Sedan : un point à Lens (2-2). Les Ardennais menaient 2-0 quand Georges Lech se déchaîna… »

L’arbitre du match est M. Helies et les deux équipes se présentent ainsi : côté sedanais, Tordo, Gasparini, Marie, Lemerre, Medot, Herbet, Cardoni, Di Salvio, Oudjani, Watteau, Roy et, chez les locaux, Taillandier, Begue, Deschamps, Kalman, Placzek, Krawzyk, Senac, Ben Tahar, G. Lech, B. Lech et Courtin.

Ils sont 9.005 supporters à Bollaert et ils ont droit à quatre buts. Leur description faite par Claude Leuheutre, l’envoyé spécial de « L’Ardennais » : « percée d’Oudjani sur la droite. Di Salvio, à la réception de la balle, au centre du terrain, est fauché par Deschamps. C’est le penalty indiscutable que transforme Watteau (4e) ; Herbet lance Roy au centre de la défense. L’ailier gauche sedanais résiste à un croc en jambe de Kalman, évite Taillandier sorti à sa rencontre et marque un second but (27e) ; Georges Lech récupère la balle à 25 mètres des buts sedanais. Il entreprend et réussi un magistral slalom avant de venir tromper Tordo (61e) ; Courtin échappe à Gasparini sur la gauche, glisse à Georges Lech démarqué à 20 mètres des buts adverses. L’international lensois s’avance de quelques pas et place un tir terrible : la balle va se loger dans la lucarne droite du but ardennais (75e) ».

Autres titres relevés, dans « L’Union » : « A Lens, le RC Paris-Sedan s’assura deux buts d’avance, mais se fit remonter » et, pour « L’Equipe », « En un quart d’heure, Georges Lech sauve Lens devant le RC Paris-Sedan ».

Dans le premier nommé, on peut lire « nous avons vu, en première mi-temps, une équipe sedanaise en bonne condition physique attaquer franchement les opérations et Oudjani se rappela au souvenir de ses anciens supporters. Le penalty paralysa les Lensois dont la défense qui s’affola. Supérieurs en technique, affichant une certaine maturité, les Sedanais méritaient leur avance prise au repos. L’allure du match avait été rapide et ce furent les Sedanais qui ressentirent la fatigue. Les Lensois ne se découragèrent pas et, ayant réduit le score, ils repartaient de plus belle… Georges Lech fusillait de nouveau Tordo… Egalisation inespérée mais, que s’était-il passé ? Le duo Watteau-Herbet, excellent en première mi-temps, avait faibli… et il s’en fallait de peu pour que Lens n’obtienne dans les dernières minutes un succès qui eût été sévère pour les visiteurs ».

Dans le second, sous la plume de A. Delannoit, ceci « on attendait une confrontation attrayante de deux jeunes équipes enthousiastes et au style percutant. On ne fut pas déçu. Match extrêmement animé et qui resta indécis jusqu’au coup de sifflet final. Changement de décor en seconde période avec un premier quart d’heure sensationnel. Après avoir été organisateurs, Watteau accomplit un travail énorme derrière et Herbet joua également très en retrait si bien que l’attaque sedanaise réduite à deux seuls éléments, Oudjani et Roy, était facilement contenue par les défenseurs lensois. Les locaux qui sentaient leurs adversaires faiblir appuyaient sur l’accélérateur et marquaient à deux reprises ».

Au vestiaire, pas de déception malgré la sensation d’être passé tout près d’une victoire à la portée d’une équipe déjà bien au point. Pour Louis Dugauguez « si Roy puis Oudjani avaient marqué sur l’une des deux occasions qui leur furent offertes au début de la seconde mi-temps, nous aurions gagné à coup sûr mais il faut dire que Georges Lech fut extraordinaire et qu’il nous a fait du mal… » Quant à Maurice Laurant, il déclare « ce fut un bon match et si nous avons raté la victoire, il faut dire que Lens la méritait tout autant que nous ».

Pour sa part, Elie Fruchart affirme que « le public a eu tort de siffler les bévues commises par mes jeunes joueurs. Cela aurait pu nous coûter bien plus cher encore… »

Spectateur attentif, Georges Verriest avoue « avoir remarqué Herbet, Watteau, Roy, Lemerre et Cardoni ». Des propos tenus par un…ancien sélectionneur !

Claude LAMBERT


Note:


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