Pierre Bohant, serviteur à jamais...

A l'occasion du derby opposant Sedan à Reims, une minute d'applaudissements a salué la mémoire de Pierre Bohant qui, toute sa vie durant, a oeuvré pour l'UAST puis le CSSA, un Club qu'il chérissait avant tout ...

Né le 22 septembre 1929 à Sedan, il était le fils de Odon, boulanger avenue des Martyrs de la Résistance à Sedan et de Lucie. Il avait eu deux soeurs, Colette et Christiane, voisine des Noah à la Sorille, et un frère, Bernard, décédé.
Le certificat d'études primaire en poche, il commença à travailler très jeune, comme mitron, auprès de son papa. Adorant les chiffres, il fut comptable à la Grande Brasserie Ardennaise.
Patriote, il devait faire son service militaire en Allemagne.
Lors d'un match de basket, il fit la connaissance de Janine qui allait devenir son épouse.
Mais vite, le foot l'accapara. Curieusement, lors de la saison 46-47, alors junior, il devait être convoqué pour un match qu'il ne disputa pas ! Dès lors, il avait le pied à l'étrier...

En 1948, ce solide milieu de terrain avait le grand mérite de travailler au fournil une bonne partie de la nuit tandis que son épouse se tenait au magasin pour servir les clients.
Le couple devait compter trois enfants au foyer: Martine, Jean-Pierre et Thierry. La fratrie témoigne : "Pierrot" n'avait pas beaucoup d'autorité, il était avant tout attentif et gentil.
Malheureusement, il devait perdre sa femme en février 97 et il décida de rester dans leur maison.
Assurément "la" boulangerie restait bien ancrée dans la famille Bohant puisque le gendre, Pascal, succéda à Roger Gourdet qui tenait commerce à Vrigne-aux-Bois.
Bien que son dur métier l'obligeait à une activité nocturne fatigante, Pierre qui avait eu des problèmes avec ses ménisques et avait horreur des hôpitaux, fut sollicité par un certain Maurice Christophe, instituteur bien connu dans le Sedanais, pour faire partie de l'Ecole de Football Sedanaise qui, chaque jeudi, au crassier ou au vélodrome, accueillait bon nombre de jeunes.
Elle avait été créée en 1950, ses statuts en tant qu'association ayant été déposés en préfecture le 5 juillet 1951, date d'anniversaire de M. Christophe.
Cette institution comptera jusque quatre boulangers-moniteurs: Pierre Bohant, Michel Charlot, René Muller et Vincent Fretz !
A leurs côtés, on retrouvait Joseph Kuzmir, Henri Nicolas, Georges Grimberg qui tenait une chemiserie en centre-ville, Charles Mohimont, salarié chez Sommer, Bernard Devillez, et bien d'autres encore.
Au début de la saison 52-53, lors de l'assemblée générale qui se tenait dans le grand salon de la mairie, Louis Dugauguez demanda à Pierre Bohant et Michel Charlot qui ne jouaient plus, de devenir moniteurs au sein de l'Ecole.
Tous étaient bénévoles et ils ne comptaient pas leurs heures pour le club cher aux frères Laurant, à Louis Dugauguez, et à Gaëtan Chrétien notamment.
Dévoué à l'extrême, il était de bons rapports avec tout le monde, les Laurant en tête et il faisait tout pour que l'âme du club ne disparaisse pas...
Toujours en survêtement, "Pierrot" se faisait un devoir et un plaisir d'accompagner chaque dimanche une équipe de jeunes. Ceux-ci brillaient sur tous les terrains du Nord-Est, portant haut et fort les couleurs vertes et rouges.
En 1982, il succédera à Jean-Marie Mellet en tant que Président de ladite Ecole.
Atteint de la maladie de Parkinson et donc se sentant diminué, Pierre Bohant ne put poursuivre mais cela ne l'empêchait pas de continuer à se rendre au stade Emile Albeau puis à Louis Dugauguez, comme quoi sa passion pour le ballon rond était tenace.

Longtemps au District des Ardennes et organisant des plateaux pour les jeunes, il donna son nom à une coupe et il se faisait une joie de la remettre au capitaine victorieux.
Outre le foot, il aimait lire des livres d'Histoire et jouer à la belote avec des amis mais aussi il était passionné par les mots fléchés, ce qui lui permettait d'entretenir sa mémoire.
Il aimait évoquer le temps jadis, notamment le "Père Diaz", ancien gardien du stade Albeau, et il suivait toujours l'actualité footballistique, Sedan bien sûr mais aussi Saint-Etienne et Lens ses deux équipes préférées. Sans oublier Auxerre et "l'esprit Guy Roux". Et les Bleus qu'il suivait devant son téléviseur.
A ses heures perdues, il écrivait des poèmes notamment un en hommage à Louis Dugauguez, qui évoquait les pionniers de l'UAST, Maurice Christophe, le docteur Tissot, etc.
Seule ombre au tableau: on lui avait volé un de ses gros classeurs dans lequel il prenait plaisir à coller tous les articles de presse relatifs au foot qu'il avait soigneusement découpés.
Après une vie vouée à sa famille et au football, Pierre Bohant, serviteur hors pair, s'en est allé avec la discrétion qui le caractérisait.
Preuve de son attachement viscéral au club célèbre pour ses footballeurs ouvriers et ardents Ardennais, Monsieur Bohant a été inhumé avec une écharpe verte et rouge dans son cercueil ...

Claude LAMBERT

 

Note:


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