04 août 2020 > Nécrologie

Hommage à Alex Dupont

Allez Sedan.com

Véritable amoureux de la vie, celle-ci a malheureusement laissé tomber Alex Dupont ce 1er août 2020. Retour sur celui qui a inauguré le Stade Louis-Dugauguez, emmené Sedan en Coupe d'Europe et restera à jamais dans nos mémoires.

 

Amoureux de Dunkerque où il est né, a grandi, joué et commencé à entraîner et après des passages à Boulogne et Charleville, c'est à Gueugnon que la carrière de coach d'Alex Dupont décollera. Son palmarès aussi : alors en D2, il emmène l'équipe des Forgerons vers une victoire inattendue en Coupe de la Ligue en 2000. La saison suivante, direction Sedan, où il remplace un Patrick Remy très populaire, auréolé d'une 7e place de D1 un an après avoir fait monter le club et l'avoir emmené en finale de Coupe de France, pas une mince affaire.

 

Signe d'un changement de dimension, le CSSA commence sa saison le 1er juillet par un déplacement en Islande pour y affronter Leiftur, vainqueur de Lucerne au tour précédent, en Coupe Intertoto (raconté par Claude Lambert). Les Sedanais s'y imposeront 3-2 puis confirmeront à domicile (3-0), avant de tomber face à Wolfsburg (0-0 puis 1-2). Mais qu'importe, l'essentiel est ailleurs : à la colonne vertébrale héritée du National s'ajoutent quelques recrues bien senties, notamment deux Sénégalais venus de Monaco, Salif Diao et Moussa N'Diaye et surtout le nouvel entraîneur respecte la recette qui a permis aux Sangliers de revenir sur le devant de la scène. Sedan est entre de bonnes mains.

 

Difficile pourtant d'imaginer à quel point, car si les favoris déçoivent et que le championnat est extrêmement serré (à la trêve, aucune équipe jusqu'à la 16e place n'a plus d'un point de retard sur celle devant elle !), le CSSA tire particulièrement son épingle du jeu et enthousiasme la France du football par son jeu offensif et direct et ses personnalités atypiques. Jusqu'à prendre la première place en novembre, le temps de deux semaines. Puis arrive la 19e journée et la réception du Paris Saint-Germain.

 

Impossible de ne pas évoquer ce match, essentiel dans les souvenirs de cette génération, une véritable furia ardennaise dans un stade Louis-Dugauguez inauguré deux mois plus tôt, où les hommes d'Alex Dupont renversent le PSG 5-1 (et le score est presque flatteur) après une seconde mi-temps incroyable et reprennent la tête du championnat. La fin de championnat est plus difficile et le CSSA finira à 16 points du champion nantais, mais la 5e place obtenue reste encore aujourd'hui le meilleur classement obtenu ces 50 dernières années. Sedan retrouve la Coupe d'Europe, la vraie.

 

La suite est encore douloureuse à évoquer : après seulement 7 journées (Sedan est alors 11e de D1) et surtout la cuisante défaite 4-0 à Pribram en match aller de Coupe UEFA, Alex Dupont est limogé le 22 septembre 2001. Un an après Remy, c'est au tour de Dupont de faire les frais de la grenouille qui se veut plus grosse que le boeuf, en oubliant quelque peu que quelques années plus tôt, celle-ci était encore engluée en troisième division. A trop jouer avec le feu on se brûle, et l'arrivée de Stambouli pour le remplacer fut le début de la fin pour le CSSA et pour une génération qui l'a ramené au sommet, peu à peu écartée par le nouvel entraîneur qui souhaite faire table rase du passé.

 

A Laval, qu'il sauve de la relégation en opération commando, puis à Brest qu'il emmène en Ligue 1 et qu'il maintient, le nom d'Alex Dupont (ou Sir Alex pour les Bretons) restera. A Sedan tout autant. Il aura été le digne successeur de l'architecte Metsu et du bâtisseur Remy,  aura assumé le changement de statut du CSSA tout en respectant son identité et en laissant d'impérissables souvenirs à ceux qui ont pu voir jouer son équipe qui a régalé bien au-delà des frontières du département. Plus tard, en revenant à Sedan, il aura aussi été celui qui n'hésitait pas à partager une bière et parler de tout et de rien à des anonymes qui repartiront avec des anecdotes plein la tête sur cet homme, entraîneur professionnel, épicurien et surtout vrai bon mec.

 

Parce que la Coupe d'Europe a pu passer par les Ardennes, parce qu'on va continuer encore longtemps à emmerder tout le monde et surtout les Parisiens avec ce putain de 5-1, parce que votre équipe a été la première à fouler la pelouse du Stade Louis-Dugauguez, parce que celle-ci reste la plus belle que ce stade ait connu vingt ans plus tard et qu'on ne peut même pas s'y rendre pour vous rendre un dernier hommage, parce qu'on vous associera à jamais à l'histoire de notre club, merci et adieu monsieur Dupont.