20 octobre 2004 > Chronique du passé

Il y a 31 ans: exploit des Sedanais à Marseille

Allez Sedan.com

Retrouvez un nouvel article de Claude Lambert, aujourd'hui, le superbe exploit des Sedanais qui ont sauvé leur place en D1 en s'imposant au vélodrome, au printemps 1976.



Ainsi donc, les « Verts » de Saint-Étienne viennent-ils d’échouer au célèbre Vélodrome de Marseille. Ils n’y ont plus gagné depuis août 79. Quant aux « Verts et Rouges », à quelle date remonte leur ultime victoire dans ce même fief phocéen ? Durant leur récent retour parmi l’élite, les Sedanais se sont toujours inclinés dans l’enceinte phocéenne : 3-0 (31-7-1999), 2-1 (14-4-2000), 2-1 (30-1-2001), 4-2 (19-5-2002. Alors, à quand ce succès « historique » ? …

Nous sommes en fin de saison 72-73. Au classement de la division 1, les Ardennais ne sont pas au mieux. Avant de se rendre sur la Canebière, ils affrontent, en amical, les Belges du Crossing de Bruxelles et ce afin de garder le rythme de la compétition. Convoité par Nice, l’ailier Serge Dellamore -appelé en Equipe de France Espoirs- et les siens confirment leurs bonnes dispositions (2-0). En recevant le Stade Rennais, Sedan a une belle occasion à saisir. Mais, cruelle déception, les Bretons s’imposent de justesse au stade Emile-Albeau (3-2) et, du coup, les Sedanais laissent échapper leur maintien à cause d’une défaite qualifiée de « normale. » Pour une fois, l’arbitre, M Kitabjan, celui qui refusa un penalty, en mai 65, à « Nénette » Herbet, lors de la finale devant ce même adversaire, n’y est pour rien… N’empêche qu’il n’est pas un porte-bonheur pour la formation sedanaise !

Avant de se rendre à Marseille, Louis Dugauguez espère pouvoir récupérer Michel Collinet et Gérard Tonnel, tous deux sélectionnés en Equipe de France Amateurs et partis en Hollande.

« Pour finir, c’est Marseille ! » titre la presse. Mathématiquement, Sedan serait sauvé s’il venait à partager les points et, dans ce cas de figure, les résultats de ses rivaux directs, à savoir Valenciennes et le Red Star, importent peu.

Dans les rangs marseillais, Mario Zatelli peut miser sur un effectif très riche mais, pour recevoir les Sedanais, il doit compter sur plusieurs défections : Keita, Magnusson, Kula, Lopez et Bonnel. N’empêche que les Méridionaux, classés juste derrière Nantes et Nice, viennent d’être accrochés dans leur stade fétiche par les Aiglons niçois (1-1) et, dans les Ardennes, les supporters croient encore au… miracle !

Pour cette nocturne du 2 juin 1973, il fait un temps printanier en terre provençale et « M’sieur Louis », avant le coup d’envoi, en fumant tranquillement une cigarette, avance « nous allons essayer de nous rattraper de notre récent faux pas. » Nous verrons bien…

Chez les locaux, on aligne Carnus, Bracci (puis Ropero), Bosquier, Zvunka, Le Boedec, Franceschetti, Novi, Eon, Gress, Skoblar et Leclercq alors qu’en face on retrouve Charrier, Beaurain, Fugaldi, Rampant, Farrabi, Le Bihan, Cardoni, Collinet, Wicke, Osim (puis Borgoni) et Mariot. Au sifflet officie M. Debroas et on dénombre… 5.875 spectateurs payants ! Une misère…

Sedan repartira-t-il bredouille alors que Dellamore, blessé, ne peut effectuer le déplacement, et qu’Ivica Osim doit jouer avec une entorse à une cheville ?

Ô peuchère, incroyable mais vrai, Sedan réalise l’exploit !…

Pour Victor Peroni, envoyé spécial du quotidien sportif « L’Equipe », « Sedan mérita sa victoire ! ». Ce succès (1-0) fut « orchestré par l’immense Yougoslave, la seule grande vedette de cette équipe jeune qui demeure étonnamment ardente. »

Le journal parisien titre « O.M. battu : bouquet final ! » alors que « L’Ardennais », sur huit colonnes, titre, en caractères gras, « Sedan a réussi ce qu’on espérait plus. Le but de Wicke : une revanche ! »

Après le repos, les Sedanais viennent d’apprendre que leurs adversaires directs ont, en ouvrant le score, pris une option pour le maintien et, en conséquence, ils n’ont pas le choix : il faut accélérer l’allure !

Venons-en à ce fameux but. Il est inscrit à la 65 ème minute de jeu : « Les Sedanais vont être enchantés car Wicke, déporté à droite dans un angle impossible, place un tit croisé qui trompe Carnus, ce dernier effectuant pourtant une parade désespérée… »

Jusqu’au bout, les Sedanais, tout de rouge vêtus, vont faire le maximum afin de « tenir » cet excellent résultat qui, au classement, permettra de laisser derrière eux Valenciennes, le Red Star et Ajaccio.

L’abnégation n’est pas vaine côté sedanais. On voit même Gress obligé de changer de… culotte, la sienne étant endommagée par les charges de deux adversaires sedanais !

Le public du Vélodrome est mécontent et René Charrier, le gardien ch’ti sedanais - et futur… olympien ! - s’emploie, avec beaucoup de panache, à repousser les assauts et tentatives adverses ce qui permet à son club de conserver sa place parmi l’élite du football français.

Sous le titre « Sacré Sedan ! », « L’Equipe » révèle qu’au vestiaire les Ardennais ont… « sablé le champagne de la victoire et du maintien. Pour parvenir à leurs fins, ils ont joué avec leurs moyens et surtout avec conviction, eux les « smicards »’ de la division 1. »

La joie la plus intense règne chez les Sedanais. Louis Dugauguez demeure pourtant flegmatique et il avoue « je suis content pour mes gamins » et chacun y va de son petit couplet : « les dieux du football étaient avec nous, il ne faut pas l’oublier ! » (Farrabi), « ce fut dur tout au long de l’année mais nous avons été récompensés » (Cardoni), « c’est quelque chose d’extraordinaire » (Charrier), et « ça fait un choc ! Nous revenons de loin… » (Fugaldi.)

Le lendemain, à 13 heures 20, la délégation sedanaise est de retour en gare de Sedan. Elle apprend que ce fut aussi jour de gloire pour les corpos de l’AS Sommer Sedan vainqueurs de la Coupe de France, à Malakoff, aux dépens d’Unic Fiat, grâce à Patrick Zanelli.

Louis Dugauguez et ses joueurs sont accueillis sur le quai de la gare, à leur descente du train, par une délégation de supporters. Maurice Soudin, membre du Comité d’ « Allez Sedan », offre au « Grand » Osim une magnifique gerbe de fleurs. Le plus entouré est bien sûr le butteur Roger Wicke. Visiblement éprouvés par la rencontre jugée « difficile », les joueurs regagnent immédiatement leur domicile. A Sedan, la rue du Mesnil, pour marquer l’heureux événement, a été pavoisée aux couleurs vert et rouge, chères au CS Sedan-Ardennes.

Ce maintien a aussi été accueilli avec une profonde joie par toutes les Ardennes sportives…


Claude LAMBERT