Il y a 41 ans...Tout au long de sa présence en division 1, lUnion Athlétique Sedan-Torcy a eu loccasion doccuper le fauteuil de leader. A lépoque, Louis Dugauguez pouvait être fier de ses hommes qui alliaient le savoir-faire avec une générosité jamais prise en défaut
Prenons un seul exemple : en janvier 1963, après vingt-quatre journées de championnat. Les « Ardents Ardennais » sont seuls devant, tous les autres derrière ! Oui, il y a 41 ans
A laube de la saison 62-63, lUAST vient de perdre Marcel Mouchel, son grand capitaine de la finale Sedan-Nîmes, Zacharie Noah décide dabandonner le professionnalisme et il retourne à Yaoundé. Le club ardennais enrôle des « gamins » qui, plus tard, écriront une autre page de lHistoire du club, à savoir Yves Herbet, lauréat du « concours du jeune footballeur » et Yvan Roy, international junior, venu du Stade Malherbe Caennais.
Sedan est connu et reconnu dans la « France du foot ». Pour preuve, Maryan (en « A ») mais aussi la paire Michelin-Lebert (chez les « B ») ont retenu lattention du sélectionneur.
Le début de saison des « verts et rouges » donne toute satisfaction surtout pour le public dEmile-Albeau car la vieille enceinte sportive municipale est synonyme de « Fort Chabrol »
ou presque.
Lors de la phase aller, les Sedanais font, pour la première fois, mordre la poussière aux Lyonnais (2-0) et, tout aussitôt, ils vont simposer dans la Principauté (1-0). Du coup, les voilà co-leaders en compagnie des Bordelais. Alors, le titre leur tendrait les bras ?La saison est loin dêtre terminée mais tous les espoirs sont permis
En recevant les Nîmois, les Sedanais vont-ils signer un septième succès consécutif ? Ils sont revenus le plus rapidement possible de la Côte dAzur pour passer le jour de lAn en famille.
A Sedan, comme dans toutes Ardennes, la pluie a succédé aux gelées et autre verglas si bien que le terrain dentraînement sest vite transformé en marécage. En conséquence, les joueurs pros et amateurs ont dû émigrer au gymnase municipal.
Sedan-Nîmes : voilà une confrontation extrêmement importante pour les deux clubs qui ont à leur tête deux « pédagogues entraîneurs », à savoir Louis Dugauguez et Kader Firoud. Les Gardois nont toujours pas digéré leur défaite du match aller (1-2), Lebert ayant été lartilleur de service, lui qui cette fois sera absent car toujours convalescent.
Pour Marcel Perrier, le correspondant de « LEquipe », « la préparation sest faite dans une atmosphère de camaraderie et de joie. » A Sedan, on reverra avec grand plaisir « le Grand » Alex Roszak alors que lex-Nîmois Emilio Salaber sera craint, lui qui joua un mauvais tour à ses anciens coéquipiers en inscrivant le but vainqueur lan dernier au stade Jean-Bouin de Nîmes.
« Sedan subira les assauts impétueux de Nîmes » titre « LArdennais » et Daniel Ferrières, en page sport, affirme que « la formation sedanaise devra se surpasser devant une équipe de tempérament, courageuse, athlétique et qui ne lésine pas sur les moyens
»
Heureusement, le gardien ardennais « Pierrot » Bernard est revenu en forme au bon moment ! Lui qui, quelques jours après la finale de coupe de France, était allé rechercher le ballon à quatre reprises au fonds de ses filets, ses bourreaux nétant autre que ses partenaires nîmois !
Le Hollandais Van Rhyn, transfuge de Grenoble, revêtira pour la première fois le maillot nîmois et ce sera en terre ardennaise.
Sur le banc nîmois, Firoud qui est resté à Alger, cédera sa place à Marcel Rouvière. Kader a été retenu par les responsables de léquipe nationale algérienne qui affrontent les espoirs bulgares.
Et Sedan ? Les hommes de Dugauguez ont beaucoup darguments pour quils soient donnés favoris
logiques. : le rôle prépondérant de Roubaud en attaque ; Jacob, véritable tour de défense ; la paire Maryan-Michelin à lactivité inlassable ; Stamm aux côtés de Brény et « Ben » Salem le buteur attitré
En ouverture, léquipe de CFA reçoit Beauvais conduit par Albert Robert, bien connu à Sedan. Quant à Gaétan Chrétien, il pourra miser sur la nouvelle recrue Chiaruzzi, ex-Jarny, Lemerre au Bataillon de Joinville depuis peu, mais aussi Tordo, Barbin, Barré, Poplin, Nicolas, Gasparini, Herbet, Di Salvio et les frères Périn.
La rencontre Sedan-Nîmes a lieu le dimanche 6 janvier 1963 à 15 heures. Alors que les hommes (5 704 entrées payantes) ont rallié le stade, leurs épouses sont -presque- toutes dans les magasins de textile restés ouverts.
Ce jour-là, le temps est frais, la pelouse est lourde et glissante. Larbitre, M. Bondon, hésite à déclarer le terrain jouable. Finalement et malgré les réserves nîmoises, le coup denvoi est donné.
Dans les rangs visiteurs, Chillan, Garnier et Constantino sont absents. Nempêche que les « rouges et blancs » demeurent redoutables. Leurs noms : Bernard, Bettache, Noël, Barlaguet, Charles-Alfred, Bandera, Poirier, Fournier, Parodi, Djebaili, Van Rhyn.
Chez les « bleus », il a été fait confiance à Rozak, Lemasson, Fulgenzy, Michelin, Jacob, Maryan, Salaber, Roubaud, Salem , Brény et Stamm.
Le lendemain, en caractères gras et sur toute la largeur du journal, « LArdennais » titre « Sedan seul en tête après son succès sur Nîmes : 3-0 ». En page 12, on peut lire « La défense de Nîmes craque malgré Bernard étincelant
Sedan simpose en seconde mi-temps obtenant une brillante victoire. »
Larbitre eut énormément de travail à effectuer à cause de gestes répréhensibles nîmois notamment une charge irraisonnée de Djebaili sur Fulgenzy qui aurait mérité lexpulsion de son auteur mais, dans leuphorie de la victoire, on oublia dans le camp ardennais la mansuétude de larbitre !
« On craignait pour eux que les Sedanais soient contractés par limportance de lenjeu mais, à aucun moment, on eut limpression quils furent émotionnés » note le rédacteur de « LArdennais » qui met en exergue « un Pierre Bernard transcendant qui réalisa une partie exceptionnelle évitant à Nîmes une défaite catastrophique. »
A la mi-temps et malgré une pression presque constante, on en était toujours à 0-0. Il est vrai que Bernard, en pays de connaissance, avait effectué des parades décisives. Confiants et en excellente condition physique, les Ardennais donnaient le ton, variaient leurs attaques et faisaient preuve dune facilité, dune maturité qui devaient forcément trouver sa récompense.
Le temps passait
et il fallut attendre plus dune heure de jeu pour voir Roubaud, suite à un coup franc tiré par Lemasson, ouvrir le score. (62e). Les Nîmois protestèrent énergiquement alléguant un hors jeu de Roubaud
Larbitre maintenait sa décision !
Ce but davance constituait pour les Sedanais un atout moral essentiel. A force de subir des assauts répétés, la défense nîmoise ployait et les locaux inscrivaient deux buts en fin de partie : remarquable déviation de Salem à destination de Brény qui fonce, voit Bernard savancer, glisse à Stamm absolument démarqué, lequel na aucune peine à marquer (84e) et Maryan appuie son attaque, effectue un centre court faiblement repoussé et Brény, du gauche, loge le ballon au fonds des filets gardois (88e).
Les Nîmois sont abattus
devant des Sedanais qui se retrouvent seuls en tête car les Lyonnais ont été tenus en échec à Montpellier. En obtenant sa quatorzième victoire de la saison, lUAST fit la preuve de sa valeur et de son efficacité.
La conclusion de « LArdennais » est explicite : « léquipe sedanaise doit être félicitée en bloc car il ne serait pas charitable de citer tel ou tel joueur. »
Pour sa part, le journal « LEquipe », en une, titre « Lexemple de Sedan » et « Le Miroir du foot » rappelle que la devise de la cité du drap est « fort de toutes parts ». Comme son équipe de football quadmire aussi Albert Batteux qui nhésite pas à clamer « si Reims nest pas champion, je souhaite que ce soit
Sedan ! »
Le titre reviendra à Monaco, Reims étant dauphin devant
Sedan !
Claude LAMBERT
Note:
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