Il y a 45 ans...
Dans notre football hexagonal, il est des compétitions -officielles- qui nexistent plus. Prenons un seul exemple : la coupe Drago alors réservée aux clubs éliminés en coupe de France. Alors quelle venait dobtenir le statu pro, lUA Sedan-Torcy y a participé pour parfois bien sy comporter. Cest le cas en février 1960. Il y a 45 ans
A laube de la saison 59-60, Louis Dugauguez voit arriver dans son effectif Yannick Lebert (Arago dOrléans), Jean-Louis Lion (Cherbourg), Mohamed Salem (Saint Rémy de Provence) et Raymond Bliard (Stade de Reims) alors quen décembre Dominique Rustichelli est échangé avec le Strasbourgeois Antoine Grochulski. En championnat, la formation ardennaise est loin de briller et, en coupe de France, en 16 èmes de finale, au Parc des Princes, lOGC Nice, alors tenant du titre de champion de France, lécarte de sa route (4-2 après prolongations).
Ce Parc des Princes, les « ardents Ardennais » de lépoque vont-ils à nouveau le retrouver ainsi quune « vieille connaissance » à savoir
Roger Marche, celui que la France du football surnomme « le Sanglier des Ardennes » ? Il a fait toutes ses classes à lAS Mohon avec un certain « Pierrot » Flamion, est allé avec lui chez le voisin rémois et a endossé avec bonheur le maillot de lEquipe de France avant den devenir le capitaine.
« Match de prestige » annonce « LArdennais » et il a bien raison. Non, il ne sagit pas de Sedan-Nice qui devait avoir lieu à Emile-Albeau car la rencontre a été reportée, les Aiglons comptant plusieurs sélectionnés et le match France-Belgique ayant lieu au stade du Heysel.
Comment sont les Ardennais en cet hiver grelottant ? « Forme capricieuse » affirme le journal même si les Sedanais sont à labri dune menace de relégation.
Sedan se voit donc offrir le Racing qui, lui aussi, na pas eu de chance en Coupe de France, Sète étant son exécuteur. Le public parisien va donc revoir des Ardennais pour qui le Parc réussit puisquen championnat ils sy sont imposés devant le Stade Français (5 à 1) puis plus récemment face au Racing (3 à 2). Alors, jamais deux sans trois ? Peut-être mais le match change de quartier puisquil se déroulera à Saint-Ouen.
Les dirigeants sedanais tiennent à ce que le club figure bien en coupe Drago et ce pour le standing de lUAST. « Msieur Louis » dispose de son effectif dans son intégralité
sauf Christian Oliver quune sérieuse grippe a obligé à déclarer forfait. Par contre, Thadée Polak blessé à la cheville devant Rennes, Marcel Mouchel qui souffre dune légère tendinite, Claude Brény dont la hanche sest encore luxée et, enfin, Antoine Grochulski dont les adducteurs sont en très mauvais état, sont « bons pour le service » !
Le Racing, outre Marche, dispose de noms connus dans le milieu du football : Varini, Lelong, Sénac, Mahjoub, Guillot qui fait sa rentrée et Thadée Cisowski un fameux buteur tant redouté par « Pierrot » Bernard, lultime rempart ardennais.
Juste avant de prendre la route de la capitale, Louis Dugauguez rappelle que « la coupe Drago a des attraits sérieux surtout pour ceux qui iront en finale car le Groupement la dotée de prix importants. Alors, pourquoi pas nous ? Et, cette saison, il y a une compagnie relevée
»
Ce même dimanche, en championnat de France amateur, groupe Nord, les Sedanais entraînés par Gaétan Chrétien sen vont partager les points à Saint-Quentin. Il sagit là dune bonne opération pour les Wira, J. et H. Duranton, Noah, Boquillon, Vandamme, Salem, Irrigoyen, Bliard, Stamm, Freszak, Mrooz.
A Saint-Ouen, en ce dimanche 28 février 1960, Sedan se présente avec Bernard, Robert, Polak, Fulgenzy, Lemasson, Maryan, Christian Périn, Mouchel, Brény, Lefebvre, Lion alors que Pierre Pibarot, lentraîneur parisien, dispose de Varini, Marche, Bodin, Lelong, Sénac, Ugorenko, Bollini, Guillot, Mahjoub, Cisowski et Tokpa.
Le lendemain, « LArdennais », en page « Sports », titre « Comme en championnat, Bernard et la défense ont su conserver lavance prise par Sedan (3-1) qui obtient face au Racing une juste qualification ».
Il fait un beau temps printanier et le terrain de Saint-Ouen est en excellent état.
Ils sont quelques milliers de spectateurs à avoir pris le chemin du Stade de Paris et ils assistent à une partie au cours de laquelle les deux formations, tout en restant dans le meilleur esprit du jeu, ne se font aucun cadeau.
Dugauguez a confié à Fulgenzy la tâche de remplacer le cadet des Oliver avec un rôle à lorigine défensif. « Au fur et à mesure du déroulement du match, les demis sedanais cédèrent de plus en plus à leur tempérament offensif et cette domination de la paire Maryan-Fulgenzy bien appuyés par un trio défensif impeccable permit à Sedan de construire sa victoire » écrit « LArdennais ».
Et dajouter « Bernard, à qui lair parisien réussit bien, est intervenu en fin de partie avec toute sa classe en effectuant des parades spectaculaires. Quant à lattaque sedanaise, elle déploya un jeu rapide, direct, impersonnel, prenant souvent en défaut une défense parisienne où Roger Marche fut trahi par ses partenaires et surtout par Varini ».
Dentrée, les deux équipes ne ménagent pas leurs efforts et le jeu est dexcellente qualité. Sur un dégagement, Marche contre sévèrement Lefebvre qui reste à terre quelques instants puis reprend le jeu.
Cest Sedan qui, très logiquement, ouvre le score : Lefebvre reçoit la balle à 25 mètres des buts, feinte le centre et tire posément au but. Surpris, Varini touche la balle mais ne peut larrêter (39e).
Les Sedanais continuent à dominer et fort heureusement pour le Racing, Roger Marche met un peu dordre dans le système défensif
A lui tout seul, il ne peut empêcher les Sedanais de concrétiser une réelle domination, Lion alerté par Brény trompant à nouveau Varini (49e).
La minute suivante, Bollini est stoppé dans la surface par Polak et Robert. Et larbitre accorde généreusement un penalty que Cisowski transforme imparablement.
Sedan accentue son avance à la 57 ème minute sur une offensive Lefebvre-Brény : le centre de Brény est faiblement renvoyé sur Maryan qui marque sur un tir splendide des 18 mètres.
Alors que lultime quart dheure est entamé, les Sedanais sont dominés mais la défense tient bon
et leurs contre-attaques sont dangereuses. Cependant, au fil des minutes, les Ardennais accusent une certaine baisse de régime
Sedan est en grand péril ! La défense sedanaise est sur les boulets alors que le Racing effectue un forcing de tous les instants. Sedan parviendra-t-il à conserver son avance ?
Ouf, larbitre siffle de la partie ! Cest sous les applaudissements que les Sedanais quittent le terrain de Saint-Ouen.
Il ne reste plus quà attendre le tirage au sort. Ce sera Boulogne-sur-Mer
Claude LAMBERT
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