Il y a 15 ans...

Alors que « son » Olympique évoluait au niveau national, le stade du Petit-Bois a connu bien des derbies -ô combien épiques et acharnés- avec son voisin sedanais tant en championnat qu’en coupe de France. Mais, l’enceinte sportive du chef lieu des Ardennes a aussi reçu le CSSA en tant que terrain… neutre. En coupe de France bien sûr. Ce fut le cas en février 1990. Il y a 15 ans… A l’entame de la saison 89-90, Francis Roumy, le nouveau Président du CSSA et Gérard Charroy, le directeur général, voient partir Lambert, Baudrillard, JL Lefebvre, M’Bida, Etienne et Lemesle mais ils enrôlent Tochel, Moraly, Dragui, Songné, Badji, Siklenka et Belinga. Un effectif rénové et étoffé pour bien figurer en championnat de division 3, groupe Nord.

En coupe de France, les Sedanais écartent PTT Châlons (7-0), Saint-Dizier (3-3, 4 tab à 3), Dunkerque (1-0 app) et Abbeville (1-1, 4 tab à 3).

En s’inclinant à Vauban (0-1), Sedan a perdu en championnat tous ses espoirs de montée et la suite de la saison repose exclusivement sur la coupe.

On note une certaine effervescence du côté du Petit-Bois retenu pour un 32 ème de finale inédit et qui mobilise les énergies du club organisateur. L’Olympique met les bouchées doubles sous la houlette de Jean-Claude Pécheux, Lucien Pinel, Jean Suan, Robert Mayot et Denis Troch.

« Indépendamment de la rivalité qui existe entre nous et le CSSA, l’intérêt du football passe avant toute autre considération. Nous serons heureux d’offrir une fête populaire » affirme dans le journal « L’union » Jean-Claude Pécheux.

Seul regret des organisateurs : impossible de répondre aux nombreuses demandes concernant les places assises.

« Allez Sedan » a mis sur pied un… déplacement avec départ depuis la place Turenne et, dans le car des supporters, il sera procédé à une opération drapeaux vert et rouge qui se poursuivra à l’entrée du stade. Le sanglier-mascotte est aussi annoncé… ainsi que Robert Wurtz, l’arbitre international qui se qualifie de « marginal » et qui déclare « je ne connais pas Charleville mis à part la gare où je n’ai fait que passer ! »

Après avoir entamé l’année au petit trop, Beauvais est, à quelques heures de la rencontre, en forme ascendante. Son entraîneur n’est autre que… Bruno Metsu et ce denier compte bien aligner son équipe-type. Il évoque « un match piège ». et donc il met sa troupe en garde.

Chez les Ardennais, on ne peut miser sur Didier Louvard, blessé. On a cru bon envoyer le duo Bellot-Sohier à l’occasion de Abbeville-Beauvais et ce afin de se faire une idée sur l’adversaire du CSSA. « Il faudra un grand Sedan pour se qualifier mais le coup est jouable… » affirment-t-ils.

En « une » le quotidien « L’Ardennais » titre en couleurs (vert et rouge, bien sûr !) « Allez Sedan ! » En page « sport », sur six colonnes, « Sedan-Beauvais : on monte d’un cran ».

La veille du match, les Sedanais se sont entraînés en nocturne au… Petit-Bois afin de s’habituer à la pelouse. « On va jouer sans crainte » déclare Michel Le Flochmoan qui ajoute « nos supporters seront derrière nous mais nous ne serons pas pour autant chez nous ! Ici, nous n’aurons pas les mêmes repères qu’à Emile-Albeau. Ceci étant, je préfère bien évidemment opérer à Charleville qu’à Beauvais… »

« Nous avons déjà rempli notre contrat en participant à ce 32 ème de finale et nous considérons que cette rencontre comme une formidable récompense que nous offrons à nos supporters pour leur soutien et leur fidélité » dit encore le coach ardennais.

Dans « L’union », sous le titre « Garçons, un autre Picard bien noyé ! », Michel Quentin se demande « si l’on doit s’attendre à une rencontre équilibrée, indécise, émotive ? » Dans le même journal, Francis Roumy affirme que « c’est jouable » mais aussi « nous allons essayer de garder la mentalité du club qui consiste à jouer pour gagner. L’équipe et le club des supporters veut mener une vie de famille. C’est la mentalité d’un petit club… »

Dimanche 18 février 1990, « L’Ardennais » titre en une « Qui arrêtera Sedan ? » et « L’union » est à l’unisson avec « Sedan : la Coupe plus que jamais ».

Le Petit-Bois accueille, par temps froid, 4.826 spectateurs. Sedan aligne Pourchaux, Hallou, Fouzari, Jacquier, Lefebvre, Badji, Prun (puis Pierrel), Tochel, Pinho, Siegmann et Iovino (Kapica n’est pas entré en jeu) et Beauvais se présente avec Caullery, Pascual, Delargillière, Pinot, Elot (puis Magny), Aujoulat, Guion, Rakela, Krawczyk, Martet et Mota (Mazerand étant resté sur le banc).

Dans « L’Ardennais », on lit « Sedan devient la terreur des terreurs ! » et Dominique Maingé évoque « une nouvelle prouesse de Sedan qui a éliminé un spécialiste de la coupe de France ».

Comme d’habitude, l’arbitre Robert Wurtz, égal à lui-même, a pris une part active au spectacle avec des sauts, démarrages, jongleries aussi bien avec les pieds qu’avec la tête, coup de sifflet à répétition avec gestes à l’appui !…

Les Sedanais se sont donc qualifiés sur la marque de 2 buts à 1. Pourtant, ce sont les « visiteurs » qui prennent l’avantage dès la 11 ème minute de jeu : Rakela donne un coup franc pour Guion qui déborde et centre pour Mota dont la reprise de volée en pleine course, au premier poteau, ne pardonne pas.

Loin de les abattre, ce coup du sort sonne la révolte chez les Sedanais qui égalisent trois minutes plus tard : Badji lance Pinho qui centre, Pascual manque son intervention devant Jacquier monté en pointe et le libéro ardennais récupère le ballon pour le glisser entre les jambes de Caullery.

A la reprise, on doit attendre plusieurs minutes du fait de jets de pétards. En effet, la cage de Claude Pourchaux est plongée dans un épais brouillard…

Porté par le public du coin, Sedan inscrit un second but -celui de la qualification !- grâce à Pinho. Suite à un renversement de jeu signé Prun, Pinho s’engage, attend la sortie de Caullery avant de placer avec beaucoup de sang froid d’une pichenette le ballon au fond des filets adverses (70e).

Beauvais doit alors se découvrir et les espaces s’ouvrent à Pinho et Iovino qui sèment la panique…

En définitive, Sedan gagne un match d’une terrible intensité où le physique et les nerfs ont été mis à rude épreuve. Ceux de Pierrel et de Martel n’ont pas tenus jusqu’au bout : un échange de coups réciproques et les deux joueurs sont expulsés à la dernière minute !

« Le Sedanais est ainsi privé de la farandole qui emporte ses partenaires au milieu du flot des supporters ardennais pour un merveilleux tour d’honneur » conclue Dominique Maingé.

Dans « L’Equipe », Miche Perpète écrit « Les Picards abordèrent le match avec la détermination et le sérieux qui conviennent. L’égalisation sedanaise a conditionné la suite des événements, amenant les Beauvaisiens à douter progressivement et les Ardennais à croire en leurs possibilités ».

Dans « L’union », Jean-François Kembakou, sous le titre « Sedan poursuit son jeu de massacre » évoque « des supporters déchaînés et des joueurs ardennais revigorés sitôt le second but marqué. A toutes les occasions déclenchées par les Oisiens, les Sedanais ont répondu du tac au tac. Pourchaux a veillé au grain, Siegman s’est montré très actif sur l’aile gauche et Iovino est souvent parti comme une fusée… »

Au vestiaire, Michel Le Flochmoan conserve son sang froid. Pour lui « notre deuxième mi-temps fut exemplaire… Nous avons gagné grâce à notre condition physique ». Claude Pourchaux avoue « il fallait faire toujours attention car la ligne d’attaque de Beauvais était toujours présente dans le jeu aérien » et, Carlos Pinho n’en démord pas « nous avons quand même le niveau d’une équipe de D2. La preuve nous avons battu Dunkerque, Abbeville et Beauvais ». Farid Fouzari est catégorique « notre victoire est parfaitement méritée… »

En face, Bruno Metsu analyse la partie ainsi « nous avons eu le bonheur de prendre rapidement l’avantage mais nous avons ensuite été incapables de le gérer. Après le repos, les Sedanais ont joué avec leur cœur… »

Alors, maintenant, à qui le tour ? Avec une pointe d’ironie, Michel Le Flochmoan souhaite comme adversaire l’… Olympique de Marseille ( et de préciser « et rien d’autre ! » ) car « nous connaissons les faiblesses de l’équipe de Bernard Tapie !» Les vœux de l’entraîneur du CSSA ne seront pas exaucés car il sera proposé à son équipe la réception du Racing Club de Paris -dont Olmeta et Ginola- à Emile-Albeau…


Claude LAMBERT

Note:


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