Il y a 20 ans....

En coupe de France, l’Histoire entre les équipes de Sedan et de Monaco se résume en… deux matches ! De tous temps, les « petites boules » en ont décidé ainsi…
Ici même, il a déjà été évoqué le match « aller » disputé au stade Emile-Albeau où, le mardi 9 avril 1985, la formation monégasque s’était imposée par 3 à 0.
Et ce match « retour » disputé le même mois ? Oui, il y a -déjà- vingt ans…
Alors, « Monaco déjà qualifié à Sedan » comme titre le journal « Nice Matin » ? Depuis la trêve, la formation de la Principauté connaît une réussite sans pareille mais, si Christophe Lagrange craint que « les jeux soient faits », Pierre Tordo ne souhaite pas évoquer cette fameuse « expédition » sauf pour espérer qu’ « à trois jours de l’important derby contre Toulon, ils auront la tête ailleurs… »

A Sedan, il n’y a pas que l’actualité « coupe de France ». C’est ainsi qu’en coupe Gambardella, à domicile, la jeune phalange sedanaise écarte Vendeuvre grâce à Tourneux, Pinot, Hallou et Dubois. Et puis, en partageant les points à Tinqueux, l’équipe « B » a obtenu son billet pour la division d’honneur. Il est vrai que la formation a belle allure avec les Luczkow, Borkowski, Raux, Bois, Fouzari, Hallou, Synakowski, Baudrillard, Trungadi, Duhoux, Hurbain. Bravo aux protégés de Michel Le Flochmoan !

Revoici le championnat de division 2, la trentième journée, avec un déplacement au Havre qui ne s’annonce pas au mieux pour les Sedanais chez qui la fatigue risque de se faire sentir. « On peut attendre une belle réaction de leur part après leur défaite, aussi honorable soit-elle, face à Monaco » écrit « L’Ardennais ».

Alors qu’à l’étage au-dessus Monaco ne fait qu’une bouche des Dogues lillois (6 à 1), Sedan tombe lourdement chez le leader havrais: 3-0 !

Les Ardennais ont entamé un long périple de six jours qui va les conduire pour commencer au Havre qu’ils quittent dès le lendemain du match destination la Côte d’Azur. Auparavant, ils se sont entraînés dans la région havraise avant de rejoindre Paris par le train. Après quoi ils prennent l’avion pour Nice.

En attendant le match contre Monaco, les Ardennais établissent leurs quartiers dans l’arrière pays niçois, à l’auberge « Le Rédier » située à Colomars. Dans cet établissement, des équipes azuréennes -Cannes, Nice et Monaco- mais aussi étrangères -la Juventus de Turin, l’Inter de Milan, Borussia Moenchengladbach ou Flumience de Rio de Janeiro- sont déjà venues préparer des rencontres importantes. Une région que Pierre Tordo connaît bien puisqu’il a vu le jour à quatre kilomètres de là, à Gairaut.

En prévision d’un éventuel problème pouvant surgir d’ici leur quatorzième match de coupe de la saison 84-85, Borkowski, Trungadi, Raux, Synakowski et Luczkow, demeurés dans les Ardennes, se tiennent prêts à rejoindre la troupe de Tordo. Pendant ce temps là, le club des supporters « Allez Sedan » organise un déplacement en car-couchettes. Son Président, Joël Jaloux, écrit dans un communiqué de presse « Monaco, 38° à l’ombre et un beau match de football à la clé, cela devrait vous tenter, non ? Mais il faut rapidement vous décider. Prix de la place du car : 450 F. »

Mardi 16 avril 1985, voici donc le match « retour ». Les titres de la presse ? Pour « L’Ardennais », c’est « mission impossible. Sedan contre Monsieur Plus » ; dans « L’Union », « Pour un baroud d’honneur » et, dans « L’Equipe », c’est « Pour le plaisir… »

Le « Monsieur Plus » en question n’est autre que l’ailier gauche international Bruno Bellone qui vient de réaliser un triplé devant les Lillois. Il sera présent alors que Puel et Stojkovic ont dû déclarer forfait.

« Il reste une chance sur mille de pouvoir retourner la situation notre faveur » affirme Christophe Lagrange dans « L’Ardennais » où d’autres propos, en l’occurrence ceux de Pierre Tordo, sont rapportés : « il faudra, c’est évident, une bonne réaction de notre part, mais aussi que l’on sache mener nos contres. Je table aussi sur une certaine démobilisation de Monaco qui a un match de championnat capital vendredi à Toulon ».

Pour Michel Quentin, dans « L’Union », la question est posée :« à quelques heures des retrouvailles avec les vedettes monégasques, il n’est pas sûr que les hommes de Pierre Tordo aient chassé de leur tête toutes les images et les regrets du premier choc. Sedan a au moins l’avantage de connaître, cette fois, son adversaire. Il n’ira donc plus dans l’inconnu ! Mais, tout cela sera-t-il suffisant ?»

Georges Bertelotti, dans « L’Equipe », est catégorique « on va expédier les affaires courantes du côté de l’ASM. Normal. Avec trois buts d’avance, les Monégasques ont déjà leur billet des quarts de finale en poche. Malgré leur position plutôt rassurante, il ne faut pas croire que les hommes de Muller lèveront le pied présomptueusement ». Monaco évolue depuis fin janvier dans son nouveau stade où Ettori ne s’est incliné qu’une seule fois. Quant à Sedan -qui s’est entraîné le matin du match- il se présente au stade Louis II avec Sesniac, absent lors du match aller.

Comme prévu, on ne s’est pas bousculé à l’entrée du stade : 1.134 spectateurs ! A l’appel de M. Bouillet, Monaco se présente avec Ettori, Liégeois, Stojkovic, Simon, Puel, Le Roux, Benoît, Bijotat (puis Lopez), Bravo, Tibeuf, Bellone (puis Anziani) alors que la formation sedanaise est composée de Dupuis, Sesniac, Curé (puis L. Andry), Trassart, Sroka, Lefebvre, M. Andry, Frappart, Lagrange, Rolshausen (puis JL Leduc) et Solomenko.

En page « une » le quotidien « L’Ardennais » titre « Sedan a mieux résisté face à Monaco (0-1) » mais aussi « Sedan limite la casse au maximum ». Dans « L’Union », le lecteur a droit à « Sedan sort avec les honneurs. Le sursaut espéré ». Et, enfin, « L’Equipe » y va du « Le marcassin est mort ».

Envoyé spécial de « L’Ardennais », Dominique Maingé écrit « Sedan a concédé un nouveau revers sur le score minimum de 1 à 0. Ce qui constitue une performance plus qu’honorable… Les Ardennais ont entamé les débats avec beaucoup d’aplomb grâce à un jeu groupé et précis. Curé devait quitter la pelouse en se tenant la cuisse… Jusqu’au repos, Sedan faisait front et Dupuis connaissait de chaudes alertes. Et puis, à la 66 ème minute, là où ses partenaires venaient d’échouer, Le Roux récupérait en position d’avant-centre un service de Bravo et il tirait sèchement à ras de terre dans le coin gauche de la cage ardennaise. Pour Sedan, le dernier quart-d’heure s’annonçait difficile car le moral était peut-être atteint et la fatigue allait peser lourdement dans les jambes des courageux Ardennais. Les Sedanais se battaient jusqu’au bout pour résister à la supériorité de leurs adversaires. Ce devait être un véritable match de coupe, plein et engagé ».

Dans « L’Union », Gérard Kancel débute son article par « L’aventure commencée à Tergnier s’est achevée… La Coupe de France a donc abandonné Sedan ! Les hommes de Pierre Tordo ont réalisé un très bon match, se rachetant ainsi partiellement de leur nette défaite concédée à Emile-Albeau. Tout de vert vêtus, les Sedanais en quête d’espoir, avaient débuté de fort belle façon la partie, et s’ils semblaient timorés à l’approche du but d’Ettori, ils se démenaient comme de beaux diables en défense, ne lâchant pas d’une semelle les attaquants du coin. Solomenko se distinguait ;

Sedan jouait bien mais avait du mal à concrétiser. Et puis, le grand Yvon Le Roux marquait du plat du pied : un coup dur pour les Sedanais qui croyaient tenir un résultat… La machine monégasque était lancée : jeu limpide et agréable fait de passes redoublées. Avant le coup de sifflet final, on crut remarquer un semblant de renouveau chez les Ardennais… »

Enfin, Georges Bertelotti, dans « L’Equipe », témoigne « tout en jouant au ralenti, Monaco s’est créé de nombreuses occasions. En seconde mi-temps, les locaux se décidèrent à appuyer sur l’accélérateur et Dupuis dû sortir le grand jeu. Dominés en technique et collectivement, les Sedanais, malgré leur courage, ne purent pratiquement jamais inquiéter les Monégasques, malgré la visible bonne volonté de Lefebvre, M. Andry, Frappart et Solomenko »

Dans le camp monégasque, l’entraîneur Lucien Muller déclarait « ce fut un petit match que nous avons disputé sans beaucoup de motivation. On aurait pu mieux faire… Sedan, quant à lui, a mieux joué qu’au match aller, en se montrant notamment plus agressif et plus performant dans ses actions offensives ».

Dans le vestiaire sedanais, Pierre Tordo reconnaissait « nous n’avons pas trop subi le jeu, c’est un fait, mais nous aurions dû pousser davantage. Avec un peu plus d’esprit d’entreprise, nous aurions pu les accrocher, car malgré tout, nous avons tenté de développer un football un peu plus cohérent qu’au match aller. Je pense qu’on s’est battu tout seul et, en définitive, tout s’est joué chez nous… » Pour leur part, Joël Trassart avouait « nous avons payé cher nos erreurs de l’aller » et Stéphane Solomenko complétait de la sorte « avant Monaco, on a bénéficié d’un tirage au sort favorable mais il s’agissait de rencontres-pièges ».

Dans l’avion du retour, Christian Libotte, le trésorier du CSSA, une fois opéré le partage de la recette, devait se contenter d’un chèque de… 3. 000 francs !


Claude LAMBERT

Note:


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