Les finales 1965 : acte 2

Les deux équipes n'ayant pu se départager lors du premier match, on recommence.
Le onze ardennais est composé en grande partie de jeunes joueurs ambitieux et talentueux qui, en cette fin de saison 64-65, ont les moyens de parvenir à leurs fins.
Retrouvez la seconde partie du 3 ème acte des finales sedanaises avec Claude Lambert.

ici, la première partie de cette finale à deux actes

LA FINALE




Jeudi 27 mai 1965. Parc des Princes. Sedan-Rennes : 1-3 (1-0). Temps couvert, orageux. Belles éclaircies. Terrain excellent, très souple. Spectateurs : 26.792. Recette : 259.331 frs. Arbitrage de M. Kitabdjan. Buts: Herbet (20e sur penalty) et Rodighiero (47e, 86e sur penalty), Loncle (77e).

SEDAN: Tordo, Fulgenzy (capitaine), Lemerre, Rastoll, Gasparini, Marie, Salaber, Herbet, Perrin, Cardoni, Roy. Entraîneur: Louis Dugauguez.

RENNES: Lamia, Lavaud, Boutet (capitaine), Brucato, Cardiet, Ascensio, Loncle, Prigent, Rodighiero, Dubaële, Pellegrini. Entraîneur : Jean Prouff.


LES BUTS

20 ème minute. Après un magnifique travail préparatoire de Roy, sur son aile, le ballon parvient à Perrin qui reprend en face. Brucato repousse du bras et, à l’étonnement général, l’arbitre indique le point de penalty, malgré les véhémentes protestations des joueurs bretons et du public. Dans un climat indescriptible, Herbet prend Lamia à contre-pied.

47 ème minute. Alors qu’on craint pour Loncle, le stratège breton qui boitille, on voit ce dernier adresser une longue ouverture en direction de Rodigiero, qui résiste au retour de Marie pour venir battre Tordo sans rémission, malgré une sortie désespérée du gardien sedanais.

77 ème minute. Sur un départ d’Ascensio, Prigent adresse un long service aérien que Pellegrini donne de la tête, en retrait, pour Loncle, dont la reprise de volée ricoche sous la transversale de Tordo impuissant.

86 ème minute. Long renvoi de Brucato et Dubaële d’en va seul vers le but sedanais mais se fait faucher à l’intérieur de la surface de réparation. C’est le penalty indiscutable, que Rodighiero transforme en force, sous les ovations des supporters bretons.


AVANT L’APOTHEOSE

En lever de rideau, finale de la Coupe de Paris des juniors : SC Choisy-le-Roi-Racing.

Un supplément au programme officiel est vendu (0,30 frs) au profit des œuvres sociales de la Fédération.

De nombreux supporters ardennais se sont donnés rendez-vous en gare de Sedan afin d’encourager les joueurs qui regagnent la capitale au train de 15 h 58. Leurs conjointes restent à quai.

La finale Sedan-Rennes est à nouveau télévisée et, en soirée, c’est au tour de Inter-Benfica, finale de la Coupe d’Europe.

Il reviendra à M. Maurice Herzog, secrétaire à la Jeunesse et aux Sports, de remettre le trophée au capitaine vainqueur.

Joueurs et dirigeants sedanais ont appris en quittant la capitale qu’on n’avait pas accepté leur demande de jouer le mercredi en nocturne.

Une réception a été prévue par la municipalité dans le grand salon de l’hôtel de ville. Mais, étant donné les circonstances, la cérémonie a été repoussée à une date ultérieure.

Souffrant d’un gros hématome à la base d’un mollet, Yves Herbet est incertain et il est entre les mains de Jean-Claude Pêcheux, le kiné du club ardennais.

Pierre Barre et Jean-Pierre Di Salvio sont les deux remplaçants côté ardennais.


Les titres de la presse


« L’Ardennais » :
« Sedan retrouve Rennes. Les Ardennais sont confiants : ils aligneront la même équipe. Sedan repart avec le même moral. Il affrontera Rennes sans complexe et fera tout pour l’emporter… »

« L’Union » :
« A Paris, deuxième édition . Cette fois, Sedan est plus que le challenger : sa cote est égale à celle du Stade rennais. Herbet tiendra sa place de stratège au sein de l’équipe ardennaise »

« L’Equipe » :
« Pour leur deuxième finale, cet après-midi (15 heures), au Parc des Princes, Rennes et Sedan presque à égalité. Rennes n’entend pas se laisser surprendre (encore) par Sedan. Sedan décidé à saisir la chance qu’il laissa échapper dimanche »

« Ouest France » :
« Rennes partira (encore) favori pour la deuxième édition de la finale de Coupe… malgré la valeur de Sedan. « Nous ramènerons la Coupe à Rennes… même s’il faut jouer une troisième fois » affirment Boutet et ses coéquipiers »


… ET APRES LE MATCH


Les titres de la presse

« L’Ardennais » :
« Sedan, battu, n’a pas démérité. Rennes vainqueur 3 buts à 1. La seconde mi-temps fatale aux Ardennais. Rennes s’est avéré le plus fort. Sedan est tombé après avoir ouvert le score »

« L’Union » :
« Sedan avait raté le coche dimanche à Paris, Rennes remporte la Coupe. Les Ardennais ont reçu une plaquette en hommage à leur valeur. 27.000 spectateurs pour la deuxième édition de la Coupe à Paris. Le Stade rennais remporte le trophée pour la première fois et Sedan, pour la première fois, échoue en finale . Les Ardennais ont l’avantage d’un but en première mi-temps mais, ensuite, les Rennais exploitent mieux les occasions »

« L’Equipe » :
« Pour la première fois de sa création (en 1917) la Coupe ira en Bretagne. Rennes a dû dompter ses nerfs avant de s’imposer à Sedan. L’arbitre a (d’abord) rendu aux Ardennais le penalty dont il les avait frustrés dimanche. Les Sedanais, fatigués, n’ont pu renouveler leur match précédent et se sont condamnés en cherchant l’égalisation à 1-2. En définitive, valeur, métier et sang-froid des Rennais ont prévalu. Sedan n’a pu reprendre son infernale cadence et Rennes a imposé son métier et son sang-froid. Un penalty intempestif a failli tout gâcher. Le jeu ne s’est posé qu’en seconde mi-temps »

« Le Dauphiné Libéré » :
« Rennes vainqueur de la Coupe de France. Sedan entrevit le succès grâce à un penalty, mais les Bretons refirent leur handicap en seconde mi-temps »

« France Football » :
« Rennes-Sedan : un 23 mai dont on parlera longtemps »

« Le Miroir du Football » :
« Rennes a remporté la bataille des hommes du milieu »

« Miroir Sprint » :
« Rennes avait plus de ressources »

« But et Club. Le Miroir des Sports » :
« Loncle, son genou et son but ont changé la face de la deuxième édition de Rennes-Sedan ! »


LES POTINS

Max Fulgenzy est entré dans le vestiaire avec le… ballon du match sous le bras !

L’arbitre, M. Kitabdjan, a fait l’unanimité contre lui ! En effet, le penalty de la seconde finale sembla être une compensation à retardement. L’ennui, pour Sedan, c’est que celui du premier match aurait été décisif et que l’autre ne le fut pas…

Une fois de plus, dans la rubrique « Sur le petit écran », un critique de télévision remarqua que « le commentateur n’était pas, à priori, bien disposé à l’égard de Sedan. Visiblement, l’équipe chère aux joueurs plus chevronnés, plaît davantage à Thierry Roland que les jeunes Sedanais »

Pierre Gadoffre, le gardien du Parc, arborait à sa boutonnière, avant la finale, les deux insignes, celui de Sedan et celui de Rennes. «On ne sait jamais » dit-il…

A la traditionnelle réception au journal « L’Equipe », Lucien Laurant, le Président sedanais, a inscrit sur le livre d’or : « c’est dans la difficulté que l’on aime compter ses amis ».

La municipalité sedanaise a reçu joueurs, dirigeants et supporters de l’UAST pour les remercier de porter bien haut, sur le plan national, le renom sportif de Sedan. De plus, les joueurs sedanais sont invités par M. Robert Hayem, le Préfet des Ardennes, qui leur déclare «au regard de tous, vous êtes victorieux !»


DANS LES VESTIAIRES


Sedan

Louis Dugauguez (entraîneur) :
« déçu ? Oui, sans plus. C’est toujours triste de perdre une finale de Coupe de France, mais on peut dire que nous avons fait le maximum. L’arbitre n’a jamais su s’imposer. Il a sifflé un penalty très dur, je le reconnais, mais il en a négligé au moins deux autres lorsque Ascensio à terre a touché la balle de la main »

Lucien Laurant (Président) :
« dans un second match, l’équipe au jeu vif est désavantagée par rapport à celle qui joue plus décomposée, à un certain rythme. C’est dimanche que nous aurions dû gagner »

Emilio Salaber :
«nous, les « vieux », ce sera dur de s’offrir la Coupe une nouvelle fois mais nos copains ont tout l’avenir devant eux… Ils en gagneront d’autres ! »

Roger Lemerre :
« quand je pense que nous nous sommes levés toute l’année à six heures pour en arriver là ! »

Max Fulgenzy (capitaine) :
« évidemment, ça flanque un coup de perdre en finale surtout après avoir eu la victoire à notre portée. Mais nous avons le sentiment d’avoir fait le maximum. Notre équipe est jeune et avec un peu plus de maturité chez nous, il n’y aurait pas eu de seconde édition… et la Coupe serait à Sedan ! »


Rennes

Jean Prouff (entraîneur) :
« c’est le plus beau jour de ma vie ! Nous avons concédé un but sur un penalty sévère et mes joueurs se sont énervés. Il était temps que la mi-temps arrive… Après le repos, nous avons fourni notre jeu habituel et je pensais bien que nous finirions par l’emporter. Je dois reconnaître que les Sedanais m’ont étonné à plusieurs reprises »

Louis Girard (Président) :
« il faut un vainqueur et un vaincu. Sedan a gagné deux fois la Coupe en cinq ans et nous, nous avons mis soixante-dix ans pour y parvenir »

Marcel Loncle :
« le but décisif ? j’ai tiré sans contrôler la balle. Je n’avais pas le temps de l’amortir. Je suis heureux… »

Jean-Claude Lavaud :
« les Sedanais sont jeunes. Ils joueront encore des finales. Ils nous ont donné du fil à retordre et ils pouvaient l’emporter aussi bien que nous »

Claude Dubaële :
« en Coupe, seul le résultat compte… Mais, le penalty sifflé contre nous, nous a troublés. »

Giovanni Pellegrini :
« enfin nous la tenons ! Je commençais à penser que nous n’y arriverions jamais. Je suis mort, mais parfaitement heureux »

Yves Boutet (capitaine) :
« je ne sais que dire, je réaliserai plus tard, mais je ne m’étais pas trompé dimanche en disant qu’en obtenant le nul, nous avions sauvé notre Coupe »


ici, la première partie de cette finale à deux actes

Claude LAMBERT


Note:


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