Il y a 6 ans...

Au CSSA mais aussi parmi les supporters ardennais, la Coupe de France est d’importance et on attendait avec impatience le tirage au sort effectué après la qualification acquise aux dépens de Vertus. Et donc, nous aurons droit au match Amiens-Sedan. Dans cette épreuve qui permis à l’UA Sedan-Torcy de se faire connaître en France, on a déjà vu dans le passé le club ardennais se rendre en terre amiénoise. Tenez, en mars 1999. Il y a -déjà !- 6 ans… En ce mois de juillet 98, les Sedanais préparent leur saison à Niederbronn, dans le Bas-Rhin. Ils ont à leur tête Patrick Rémy secondé par Farid Fouzari et Willy Sohier.


Le CSSA évolue en division 2 et débute officiellement sa saison par un partage des points à Saint-Étienne. Nul aussi, à Vienne, devant l’Autriche, pour le onze national et son nouvel entraîneur Roger Lemerre.


Novembre et voici la Coupe de France. La formation ardennaise écarte successivement de sa route Créteil dans la région parisienne (1-0), Epernay à Emile-Albeau (7-0), Chaumont chez lui (3-0) et Dijon en Bourgogne (4-0). Du coup, les Ardennais se retrouvent en 8 èmes de finale et ils voudraient bien poursuivre leur aventure à domicile. Alors, Marcel Desailly va-t-il exaucer leurs vœux ? Eh! bien non puisque le CSSA devra se rendre au stade Moulonguet afin de rencontrer Amiens.


« Dommage pour le public ardennais » claironne Patrick Rémy ; « pas bon du tout car Amiens est en pleine bourre » prétend « Pierrot » Deblock, ancien amiénois. Pour Michel Bérard, président du CSSA, « difficile ! Nous sommes encore en lice en Championnat et la Coupe et nous voulons mener les deux de front ».


Côté picard, l’entraîneur René Marsiglia affirme que « c’est soi disant un avantage de recevoir mais ce sera surtout pour nous une pression supplémentaire. On connaît la qualité de Sedan qui, actuellement, mériterait la D 1 » et le Président Pascal Pouillot avoue « je pense vraiment que l’on a eu de la chance avec ce troisième match de suite à la maison. On va retrouver une équipe que l’on connaît bien ! »


A Sedan, on mesure bien l’ampleur de la tâche, cette confrontation constituant une « belle » car, en championnat, les Sedanais sont tombés en Picardie (1-3) avant de prendre leur revanche dans les Ardennes (1-0). Et de plus, les Ardennais souhaitent parfaire leur condition physique en se rendant à Caen mais le match est reporté, le terrain normand étant inondé.


Alors, les Sedanais partent-ils favoris ? Dans « L’Ardennais », les réponses fusent : « on aurait pu tomber plus mal… Je vois une victoire étriquée de Sedan, mais une qualification quand même » (Louis Lemasson, ancien joueur pro à l’UAST et vainqueur de la Coupe de France en 1961 devant les Nîmois) ; « pourquoi douter des chances sedanaises ? L’équipe ardennaise ne perd pas et progresse… » (Robert Fauconnier, Président du district de Football des Ardennes) ; « plus l’échéance approche, plus j’y crois. Ce sera difficile mais Sedan passera… » (Guy Lechein, supporter) ; « Sedan devrait s’imposer au physique ou à l’usure, et aussi avec ses moyens techniques qui sont de plus en plus impressionnants » (Paul Eloy, retraité, ancien joueur sedanais et frère de « Bébert » Eloy, capitaine de l’UAST qui ramena la Coupe à Sedan en mai 56).


Et René Marsiglia, le coach amiénois, que pense-t-il de cette confrontation attendue dans la fièvre ? « Je ne suis pas prophète en la matière d’autant que je respecte toujours l’adversaire. Mais, entre deux équipes qui présentent beaucoup de similitudes, il n’y aura pas beaucoup de buts d’écart ».


Quant à Carlos Pinho devenu Amiénois après un long bail vert et rouge, il sera… absent pour cause de blessure ! Il demeure serein si ce n’est optimiste : « les Ardennais ne voudront peut-être pas jouer sur les deux tableaux. Ils doivent tout de même penser plus à la montée en D 1. Et à vouloir jouer sur les deux tableaux, ils risquent de tout perdre… »


Enfin, Alex Di Rocco retourne en tant qu’ancien amiénois sans état d’âme au Moulonguet. « Pas revanchard du tout ! La Coupe, ça change du pain quotidien… C’est une formidable vitrine. C’est grisant ! »


« Allez, on y va ! » Ils seront plus de 1.500 supporters à se rendre à Amiens. Et « L’Ardennais », le jour du match, de titrer « Ils peuvent le faire ! Sedan veut courtiser à nouveau Dame Coupe en allant chercher sa qualification pour les quarts de finale à Amiens. Jouable ». Dans l’article, on retient « pas de grands changements à attendre. Les ex-Amiénois Sachy, Deblock, Di Rocco, Elzeard et Mionnet seront là, Laquait et Jouault ne devraient pas encore réintégrer le groupe et ce sera le grand retour de Dangbeto qui suppléera Oliveira suspendu ».


Mais, qu’en pense leur coach Patrick Rémy ? « Disons que chaque protagoniste a le droit de rêver… » Dans le quotidien sportif « L’Equipe », il déclare « c’est l’équipe qui a le plus envie qui passera. En Coupe, la victoire revient surtout aux compétiteurs ! »


Samedi 13 mars 99, Sedanais et Amiénois se retrouvent face à face D’un côté Sachy, Borbiconi, Dangbeto, Satorra, Elzeard (puis Jouault), Deblock, Adjaoud, Faure, Quint (puis Di Rocco), Mionnet (puis Crosnier), N’Diefi et de l’autre Lachuer, Erceau, Maurice, Rosset, Meilley (puis Fretard), Collin, Duchemin, Jumel, Desgeorges, Challer, Petitjean (puis François). Il fait un temps frisquet lorsque M. Kalt, arbitre international alsacien, donne le coup d’envoi…


On peut lire : « Le stade est plein à craquer et il n’y a aucun round d’observation. Bien organisé défensivement, Sedan, d’entrée, ne s’affole pas et tient bon. Faure et Adjaoud ratissent de nombreux ballons dans l’entrejeu. Après avoir sagement laissé passer l’orage, Sedan porte l’estocade de façon un peu inattendue : suite à une envolée, Deblock sert Mionnet qui remise sur Quint qui, du gauche, ouvre le score (32e). Le froid réalisme du CSSA a encore fait des siennes… En fin de première mi-temps, Amiens retrouve de la motivation et harcèle à nouveau le camp ardennais. Résultat : sur un centre de Chalier, Satorra se « troue » et ce diable de Desgeorges remet les pendules à l’heure (43e). Le public scande « Sachy, Sachy, tu vas craquer !…» et Faure se fait expulser pour un « méchant » tacle. Amiens monopolise certes un peu plus le ballon mais les Ardennais contiennent des attaquants locaux à bout d’arguments… Sur un coup franc complètement excentré tiré de la gauche, Quint enveloppe sa frappe et, surprise, le ballon entre dans les filets sans que le moindre défenseur picard et le gardien ne la touchent (88e). Les locaux ont beau jeter leurs derniers feux, les Sedanais tiennent enfin le bon bout… jusqu’au bout ! »


« L’Ardennais », en première page, a titré « Sedan prend le quart » et « L’Union » ceci « Coupe : Sedan en quarts 30 ans après ». En page « Sports », ce titre « C’est déjà le printemps ! En brisant une malédiction vieille de 20 ans, le CSSA a pris son quart. Le voilà à deux matches de la finale ».


Pour « L’Equipe », c’est « Quint assomme Amiens » et Lionel Herbet écrit « ce match a été dans l’ensemble constamment indécis, mais la victoire sedanaise n’est pas imméritée, dans la mesure où les équipiers de Luis Satorra ont affiché un jeu de meilleure qualité avec des attaquants constamment percutants ». Quant à Samir Heddar, dans « La Voix des Sports », il écrit « Quint a été le bourreau des Amiénois. A défaut d’occasions franches nombreuses, les Ardennais ont toujours cherché à construire de manière très vive. Le match y gagna en qualité. Sedan, « le petit Lens », renaît de ses cendres… »


Et, dans le vestiaire sedanais, qu’en dit-on ? « Mission accomplie ! Face à une belle équipe d’Amiens, notre mentalité d’aller de l’avant et la volonté de maîtriser le jeu, de prendre des risques et de se créer des occasions a prévalu » (Patrick Rémy) ; « c’est une saison vraiment merveilleuse ! Victoire méritée et obtenue devant 2.000 supporters venus dans 22 cars… » (Francis Roumy) ; « c’est quelque chose de particulier d’être qualifié pour les quarts de la Coupe. Vu la présence massive de nos supporters, on n’avait pas le droit d’aller au bout » (Olivier Quint) ; « la victoire est belle ! Ce fut un vrai match de Coupe avec de multiples rebondissements et donc pas mal d’émotions. C’est exceptionnel ! On a su la chercher cette qualification… » (Michel Bérard).


Pour sa part, René Marsiglia, l’entraîneur amiénois, lâche « c’est la détresse… Je regrette que nous ne nous soyons pas montrés, en fin de partie, assez patients et on n’a pas fait preuve de jugeotte… »


Le retour des supporters ardennais s’effectue dans la joie, même pour ceux qui n’ont plus de voix !


Quant aux protégés de Patrick Rémy, ils doivent attendre le tirage au sort des quarts. Alors, Monsieur Vieira, qui de Angoulême, Guingamp, Laval, Le Mans, Nîmes, Nantes ou Rouen ? Et « le Gunners » de tirer…





Claude LAMBERT

Note:


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