Sedan monte en Division 1 ... il y a 51 ans

« En mai, fait ce qu’il te plaît… » : cet adage convient parfaitement au club de foot phare ardennais… En effet, à quatre reprises - en 1955, 1972, 1999 et 2006 - il a décroché son billet pour accéder au « firmament », au « paradis »… comme on voudra ! Regardons dans notre rétroviseur : lorsque l’UAST - à l’époque composée essentiellement de « footballeurs ouvriers » - est parvenue pour la première fois en division 1, qui donc s’est incliné lors de la dernière journée et ce à Emile-Albeau ? Nous sommes en mai 1955… Il y a 51 ans…

Nous voilà à l’orée de la saison 54-55 et le club cher aux frères Laurant vient d’enrôler Zimmermann (Forbach) et Recoupé (Montargis) tous deux stagiaires, Pierrazo (Pure) et Sanchez, cousin de Célestin et Christian Oliver (Mostaganem) sous le statut amateur mais aussi Michel Lefebvre, 24 ans, de l’US Quevilly, meilleur buteur du groupe Ouest du CFA.

Les Sedanais disputent leur premier match officiel de la saison au stade du Petit-Bois à Charleville devant Ales ! Puis, c’est la sortie du premier numéro de « Vert et Rouge », le bulletin des supporters « Allez Sedan ».

Son service militaire étant terminé, Mauduit réintègre le club, c’est le cas aussi de Simon Frezack, transfuge de Millau.

La formation drivée par Louis Dugauguez se distingue chaque week end : ne marque-t-elle pas plus de buts à l’extérieur qu’à la maison ? On la demande -notamment en Afrique du Nord et en Hongrie !- pour disputer des matches amicaux… « C’est la rançon de la gloire » clame-t-on du côté du Bourrelet !

La saison se déroule on ne peut mieux et il faut attendre mars 55 pour voir l’équipe ardennaise tomber au stade Nungesser de Valenciennes (0-3) et ainsi donc s’arrête une remarquable série : 36 matches sans défaite !

L’UAST opère en division 2, mais cela n’empêche pas Célestin Oliver d’être appelé en Equipe de France « A » contre la Suède… Pendant ce temps-là, ses partenaires s’en vont vaincre les Nantais (4-1) dans leur fief !

En Coupe de France, les Sedanais chutent au Parc des Princes devant les Lyonnais (1-2) et, en Coupe Drago, ils devront se mesurer en finale, toujours à Paris, aux Stéphanois…

Mais avant, il convient d’en terminer avec le championnat et, après s’être imposé à Perpignan (1-0), Sedan s’apprête à recevoir l’AS Cannes.

Sur huit colonnes, « L’Ardennais » titre « Demain, à 15 heures, devant leur public, les champions de France 1954-1955 disputeront leur dernier match de championnat de France professionnel de seconde division : Sedan-Cannes marquera la clôture officielle de la saison de football au stade Emile-Albeau ».

Ainsi donc, la finale de Coupe de France Bordeaux-Lille n’interrompra pas le championnat de D 2. Pour le journal, le doute n’est pas permis : « Sedan terminera une saison brillante par une ultime victoire sur Cannes à qui il offre l’hospitalité… C’est tout auréolé de son titre de champion de France que l’équipe sedanaise se présentera devant son public. On se souvient du résultat à l'aller, les hommes de Dugauguez ayant dû se contenter d’un nul (1-1) devant ceux de Troupel. Rappelons qu'Aix-en-Provence est le seul club vainqueur dans les Ardennes depuis deux saisons…… Sedan ne doit pas oublier qu’il se trouve dans l’obligation de faire honneur à son titre ! La journée de Pentecôte doit constituer une journée de fête pour l’UAST ! Aussi, Eloy et ses coéquipiers ne voudront pas ternir l’éclat de celle-ci par une mauvaise performance. Certes, le onze de Dugauguez aura contre lui la fatigue du match livré à Rouen contre Angers -victoire ardennaise par 4 à 2- en Coupe Drago.

Lundi 30 mai 1955. « L’Ardennais » titre « Net vainqueur de Bordeaux (5 buts à 2), Lille a remporté sa 5 ème finale de Coupe de France ». Et puis, tout à côté, ce titre « Le championnat de France professionnel de seconde division : le Red Star accompagnera Sedan en Division nationale. Difficile vainqueur de Cannes, Sedan termine nettement détaché : 6 points d’avance sur le Red-Star classé 2 ème ; 9 points sur Rennes ; 12 points sur Le Havre ».

Ils sont 3.789 spectateurs au stade municipal. A leur entrée sur le terrain, ils applaudissent chez les locaux, Rozak, D.Carpentier, Eloy, Boquillon, Pascal, Ch. et Cel. Oliver, Brény, Fulgenzy, Freszak, Recoupé mais aussi, côté cannois, Ferrand, Casoni, Fortunel, Mouynet, Scolary, Barrin, Kermali, Gallard, Espie, Albin, Moresco.

« Maigre victoire des Sedanais qui ont raté leur sortie… » écrit « L’Ardennais » qui poursuit « on attendait mieux mais ils ont droit à des circonstances atténuantes, la plupart des joueurs payèrent les efforts faits à Rouen. Toujours privés de Bochard, Cuenca et Lefebvre, les « vert et rouge » furent également handicapés par un claquage de Daniel Carpentier qui fut contraint de passer à l’aile, Célestin Oliver devenant arrière ! Brény fut le seul à se montrer à la hauteur de sa réputation alors que Fulgenzy accumula les maladresses et adressa trop de balles à ses adversaires. A Cannes, la défense tint parfaitement son rôle et l’attaque se montra avare de shoots. Si quelques joueurs s’énervèrent au cours du match, le jeu demeura correct et l’arbitrage fut rarement critiqué. Les spectateurs restèrent finalement sur leur faim… et c’est à peu près dans l’indifférence que les joueurs regagnèrent les vestiaires ! Pourtant, l’UAST est bien parée du titre de champion de France de 2e division… Le 29 mai devait être un jour de fête pour les glorieux joueurs sedanais. On l’a un peu oublié… et l’on s’est étonné que rien n’eut été prévu sitôt la fin du match. Il était facile de grouper les joueurs sedanais au centre du terrain, de remettre une gerbe au capitaine ou à l’entraîneur et de faire effectuer un tour d’honneur… Une annonce au micro puis un simple petit tour d’honneur auraient tout de même déchaînés les clameurs ou les applaudissements qui ont manqué en cette fin de journée pour saluer la magnifique réussite du club sedanais. Oui, à notre humble avis, il semble bien qu’une maladresse ait été commise envers ceux qui, depuis le mois d’août dernier, ont donné de si belles satisfactions aux habitués du stade Emile-Albeau… Il ne fallait pas attendre les réactions (qui ne sont pas venues) d’un public mais faire jaillir la petite étincelle capable de les provoquer… »

Sedan n’inscrivit qu’un seul « petit » but, à la 21 ème minute de jeu : alors que la défense est groupée devant la cage cannoise, Célestin Oliver déplace sur Brény à droite et celui-ci s’en va seul battre Ferrand avancé. Tout le monde s’en contente…

Une certitude : l’UAST a, durant la saison qui vient de s’achever, battu tous ses adversaires sauf Rouen qui obtint le partage des points à Sedan et chez lui. Louis Dugauguez a fait appel à vingt et un joueurs, seuls « Bébert » Eloy, « le Grand » Rozak et Pascal-le-Purotin ayant disputé l’intégralité des matches…





Claude LAMBERT


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