Il y a 19 ans...
Le CS Sedan Ardennes trouvait sur sa route ... l'AS Monaco, en coupe de France. Pour retrouver Sedan en 8 èmes de finale de la coupe de France, il faut remonter en mars 69. Autant dire que la belle aventure vécue par la formation ardennaise durant la saison 84-85 enthousiasme tout un département dont son équipe phare a le périlleux honneur de recevoir les pros de Monaco. Malheureusement et fort logiquement, ceux-ci vont mettre un terme à une formidable épopée
Alors que le onze sedanais opère en seconde division, son parcours en coupe de France est le suivant : début peu avant Noël à Tergnier (4-0), il se poursuit à domicile face à Thionville (1-0), puis à Angoulême devant La Rochelle (3-1). Ultime étape avant denvisager daffronter « un ténor », lélimination de Maubeuge avec une victoire (3-1) à laller dans le Nord et un nul (1-1) à Emile Albeau où le match est interrompu car larbitre, M. Féret, est blessé par un jet de pierre. Venu de Rouen, lhomme en noir déposera une plainte.
Le tirage au sort est attendu dans la fièvre à Sedan, le CSSA étant le seul rescapé régional. Il a lieu dans les salons Calberson à Paris où se rend Christian Libotte, trésorier du CSSA, mais aucun représentant du futur adversaire na daigné faire le déplacement !
Il revient aux Coco Girls nationales de Stéphane Collaro et au chanteur Enrico Macias de ne pas avoir la main trop lourde pour une équipe sedanaise qui aimerait bien recevoir.un hôte tout de même assez huppé et ce afin de se remémorer et de revivre les grandes confrontations dantan
« On veut tomber sur un gros ! » espère Pierre Tordo. Sera-t-il entendu ? Alors, quelle boule va sortir Dominique, une jolie fille aux yeux amandes ?
.« Choc princier pour Sedan » titre la presse. En effet, il ; revient au CS Sedan-Ardennes de recevoir, dans le vétuste mais vénérable stade Emile-Albeau les
Monégasques du docteur Campora !
« Sur le plan purement sportif, cest une aubaine » clame le coach sedanais alors que Jacky Nix -qui préside aux destinées du club ardennais- est catégorique en affirmant que « nous vendrons chèrement notre peau et nous ne ferons aucun complexe. » Quant à Lucien Muller, lentraîneur du club de la Principauté, il évoque ses souvenirs en ces termes « cela va me rappeler mon passage à Reims et les derbys entre voisins. Assurément, ce ne sera pas, pour nous, une promenade
», Jean-Louis Campora note que « les Sedanais daujourdhui semblent avoir hérité de lesprit de Coupe de leurs prédécesseurs. »
Laffiche du mardi 9 avril 1985 est donc somptueuse et, pour beaucoup, celle-ci récompense des Ardennais placés en milieu de tableau dans leur championnat et donc ils ne craignent ni espèrent rien de ce côté-là
Avant de se mesurer aux Monégasques, les Ardennais sont en pleurs car ils viennent dapprendre le décès accidentel de Didier Bouchet qui fut des leurs et ils sont accrochés dans leur antre par les Caennais (1-1).
« Sedan, treize hommes en colère » assure-t-on et Martial Sesniac nen fait pas partie car il est malheureusement suspendu. En face, Bellone est incertain mais quimporte car on présente lAS Monaco comme
« une petite équipe de France » forte de huit internationaux français et deux Espoirs français plus deux étrangers capés! Excusez du peu
« On est gonflé à bloc » assure Muller qui mise sur Ettori, Liégeon, Stojkovic, Simon, Amoros, Puel (puis Benoît), Le Roux, Genghini (puis Lopez), Bravo, Anziani et Tibeuf.
Il est titré « Sedan au pied du Rocher » et, avant le coup denvoi donné par M. Konrath, on samuse au jeu des pronostics. Laffrontement tournera-t-il en faveur des locaux ? « Nous ferons un bon match » présume le Polonais Janultz Sroka heureux de le disputer mais aussi craintif et ce compte tenu de la carte de visite de ladversaire.
Une fois nest pas coutume, le stade Emile-Albeau est archi comble. Ils sont 13 208 à être venus applaudir et encourager des Sedanais qui ont pour nom Dupuis, L.Andry, Curé, Trassart, Sroka, J.-L. Lefebvre, Frappart, M. Andry, Lagrange (puis Trungadi), Rolshausen et Solomenko.
La grande attraction lors de léchauffement nest autre que
« Noisette », la laie de M. Copine! Cest du délire dans le stade quand elle effectue un tour dhonneur sur les talons de M. Martinot et surtout lorsquelle fonce, tête baissée, vers Ettori qui, avec prestance, se dérobe sous les « Olé » de la foule !
Y a-t-il un supporter monégasque au stade municipal ? Si oui, où se dissimule-t-il, le pauvre ? Pas de rouge et blanc à lhorizon ! Il revient à M. Thierron de Monclin, Président du Crédit Agricole, de donner un coup denvoi
symbolique.
« Notre sanglier les a déjà enfoncés ! » sexclame-t-on dans les tribunes, en haut des gradins et au pourtour. Mais, tout ce bon peuple va vite déchanter
Les titres de la presse écrite du lendemain résument bien une apothéose tant redoutée.« Sedan reçoit la leçon de Monaco (0-3). Monaco a déjà fait le plus dur à Sedan ».(« LArdennais ») ;« Monaco simpose 3-0 en terre ardennaise. Le courage sedanais na pas suffi. 0-3 : ils étaient trop forts » (« LUnion ») ; « La fin dun beau rêve » (« LEquipe ») et « Monaco déjà qualifié à Sedan » (« Nice Matin »).
Sous les yeux des anciens sedanais Luc Sonor et Marcel Farrabi, Pascal Dupuis sest incliné devant Leroux (23e), Genghini (29e) et Amoros (70e).
Question : les jeux sont-ils faits ? Les Sedanais peuvent-ils imiter les Lorrains du FC Metz qui viennent de faire exploser Barcelone au Nou Camp?
Dans le vestiaire sedanais, Pierre Tordo est lucide : « sans rigueur défensive, on a facilité la tâche des pensionnaires de D1. » En face, Lucien Muller prétend que « la différence de classe du départ sest affirmée. Match sans histoire pour nous
» et Manuel Amoros semble surpris car il « redoutait une pression plus forte. »
Très sportif, le public dAlbeau acclame, au coup de sifflet final, les vingt-deux acteurs. Pour lui, ce fut la grande fête mais point de miracle
Avant de prendre le chemin de la Principauté, les Sedanais tombent lourdement, en championnat, au Havre (3-0)
En ce 16 avril 85, voici le match retour et « LArdennais » évoque une « mission impossible ». Devant une poignée de spectateurs, « Sedan limite la casse au maximum. » En effet, seul Le Roux trouve le chemin des filets sedanais (66e).
On peut lire ces titres : « Le sursaut espéré : Sedan sort avec les honneurs » (« LUnion ») et « Le Marcassin est mort » (« LEquipe »).
Et pourtant, au stade Louis II récemment inauguré, les Ardennais ont évolués en vert, la couleur de lespoir
Claude LAMBERT