Condensé d'histoire sur le CSSA et l'UAST

A grand renfort d'anecdotes, Claude Brény, Pierre Vincent, Maryan Synakowski, Pierre Tordo, Francis Tissot, Jacky Nix, Farid Fouzari, Fabien Brandès, Kiki Compère, Harold Buffet, Cédric Mionnet, Cédric Elzéard et Nicolas Sachy ont ravi l'auditoire à travers les évocations de leurs souvenirs personnels.

Sous la direction de Yanny Hureaux, tour à tour, et de manière chronologique, ils ont pu retracer l'histoire de l'UAST et du CSSA, des footballeurs ouvriers/lycéens sous l'ère Dugauguez (1948-1974) à la renaissance grâce aux footballeurs "oubliés" (1997-1999) en passant par la période dite "sombre" (1974-1997).

C'est Claude Brény, l'emblématique buteur sedanais, qui est invité à prendre la parole le premier. L'occasion pour lui de parler de la condition du footballeur sedanais qui - à l'époque - n'a évidemment rien à voir ce que l'on peut connaitre aujourd'hui. Ainsi tout joueur de l'équipe percevait l'équivalent de trois SMIC dont un tiers des revenus était directement lié à son travail, principalement aux Draperies Sedanaises des frères Laurant. Car les footballeurs exerçaient également une activité professionnelle sans pour autant bénéficier de réels aménagements.
 

L'entrainement se déroulait de 6h30 à 8h00 chaque matin puis, après un petit déjeuner en commun, ces messieurs effectuaient leur journée de travail comme tout à chacun avant de conclure par une seconde séance d'entrainement de 18h00 à 20h00 : tout un programme ! Remarquez il y avait bien quelques petits avantages : des primes de match anachroniques (1500 francs pour la victoire en finale de la Coupe de France en 1956) ou un paquet de biscuit offert chaque année par une célèbre marque qui utilisait leur image à travers des vignettes à collectionner représentant les joueurs du championnat de France. Pour autant la motivation était bel et bien présente !

Ainsi, en 1956, Pierre Vincent se faisait casser le nez par le bouillonnant gardien monégasque Abderrahmane Boubekeur dans le tunnel à l'issue de la qualification sedanaise pour les demies-finales de la Coupe de France après un match houleux. Sans solution de rechange, Louis Dugauguez lui demandait de jouer deux jours plus tard face à Lens. A nouveau dans les cages en demi-finale contre Lyon quelques jours plus tard, Pierre Vincent prenait un ballon en pleine poire sur son appendice meurtri. Il a pu raconter ce soir que ce nouveau coup du sort avait décuplé sa motivation : « Cet handicap m'avait donné l'impression d'être un éléphant dans le but, ils pouvaient tirer dans toutes les positions, je crois avoir fait le match de ma vie » et l'UAST pour sa première saison en division 1 se qualifiait pour la finale de la Coupe de France grâce à un pénalty transformé par Célestin Oliver (1-0), avec l'heureuse issue que l'on connaît tous.

Fort de son expérience d'international français lorsqu'il évoluait avec l'UAST, Maryan Synakowski nous raconte son duel face à Pelé lors d'une rencontre avec les Bleus, « J'ai pas vu clair du match » ... N'ayant pu se déplacer, Jean-Pierre Di Salvio, avait fait parvenir une missive lue à l'assistance, concernant son expérience de footballeur et de lycéen à Pierre Bayle, comme Roger Lemerre et Zacharie Noah l'ont également été  : « Monsieur Louis était omniprésent, "parent-délégué" de tous les joueurs scolarisés, il visait nos carnets de note chaque mois, contrôlait notre alimentation au restaurant du foyer et même nos petites-amies ! A l'inter-saison, pendant les vacances scolaires, on travaillait quinze jours aux Draperies pour se payer quinze jours de vacances ensuite avant de rattaquer ».
 

Pierre Tordo pour sa part, constitue le lien parfait entre l'époque que nous venons d"aborder grâce au témoignage de ces glorieux anciens et l'époque dite "sombre" selon la terminologie de Yanny Hureaux. Après avoir été le gardien but de Sedan dans les années 60 et 70, il a également été le coach de l'équipe première, en particulier de 1980 à 1987 sous la présidence de Jacky Nix. Repéré à Nice en 1962 grâce à la cellule de recrutement de Gaëtan Chrétien, l'ancien portier sedanais nous livre cette anecdote : « Un jour pluvieux, alors que les ballons de l'époque se gorgeaient d'eau, une frappe lourde de Fugaldi me blesse lors d'une séance d'entrainement ... De rage, expédiant le ballon dans le lit de la Meuse voisine du crassier, j'ai été obligé par Louis Dugauguez d'aller rechercher le cuir à l'écluse sous peine de le payer ! »

Le retour de Pierre Tordo à Sedan en 1980 coïncide en effet avec cette époque où le CSSA ne dispose que de peu de moyen et dont le mode de fonctionnement - devenu obsolète - plombé par le contrat à temps et le foot business le condamne à végéter en 3ème division, parfois en seconde, et des fois au bord du 4ème niveau national (D4). Ainsi une année, le Président Jacky Nix paye de sa poche les frais d'engagement des équipes auprès de la ligue. Francis Tissot retient en particulier un match, en avril 1992, lorsque le CSSA était alors allé chercher son maintien en division 2 lors de l'ultime minute du dernier match à Angers grâce à un but de Christian Skubizewski alors que dans le même temps, les angevins devaient s'imposer pour disputer l'accession en première division.

Jacky Nix, président du club pendant dix ans, insiste particulièrement sur la fibre ardennaise qui selon lui à permis de maintenir le club au niveau national alors que les moyens étaient pratiquement inexistants. Patrice "Kiki" Compère, Harold Buffet et Farid Fouzari incarnent parfaitement cette génération de valeureux ardennais. Le premier cité nous apporte sa vision alternative de cette époque qualifiée de sombre par les observateurs mais vécue selon lui comme une époque dorée, imprégné de la fierté de porter le maillot du CSSA : « sur lequel est inscrit Sedan mais surtout Sedan Ardennes ce qui pour nous était une grande fierté [...] Les primes de matches y'en avait pas mais on ne va pas les réclamer maintenant au Président Nix (rire), c'était la dernière grande période des gamins du coin (sic); à 98 % on venait de Sedan, de Charleville, de Revin, de Vivier, des alentours, après - et c"est très bien - le club s'est développé et est passé à un autre chose mais pour nous c'était vraiment des années de grâce ...».

Co-équipier de Compère, Harold Buffet se remémore son arrivée au club en 1977 et l'issue de la saison alors que le CSSA - sérieusement menacé descendre en D4 - devait impérativement remporter ses cinq (!) derniers matches dont trois face au trois premiers du classement général et l'ultime, à Albeau, face à un concurrent direct au maintien ce qui fut réalisé devant quatre mille spectateurs en liesse. Farid Fouzari , pour sa part, en profite pour saluer le rôle de Michel Le Flochmoan et de Francis Roumy qui n'ont pu se libérer et se rappelle le titre de champion de D3 acquis en 1991, l"accession, le maintien miraculeux à Angers évoqué précédemment et d'une manière générale, mesure l'évolution du club dont il a été et demeure encore aujourd'hui, un témoin privilégié.
 

Débutant en D3 en 1991, Fabien Brandès a finalement quitté le club en 2001 alors que celui-ci évoluait en Coupe d'Europe ! Relancé par Bruno Metsu lorsque ce dernier a remplacé Christian Sarramagna en 1995, il a donc connu les trois années de national et par conséquent a vu arriver la première vague de la génération des footballeurs "oubliés", période qui coïncide avec le renouveau du CSSA à partir de la saison 1997-1998.

Cédric Elzéard est l'un de ceux -ci. Un élément fondateur de la renaissance sedanaise est l'inter-saison 1997 lors du passage mouvementé et incertain de la nationale 1 au national open  ... « Je rentre de vacances et rencontre Olivier Quint au supermarché de Bazeilles qui m'annonce que le sort de l'équipe est en suspens ... Le lendemain les dirigeants et Metsu nous réunissent et nous proposent soit de continuer la préparation ensemble sans aucune garantie sportive de monter, soit de reprendre notre liberté chacun de notre côté, on décide de rester ensemble et finalement on nous annonce à l'issue de la prépa qu'on pourra jouer en national. A la fin de la saison on monte en division 2, l'année suivante on monte en division 1 et on joue la finale de la Coupe au Stade de France ! ». Yanny Hureaux profite de cette anecdote pour rappeler le rôle majeur de Pascal Urano lors de cette été 1997 qui en se portant garant pour le club auprès de la DNCG a permit au CSSA de s'aligner en national avec le parcours que l'on sait.

Cédric Mionnet revient sur les conditions d'entrainement rocambolesques à l'époque. Sans terrain d'entrainement alors même que l'équipe avait accédé en première division dés 1999, le groupe se retrouve à voyager aux quatre coins des Ardennes pour pouvoir s'entrainer ... « C'était énorme ! [...] Des douches froides, des séances de kiné sous une tente à côté, les rencontres avec les supporters : ça a soudé le groupe. Après les "stars" sont arrivées, Salif Diao, Moussa Ndaye, on leur disait d'aller s'entrainer à Cheveuges, avec leurs Porsche, y'avait des trous partout ... Moussa expédie un ballon dans le champ d'à coté où il y avait des vaches, il nous regarde, regarde le staff, Patrick Rémy lui explique qu'il n'est plus à Monaco et qu'il doit aller rechercher son ballon, il a mis un quart d'heure à le ramener; le reste de la séance, toutes ses frappes étaient dans les gants du gardien (rire) [...] C'était le bon vieux temps, on était un groupe de copains soudés et on aimait retrouver les supporters au club-house [...]. »
 

Le privilège de conclure cette agréable causerie revient à Nicolas Sachy. Après quelques anecdotes croustillantes et afin de n'oublier personne, Nico rappelle également le rôle majeur de Michel Charlot : joueur, formateur et surtout recruteur de l'UAST pendant de longues années, Il fut présent aussi bien dans les années fastes des "footballeurs-ouvriers" que dans la longue nuit des années 1970/1980. Il est décédé en août 1999, juste après le match inaugural des Vert et Rouge au Vélodrome de Marseille qui marquait le retour de Sedan dans l'élite du football français. Sans oublier de citer également Willy Sohier, récemment disparu, entraineur des gardiens pendant de nombreuses années au CSSA.

Merci Messieurs, pour toutes ces belles histoires, l'histoire de notre club. Allez Sedan !