L'étendard du «Pêre Diaz», il y a 55 ans

En cette saison 60-61, les Sedanais évoluent toujours en division 1 et les voilà aussi lancé dans une autre compétition qui leur tient à coeur soit la coupe de France avec le secret espoir d'aller le plus loin possible. Il y a 55 ans de cela...

Afin d'être à la hauteur, l'U.A.S.T. a comblé le départ de Jean Duranton à l'Olympique de Charleville par les arrivées d'Aimé Bach venu du Stiring-Wendel et de Charles Gasparini, transfuge de Piennes, soit deux sélectionnés lorrains. Et puis, le Limougeaud Guy Hatchi rallie les Ardennes, Michel Lefebvre effectuant le trajet inverse...

L'équipe ardennaise dispute aussi la coupe de l'Amitié et elle se frotte au Celtic de Glasgow puis à Eindhoven...
Le retour du service militaire de la paire Yannick Lebert-Christian Perrin fait que Louis Dugauguez dispose dorénavant d'un effectif digne de ce nom.

Parmi celui-ci, « Ben » Salem et Lebert sélectionnés en Equipe de France Espoirs contre la Hollande, Pierre Bernard et Max Fulgenzy étant appelés en « A » pour le match Suède-France. Comme quoi Sedan est bien représenté parmi diverses sélections...

En championnat, le club cher aux frères Laurant se comporte au mieux même s'il concède une courte défaite à Delaune, les Rémois l'emportant par 4 à 3.

Janvier 61 : place à la coupe de France avec un 32èmes à Armentières où Bach dispute son premier match chez les pros.
En l'emportant (3-1), les Sedanais poursuivent leur aventure avec une retentissante victoire en terre bordelaise, l'homologue toulousain tombant avec les honneurs (1-2) puis, toujours sur terrain neutre, en l'occurrence à Lille, ils s'en vont damer le pion aux Strasbourgeois qui sont éliminés sans même parvenir à sauver l'honneur (0-2).

La saison se poursuit et, en ce mois de mars, à Emile-Albeau, les Lyonnais s'inclinent (1-2) puis les Sedanais, en obtenant un match nul et vierge, ne reviennent pas bredouilles de Lens où ils se sont rendus en autorail, ces deux confrontations comptant pour le championnat.

Armée pour courir deux lièvres à la fois, l'U.A Sedan-Torcy ne cache pas ses légitimes ambitions pour ce qui est de Dame Coupe et elle attend dans la fièvre le tirage au sort. De toutes façons, en parvenant en quarts, il ne reste que de « gros morceaux » soit Nîmes, le Racing Club de Paris, Saint-Etienne, le voisin Reims et enfin Nice mais aussi deux clubs de l'étage inférieur, Montpellier et Bordeaux.

Le verdict tombe : ce sera... Nice ! Quant à la Commission de la Coupe de France de la FFF, elle désigne le terrain de Lyon pour ce quart de finale qui devrait attirer la foule.

Déplacement périlleux mais aussi lointain pour les supporters ardennais. Le comité directeur d'Allez Sedan entend bien organiser un déplacement et pour cela il a contacté la SNCF pour la mise en circulation d'un autorail spécial. On partirait très tôt soit à quatre heures vingt cinq du matin et on regagnerait les Ardennes via Lyon-Perrache pour une arrivée prévue à deux heures vingt du matin ! Quant au prix aller-retour il est de 50 nouveaux francs. Comme d'habitude, ledit autorail s'élancerait de Charleville. Les personnes intéressées doivent s'inscrire aux Draperies Sedanaises mais aussi au bar « Le Corner » tenu par Michel Mathieu, ancien joueur de Charleville et de Sedan.

Les supporters le savent à l'avance, outre sandwichs avec boissons, il leur sera aussi proposé au retour une assiette anglaise avec veau froid, jambon, saucisson, etc. « Allez Sedan » précise « modèle wagon-restaurant » !

L'ambiance est assurée côté sedanais, deux grands drapeaux « vert et rouge » ayant été confectionnés à la hâte par deux supportrices qualifiées de « charmantes ». Autre souvenir : des cartes postales vendues dans l'autorail.

L'adversaire niçois qui, comme Sedan, a déjà remporté le trophée, a dû écarter de sa route Cannes, Troyes et Roubaix pour se retrouver face aux Sedanais.

Il comporte dans ses rangs de bons joueurs dont la vieille connaissance Dominique Rustichelli alors que par le passé les Fontaine, Colonna et autre Ujlaki y brillèrent de mille feux.

Inévitablement, cette confrontation entre Sedanais et Niçois rappelle celle disputée à Besançon le 8 janvier 1950, en 32èmes de finale, les « footballeurs ouvriers » d'alors éliminant les grandissimes favoris niçois : 4 buts à 1. La presse locale rappelant les atouts des Sedanais de l'époque : « le dynamisme né d'une parfaite condition physique, un courage à toute épreuve, la foi et la confiance en leurs moyens. »

Très confiant, Maurice Laurant affirme que « l'esprit sedanais n'est pas éteint » chez des joueurs qui ont connu deux séances journalières d'entrainement. La troupe est restée dans les Ardennes alors que les Niçois ont trouvé refuge au Rouet, près de Grasse.

La veille du jour « J », le journal « L'Ardennais » titre « Sedan retrouvera son âme d'amateur devant Nice spécialiste de l'épreuve » et on peut lire « A Sedan, on a aussi un passé en Coupe à faire valoir. On voudrait que le Sedan 1961 soit de la lignée des amateurs 1950. »

Le sélectionneur national Georges Verriest est annoncé au stade de Lyon et il devrait avoir un ?il tout particulier sur le gardien sedanais Pierre Bernard et, en face, la paire De Bourgoing-Alba.

A Nice, l'effectif est au complet alors que Louis Dugauguez a emmené avec lui Bernard, Noah, Polak, Lemasson, Maryan, Hatchi, Mouchel, Fulgenzy, Salaber, Salem et Lebert.

Et le rêve devint réalité... En effet, en « une », « L'Ardennais » titre sur sept colonnes « Sedan qualifié pour les demi-finales de Coupe aux dépens de Nice 2-1 » et en page intérieure « Sedan qualifié à deux minutes de la fin (Salaber). Nice menait 1 à 0 après 75 minutes de jeu » et, pour sa part, « L'Union » propose « Football : Sedan demi-finaliste de la Coupe, Reims éliminé » mais aussi « Sedan inscrit l'O.G.C.Nice à son tableau de chasse. A un quart d'heure de la fin, Sedan entrevoit la victoire. »

Emile Meyrial de rappeler dans « L'Ardennais » que Salaber, dès l'entame de la partie, avait vu la transversale repousser un de ses ballons et ce sur penalty, que Barrou avait ouvert le score pour les Aiglons, Fulgenzy égalisant et Salaber marquant en toute fin de partie, cet ultime but étant contesté pour un supposé hors-jeu.

Et puis, on en vient à cet article titré « A coups de pieds et à coups de poings » qui révèle que « les Sedanais sont sortis du stade sous la protection des forces de police. Le juge de touche fût frappé par des Niçois alors que Mouchel s'interposait... Autre victime : Joseph Diaz, le gardien du stade Emile-Albeau, qui s'était aventuré sur le terrain pour y déployer l'étendard vert et rouge ! Il avait mal choisi son moment. Pris à parti, bousculé. On finit par casser le manche du drapeau et notre courageux « Père Diaz » allait s'en servir pour sa défense quand les agents intervinrent à leur tour et ne voyant que le dernier fautif, l'empoignèrent solidement pour le conduire au poste, une 403 noire servant de... « panier à salade » ! Et M. Laurant de demander la libération du prisonnier... »

Enfin, si Georges Verriest a noté sur ses tablettes Fulgenzy et Lebert, il revient à Henry Nicolas, le soigneur sedanais surnommé « Bouclette », d'aller panser l'arbitre de touche blessé à la jambe par des coups de pied... niçois !


Claude LAMBERT


Note: Légende photo: Le Niçois Barrou ouvre le score devant Fulgenzy.


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