Il y a 48 ans.... Sedan défiait le Real
Dans une saison footballistique, le calendrier nest pas constitué que de compétitions officielles, à savoir championnat et coupe. Mais, en son début notamment, vient le temps des matches amicaux tout aussi prisés par les supporters.
Certes, le côté émotionnel est moindre lorsque lenjeu est inexistant, nempêche que certaines rencontres revêtent un caractère particulier et elles demeurent à jamais marquées du sceau de lexceptionnel.
Dans quel cas précis ? Lorsque ladversaire est tout simplement
prestigieux ! Et, pour les Sedanais, ce fut le cas en mai 57. Il y a 48 ans
A lépoque, lUA Sedan-Torcy opère en division 1 et elle vient dassurer son maintien en prenant le meilleur, au stade Emile-Albeau, sur son voisin messin (3-2) et le onze ardennais termine en beauté, toujours à la maison, face aux coriaces nîmois (1-0). Et, cest à lAS Saint-Étienne de Jean Snella que le titre échoit
La période des transferts va débuter et, chez les dirigeants ardennais, on lorgne sur Pierre Bernard, le gardien des Girondins de Bordeaux, actuellement international amateur. Mais, pour linstant, cest le grand Alex Rozak qui garde la cage sedanaise.
Alors que la saison se termine, les dirigeants de lUAST, en loccurrence principalement les frères Laurant, sont contactés pour suppléer Nancy qui doit donner la réplique à un club mythique européen à savoir le
Real de Madrid ! Durant lexercice précédent, les Nancéens se sont déjà produits dans lenceinte madrilène et ils y ont fait forte impression. Du coup, Deladérière -surnommé « Ptit Léon »- et les siens sont à nouveau invités mais ils doivent décliner loffre car ils ont un match à rejouer. Lors de la saison 56-57, la bande à Louis Dugauguez a déjà affronté en amical dautres formations étrangères : lAustria de Vienne et Anvers.
Bref, Sedan a été contacté et, au pied-levé, le match a été conclu !
Alors, les Madrilènes seront à laffiche à Emile-Albeau ? Malheureusement non car ce sont les Sedanais qui doivent se déplacer en Espagne. Autant dire que le public ardennais est quelque peu déçu mais, dans ses rangs, on se félicite que ce soit lUAST qui ait été désignée pour servir en quelque sorte de « sparring partner » à ces huppés madrilènes.
Le match a lieu le jeudi 23 mai 1957, à Santiago-Bernabeu, magnifique stade inauguré dix ans plus tôt. Pour ce déplacement, la délégation ardennaise emmenée par Louis Dugauguez comprend quatorze joueurs. Ce sont : Rozak et Vincent , Carpentier, Salzborn, Eloy, Lemasson, Christian et Célestin Oliver, Périn, Pascal, Breny, Lefebvre, Tillon et Cuenca.
Partant de Sedan à 9 heures, les Ardennais prennent à 14 h 30 lavion à laéroport dOrly direction Madrid où ils joueront le lendemain à 18 heures.
Dans la capitale espagnole, la délégation ardennaise loge dans un hôtel en centre ville.
« Msieur Louis » précise aux journalistes que cest dans le cadre de la préparation du Real en vue de la Coupe dEurope que ce match a été organisé et ce dans limmense arêne madrilène.
Lentraîneur de lUAST a les pieds sur terre : « nous perdrons sans doute et nettement car les Mérengues ont plusieurs candidats pour une même place et, bien sûr, chacun cherchera à se mettre en vedette . Nous espérons bien faire bonne impression et cest en tout cas une satisfaction pour nous, pour les joueurs surtout, que de rencontrer les « grands » du football européen : la « flèche blonde » Di Stéfano, Rial, et lancien Rémois Raymond Kopa
»
Alors que les coéquipiers de Claude Breny ont lhabitude de jouer devant des affluences qui se confinent plutôt à quelques milliers de spectateurs, les voilà quils rentrent dans
larène espagnole où se sont donnés rendez-vous 80. 000 spectateurs ! Oui, quatre vingt mille ! Comment ne pas être surpris car à vrai dire il ne sagit que dun match amical et ce Real-Sedan ne constitue vraiment pas une grande affiche !
Alors, quelle chance peut-on raisonnablement donner aux hôtes français ? Infiniment petite, assurément
Et donc rien détonnant à ce quà la mi-temps le Real ait pris une confortable avance en menant par 3 buts à 1. Au coup de sifflet final, les Sedanais peuvent sortir du stade la tête haute malgré la défaite : 5 à 3 !
Les buteurs du Real se nomment Molowny, Olsen, Marsal auteur dun doublé et
Raymond Kopa qui ne dispute quune mi-temps. Et pour Sedan ? Trois joueurs se sont mis à lévidence en inscrivant chacun un but : Daniel Carpentier, Diego Cuenca et Christian Perrin.
La logique a donc été respectée et personne nen est surpris car noublions pas que le Real Madrid est alors tenant de la Coupe dEurope et quil sapprête à disputer lapothéose. Pour en arriver là, il a écarté de sa route le Rapid de Vienne puis Nice et enfin Manchester.
De plus, léquipe madrilène est constituée de joueurs talentueux : Alonso, Torres, Lesmes, Munoz, Marquitos, Zarraga, Josetto, Kopa, Di Stefano, Rial et Gento.
En finale, devant son public -120.000 spectateurs- le Real dispose de son rival italien, la Fiorentina, grâce à un penalty de Di Stefano et un but de Gento. Le grand club espagnol conserve donc « son » trophée.
Pour clore leur saison, les Madrilènes se produisent en amical sur la pelouse du stade Auguste-Delaune de Reims à nouveau foulé par Kopa et où Piantoni mais aussi Glovacki (2 buts) se mettent en évidence puisque devant 18.000 spectateurs -seulement !- le Real tombe lourdement (0-3).
Pendant ce temps-là, les dirigeants de lUAST négocient avec lOlympique de Marseille en vue du transfert de Célestin Oliver sur la Canebière. Mais, lancien joueur de Mostaganem ne partira pas : « 20 millions : cest trop cher !
»
Quelques années plus tard -en septembre 61- lUAST, cette fois-ci en coupe dEurope, sen retournera à Madrid pour y rencontrer lAtlético
Claude LAMBERT
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