Janvier 1953, Sedan-Béthune

Avant d’opter pour le statut professionnel, l’UA Sedan-Torcy s’est brillamment comportée dans le championnat de France Amateur (C.F.A.) étant même, en juin 1951, champion de France, devançant Draguignan, Piennes et Quimper. L’année suivante, le onze ardennais parvenait encore en poule finale. Nous voici à quelques mois du passage en division 2. Janvier 1953 : avec Louis Dugauguez en tant que joueur-entraîneur, l’UAST reçoit une formation nordiste au stade Emile-Albeau. Il y a 53 ans… En début de saison, l’équipe sedanaise, malgré son « petit » standing, n’hésite pas à disputer des rencontres amicales face à des clubs étrangers : Royal White Star de Bruxelles et Bruges (Belgique), La Fola de Esch (Luxembourg).

Les frères Laurant font signer Laurentz (Strasbourg) et Parpêtre (junior à Rethel). Quant à Gaétan Chrétien, il obtient le diplôme d’entraîneur et va pouvoir seconder « M’sieur Louis » de longues saisons durant.

En s’imposant à Armentières (4-2), l’UAST est rapidement co-leader avec Bully. Mais, les voisins rémois viennent gagner dans les Ardennes et recollent au peloton de tête…

En cette fin d’année 52, Max Fulgenzy, grand espoir du CA Monthermé, qui la saison précédente avait signé un contrat de non-sollicitation avec le Stade de Reims, opte pour Sedan et participe à la brillante victoire des Ardennais, en Coupe de France, aux dépens de Maubeuge (4-0).

Les Sedanais sont donc encore en course et ils vont se mesurer à Boulogne avec derrière eux toute une cohorte de supporters qui, grâce à « Allez Sedan », pourra se rendre à Cambrai en autocar ou en « Micheline ».

Le calendrier a été établi ainsi : à deux reprises, les Ardennais reçoivent au stade municipal. Tout d’abord Vernon qui obtient le nul (1-1) puis voilà Béthune dont la position est plus que critique et donc il faut s’attendre à une rencontre disputée sous le signe de l’énergie du désespoir…

Dans une chronique intitulée « Potins sedanais… », « L’Ardennais » revient sur la rencontre Sedan-Vernon en ces termes « lorsqu’une équipe a une place de leader à défendre doublée d’un titre de champion du groupe Nord, elle se doit d’être sur ses gardes et ne pas livrer des matches avec un certain dilettantisme, pour faire honneur à son prestige, aux couleurs qu’elle défend et à la foi de ses supporters ».

Sedan va encore rencontrer un club sur qui pèse la menace de la relégation. En treize rencontres, l’ex-champion de France amateur n’a glané que trois victoires dont une à l’extérieur (à Armentières) et deux chez lui (contre Saint-Dizier et Saint-Quentin). Pour « L’Ardennais », « il ne fait aucun doute que l’USB cherchera à quitter le stade Emile-Albeau après avoir obtenu un cinquième match nul dont elle se contenterait très certainement. L’UAST, qui bénéficiera de la rentrée de Louis Dugauguez, après l’avertissement qui lui fut donné dimanche dernier par les Normands, se méfiera cette fois des Nordistes et voudra éviter un nouveau partage de points qui aurait cette fois de graves conséquences ».

En ce dimanche 11 janvier 1952, le temps est ensoleillé et le terrain est recouvert de neige. Au sifflet, M. Franck venu de Strasbourg. Le trésorier a comptabilisé 1.390 entrées payantes.

Les deux formations s’alignent ainsi avec, à Sedan, Roman, Daniel Carpentier, Eloy, Duruisseau, Serek, Czekaj, Dugauguez, Robert Carpentier, Mathieu, Chrétien, Breny et, à Béthune, Houbart, Mutez, Boui, Lagache, Hermant, Budzinski, Valembois, Delmotte, Halipret, Bertincourt, Laurent.

Dans son édition du lundi, « L’Ardennais » titre sobrement « Sedan a battu Béthune par quatre buts à un » et le compte-rendu débute ainsi « L’équipe fanion se devait de se réhabiliter devant son public et disons tout de suite que les Sedanais y sont amplement parvenus disposant avec facilité d’un adversaire qui lutta avec l’énergie du désespoir. L’incorporation de Dugauguez métamorphosa le onze local qui, bien soudé dans toutes ses lignes, imposa durant toute la rencontre sa double supériorité technique et tactique. L’équipe de Béthune se présenta sans son gardien titulaire Déprez, victime d’une crise de furonculose ».

Alors, ce match ? « Sedan perd le toss et joue contre le soleil. Tout de suite en action, les locaux attaquent par Dugauguez… Un centre au cordeau de Brény trouve Chrétien démarqué et l’inter sedanais, du crâne, ne laisse aucune chance à Houbart (12e) ; un centre de Dugauguez est encore repoussé par la transversale, mais Brény surgit pour marquer imparablement de la tête (15e) ; sur une attaque partie de Cjekaj, Chrétien transmet à Dugauguez qui relaie sur Brény dont la reprise de volée fouette les filets adverses (20e) ; Roman, le gardien sedanais, en voulant faire rebondir le ballon, voit le cuir ricocher sur le talon de D. Carpentier et rouler dans la cage, sous les yeux médusés des avants nordistes (31e) ; sur rentrée en touche effectuée par R. Carpentier, Chrétien prolonge adroitement sur Dugauguez qui loge de la tête la balle dans la cage nordiste (71e) ».

Dans « L’Equipe », sous le titre « Béthune trop tendre », Marcel Perrier écrit « le terrain était enneigé mais très jouable. Partie extrêmement correcte qui vit la domination constante des Sedanais qui, comme prévu, ont réagi et se sont imposés dans toutes les lignes, devant un adversaire manquant de finish. Dugauguez et ses hommes sont à citer, sans exception, pour leur brillante prestation ».

Toujours dans la chronique « Potins sedanais…. », « L’Ardennais » écrit qu’« il est incontestable que la présence de Dugauguez dopa ses poulains et le onze aligné devant les Nordistes joua en leader. On applaudit à nouveau aux fulgurants déboulés du trio de pointe, judicieusement alerté par un carré magique infatigable, alors que la ligne arrière, aux interventions nettes, brisait avec assurance les quelques pointes adverses, tout en contre-attaquant à bon escient. Le but malheureux, dû uniquement à la malchance, fut la seule note sombre de la partie jouée sous le signe du fair-play et arbitrée de magistrale façon ».

Cet arbitre se fit un vif plaisir de féliciter les deux équipes après la rencontre. Il est signalé que ce gros industriel strasbourgeois prend son rôle du bon côté en le considérant comme un « passe temps dominical très agréable, le petit « dada » du dimanche en somme…


Claude LAMBERT


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