M'sieur Louis à la tête des Bleus, il y a 39 ans ...
Actuellement, tous les yeux sont rivés sur lEquipe de France de football qui dispute la Coupe du Monde en Allemagne. Pour lheure, les « Bleus » sont qualifiés pour une demi-finale qui les opposera, à Munich, au Portugal. Dans le passé, le onze national a connu plusieurs entraîneurs et, parmi ceux-ci, un certain
Louis Dugauguez ! Il fut nommé en juillet 1967 et débuta sa carrière dès septembre en Coupe dEurope des Nations. Et contre quel adversaire ? Avec quel résultat ? Voyons cela de plus près. Il y a 39 ans
Le quotidien sportif « LEquipe » titre dans son édition du samedi-dimanche 8-9 juillet 1967, en rubrique « Football », ceci « Dugauguez directeur pour trois ans des équipes de France » et, sous la plume de Jacques Ferran, envoyé spécial à Rouen où sest tenu le Bureau Fédéral, on peut lire « Me Chiarelli, président de la F.F.F. a eu un entretien avec Louis Dugauguez, lentraîneur de Sedan, et ce dernier lui a précisé à quelles conditions -matérielles et de travail- il accepterait la charge de « directeur de lEquipe de France ». Il a demandé quon lui fasse confiance pour mettre sur pied des structures techniques nécessaires et il a exigé de navoir de comptes à rendre quau Bureau Fédéral ».
Ce dernier met un terme à la mission de Just Fontaine qui fût associé dans sa tâche au duo Doumeng-Biancheri. Et il accorde la responsabilité des sélections « A », « B » et « Espoirs » à Louis Dugauguez dont le contrat a une durée de trois ans. En principe, il ira donc jusquaux Championnats du monde au Mexique.
« Msieur Louis » apprend sa nomination en Espagne où il est en vacances. Il na pas consenti à se rendre à Rouen comme on lui avait demandé. Il a dit quil avait besoin de trois semaines de vacances avec sa famille et quil sagissait non de lentendre, mais de lui faire confiance. Et Jacques Ferran dajouter « il est certain que le nouveau directeur national va, par son caractère entier, trancher avec ses prédécesseurs. Il abandonnera, bien sûr, lentraînement de léquipe sedanaise qui sera vraisemblablement confié à ses adjoints Chrétien et Brény ».
Dugauguez ne tarde pas à se mettre au travail et, lors dun match à huis clos disputé au stade Montbauron à Versailles, « France A » concède « un petit match nul (2-2) » face au Bataillon de Joinville. Par ailleurs, « ses » espoirs « 67 » dont Roger Lemerre et Yves Herbet, prennent le meilleur sur la Tchécoslovaquie (3-1), « Nenette » étant aussi buteur. Enfin, les espoirs « 70 », dont le Sedanais Jacky Rose et son ex-coéquipier Yvan Roy, se promènent littéralement au Parc des Princes face à la Jeunesse dEsch : 11 à 1 !
Juste après, au stade Emile-Albeau, les Sedanais -sans Pierre Tordo prêté pour un an à Béziers- triomphent, en championnat de division 1, des Ajacciens (2-0) ce qui comble daise.. Gaétan Chrétien, leur nouveau mentor mais aussi « Msieur Louis » présent au match ! « Cest la première victoire de la saison pour le RCP-Sedan » titre « LArdennais ».
Ce même week end, les amateurs sedanais sen vont disputer un match de championnat -CFA, groupe Nord- à Amiens où les frères Brény sont
expulsés !
Les Tricolores sont réunis à la F.F.F. puis dirigés sur Orly doù ils senvolent pour Copenhague et Odense. Dans « LEquipe », Jean Cornu donne des nouvelles des sélectionnés : « Herbet a fort bien tenu sa place à Sedan » et « Lemerre à un poste darrière central a été impeccable ».
« A trois jours de Varsovie, douche froide à Odense (1-2) » titre « LEquipe » qui écrit ceci « Echec dune équipe de France inconsistante devant une modeste sélection danoise » et Robert Vergne de noter « Il restait un peu plus dune demi-heure à léquipe de France pour se retrouver quand les joueurs Djorkaeff et Michel faisaient leur entrée sur le terrain en lieu et place de Lemerre et dHerbet. Ainsi, paradoxalement, ce sont les deux Sedanais que leur propre entraîneur condamnait au repos
»
Après la rencontre, le sélectionneur ne manifestait pas trop dinquiétude mais il déclarait « Herbet ma paru en méforme physique et Lemerre me donna limpression dêtre paralysé alors que ce nétait quun match amical ».
Le jour du match, « LEquipe » titre en « une » « Ambition de la France à Varsovie : jouer les trouble-fête. Notre équipe devra livrer un match de Coupe (des Nations) ».
Ce match sera retransmis intégralement ce dimanche, à partir de 12 h 55, sur la deuxième chaîne, et à cette occasion Pierre Loctin fera ses débuts de commentateur officiel du football sur le petit écran, son « challenger », Michel Drucker, étant à Tunis pour les Jeux Méditerranéens. Côté radio, cest Roland Mesmeur, pour « France Inter », qui commentera depuis Varsovie.
Dans « LEquipe », sous le titre « La France devant la Pologne : un challenger », Jean-Philippe Rethacker écrit « la révolution qui éclata soudain dans lorganisation du football français déposa Fontaine. Alors apparut un nouveau patron pour léquipe de France. Un technicien dailleurs plus manager style anglais quentraîneur, pourvu de tous ses droits et de tous les pouvoirs, seul et unique responsable de la sélection. Louis Dugauguez, en deux mois, a pris laffaire en mains avec laccord et la collaboration de tous ses pairs les entraîneurs. Il a établi un plan de travail méthodique et précis, il a passé au crible les joueurs français. Il les a suivis ou fait suivre en championnat. Avec léquipe de France, Dugauguez se trouve placé devant une demi-saison importante à la fois dans les faits et dans lesprit » et de rappeler les propos du sélectionneur « nous ne sommes et ne pouvons être pour linstant que des challengers et des trouble-fête. Alors, essayons de nous comporter comme tels ».
Au stade du X ème anniversaire, à Varsovie, les Tricolores -maillot bleu, culotte blanche, bas rouges- ont pour nom : dans la cage Aubour (Nice), à larrière Djorkaeff (Marseille), Mitoraj (Saint-Etienne), Bosquier (Saint-Etienne), Baeza (Monaco) ; en milieu Herbin (Saint-Etienne) et Michel ( Nantes) et en attaque Herbet (Sedan), Guy (Lyon), Di Nallo (Lyon), Loubet (Nice). Les réservistes ? Ils sont cinq : Carnus, Lemerre, Blanchet, G. Lech et Beretta. En cours de match, seul le gardien peut être remplacé
La Pologne se présentera avec Kostka, Kowalski, Gmoch, Oslizlo, Anczok, Brychczy, Soltysik, Suski, Faber, Lubanski, Gadocha. Le trio arbitral est autrichien, M. Ferdinand Marshall tenant le sifflet.
Toujours dans « LEquipe », Jacques Etienne affirme que « pour le sélectionneur, épaulé par Elie Fruchart, lheure de la vérité va bientôt sonner. Il a préparé ses joueurs le mieux possible dans tous les domaines : entraînement et conférences se sont succédé chaque jour. Que peut-il faire maintenant de plus ? »
Lundi 18 septembre 1967, « LEquipe » titre en première page sur 8 colonnes : « 4 buts français à Varsovie ! » Mais aussi « Meilleur résultat depuis 7 ans sur terrain adverse (Vienne). Bosquier, Baeza, Herbin, Guy, Di Nallo, Djorkaeff : illustrations de lapplication et de lefficacité des Tricolores. La France en tête de son groupe. Un match nul devant la Belgique le 28 octobre la qualifiera pour les ¼ de finale ».
Et, en pages intérieures, Jacques Ferran nhésite pas à écrire qu « on dirait que cette victoire a été offerte par le ciel à notre football pour lencourager à suivre la voie quil vient de choisir » ; Roger Vergne affirme que « la Pologne fut lente, décevante et
malchanceuse » ; Jean-Philippe Rethacker évoque « une équipe solidaire » mais aussi « Herbet qui se sacrifia à la collectivité dans un travail de harcèlement qui porta souvent ses fruits. Malheureusement, le petit Sedanais, qui ne paraît pas dans sa meilleure forme physique, ne put remplir parfaitement la seconde partie de son rôle : balle au pied, il manqua pas mal de passes, se fit souvent contrer par des rivaux plus athlétiques que lui, et porta un peu exagérément le ballon ».
Herbin, Guy et Di Nallo -par deux fois- mais aussi Brychczy, côté polonais, ont été les buteurs du jour. Pour Michel Matyas, le sélectionneur vaincu, « les Français constituent une équipe sage » alors que Just Fontaine, téléspectateur attentif et surtout
« beau joueur », clame « bonne préparation, bravo la France ! »
Enfin, Louis Dugauguez se réjouit en ces termes : « nous avons lossature dune bonne équipe ». Au vestiaire, nous rapporte Jacques Etienne dans « LEquipe », « il rayonne dun bonheur contenu ». Et Louis Dugauguez de poursuivre « il vaut mieux commencer par un résultat positif, ça entretient la flamme, donne un regain denthousiasme pour les batailles futures. Je suis bien sûr profondément heureux ».
Dans « France Football », il est titré « Quand les Tricolores découvrent un vrai patron ». Sil est un homme qui ne fût pas surpris car il connaît par cur « Msieur Louis », cest bien Jean-Claude Pêcheux, soigneur tant à Sedan que chez les Tricolores
Lui aussi attend avec impatience le prochain match, à Nantes, contre les voisins Belges
Et si le onze national récidivait ?
Claude LAMBERT
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