Zacharie Noah n'est plus ...

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Né le 2 février 1937 à Yaoundé, au Cameroun encore sous protectorat français, Zacharie était le fils de Simon Noah Bikié, ancien tirailleur et employé d'une plantation de cacaoyers, notable camerounais mort assassiné au pays en 1985 lors d'une tentative de coup d'Etat.

Joueur au Stade Saint-Germain (Yvelines) alors en Championnat de France Amateur, il fut repéré et signa à l'Union Athlétique Sedan Torcy (UAST) en octobre 1957 alors que le Red Star, le Racing Club de Paris et le Stade Français l'avaient sollicité.
Demi aile avant de devenir défenseur latéral, il était estimé pour son élégance, sa solidité, ses interceptions, son adresse, son jeu de tête et sa souplesse. Sans oublier sa gentillesse... Après des études secondaires au Lycée Marcel Roby de Saint-Germain-en-Laye, on le retrouva au Collège Turenne de Sedan.

C'est le dimanche 20 octobre 1957 qu'il débuta sous le maillot sedanais cher aux frères Laurant par une victoire à Metz (3-2) et, en avril de la même saison, il fut sélectionné en Equipe de France Amateur qui affrontait la Hollande à Laon.
Malheureusement, en décembre 1958, lors du match de division 1 opposant le Racing Club de Paris à Sedan disputé au Parc des Princes, il se fractura le tibia droit et il ne reprit le chemin de l'entraînement qu'en août 1959.
Retenu par Louis Dugauguez, l'inamovible n°2 a eu le bonheur de remporter le 13 mai 1961 la finale de la coupe de France Sedan-Nîmes disputée au stade Yves-du-Manoir à Colombes (3-1) aux côtés des Polak, Maryan, Hatchi, Salaber, Fulgenzy, Breny mais aussi des disparus Bernard, Lemasson, Mouchel, Salem. Puis Noah disputa la Coupe des Vainqueurs de Coupes contre l'Atlético de Madrid et le Match des Champions face à Monaco.

En juillet 1962, à 25 ans, après 88 matchs disputés sous le maillot "vert et rouge", "Zac", victime d'une fracture du bassin survenue en octobre 1961, fut contraint d'abandonner le football professionnel et il s'en est retourné à Yaoundé où, trente ans plus tard, en janvier 1991, on le nomma Président de la Fédération camerounaise de tennis.
Marié avec Marie-Claire Noah, fille du poète Louis-Marcel Perrier, professeur, musicien, sportif et aussi correspondant de journaux nationaux ("L'Equipe", "France Football", "Ouest France", "Nice Matin", etc.) et de "l'Union", il était le père de Isabelle, Nathalie et Yannick mais aussi le grand-père de Joakim, actuellement basketteur international évoluant aux New York Knicks.

Toute la France sportive a gardé en mémoire le geste de Zacharie Noah, véritable patriarche d'une dynastie de sportifs professionnels qui, le 5 juin 1983, après la victoire de son fils à Roland-Garros aux dépens du Suédois Mats Wilander, bravant le protocole et déjouant le service de sécurité, sauta sur le central pour aller étreindre longuement son fils Yannick en larmes. A ce moment-là, il ne devinait pas que plus tard ce dernier serait capitaine de l'Equipe de France de Coupe Davis et Fed Cup. Mais aussi... chanteur !

Veuf de Marie-Claire, institutrice dans les Ardennes puis au Cameroun et créatrice de l'Association "Les Enfants de la Terre", décédée le 1er octobre 2012 à 75 ans, Zacharie revenait avec grand plaisir à Sedan et il avait encouragé l'équipe sedanaise qui, le 15 mai 1999, au Stade de France, affrontait en finale de la Coupe de France le FC Nantes, Thierry Roland l'interviewant même à la mi-temps sur TF1 qui retransmettait la rencontre.
Il avait découvert le stade Louis-Dugauguez puis, aux côtés d'anciens joueurs notamment de son époque, il avait été ovationné par le public, le 11 septembre 2009, à la mi-temps du match Sedan-Vannes, à l'occasion des 90 ans du club phare ardennais mais aussi le 6 mai 2011, lors du match Sedan-Metz, le club de la cité de Turenne fêtant ce jour-là les 50 ans de la finale Sedan-Nîmes.
" A mon époque, nous avions tous un sacré état d'esprit, on ne lâchait rien, on se battait jusqu'au bout et c'est grâce à cela que nous avons ramené une seconde coupe de France à Sedan. Je suis attaché à cette ville où je compte encore beaucoup d'amis mais c'est toujours moi qui vient et personne ne me rend visite au Cameroun. Je ne viendrai plus à Sedan, je vous attends à Yaoundé..." avait-il dit d'une voix calme qui le caractérisait.
Il a tenu parole.

Un Lion -un Sanglier !- ne meurt jamais, il dort...

Claude LAMBERT





Photo Claude Lambert