il y a donc 12 ans ..

Claude Lambert nous fait vivre une page de l'Histoire du CSSA. Il y a 12 ans, les hommes de Michel Le Flochmoan retrouvent la L2. Ils devront battre Angers sur son terrain pour espérer rester dans l'antichambre de l'élite une année de plus.

Tout au long de sa longue histoire, le CS Sedan-Ardennes n’a pas connu que des heures glorieuses… Mais, si ses footballeurs ont été souvent qualifiés d’ « ardents Ardennais », ce n’est pas par hasard car, avec l’abnégation dont toutes les générations ont su faire preuve, ils ont toujours su réaliser l’exploit afin que leurs couleurs demeurent au niveau national. La preuve…


Nous sommes en fin de saison 91-92, il y a donc 12 ans de cela… Le CSSA a retrouvé la division 2 après avoir été sacré champion de France de D 3, à Epernay, à l'issue de la série des tirs au but, aux dépens de l’AJ Auxerre, détentrice du titre.

A l’orée du nouvel exercice, le club ardennais enrôle Didier Philippe (Istres), Jean-Sylvestre Auniac (Ales), Patrick Desseaux (Auxerre), Laurent Maennel (Mulhouse), Christophe Vermandel (Valenciennes), Denis Ercseg (Mondor-Chasselais), Frédéric Gomis (Avignon) et Christian Skubizewski (Mulhouse). Ont quitté les lieux : Eric Duffour, Norbert Rolshausen, Christophe Tochel, Bernard Moraly et Gregory Kapica.

Michel Le Flochmoan est l’entraîneur et, courant septembre, Romain Arghirudis devient manager du CSSA.

La première phase du championnat n’est pas mirifique côté sedanais où on enregistre, à l’issue de la trêve hivernale, la signature du Brestois Pierre-Yves David.

En coupe de France, les Sedanais sont éliminés par le Red Star dont le Carolo Alain Polaniock.

Pour ce qui est du championnat, les Ardennais vont-ils se sortir de l’ornière ? Ils s’accrochent et vont chercher un point précieux à Ancenis (0-0).

Le stade Emile-Albeau connaît une parenthèse en accueillant l’équipe nationale juniors du Paraguay opposée à une sélection du Nord Est et ce en… rugby !

Quant à l’Olympique de Charleville, alors entraîné par Moussa Bezaz, il assure à Yutz sa montée en D 2 mais Wimbée et les siens vont-ils y retrouver le voisin sedanais ?

Autre club menacé, le Stade de Reims tremble sur ses bases car il connaît de gros soucis financiers.

Sedan ne peut améliorer sa position à l’occasion de la 33 ème journée car le club ardennais est… exempt ! Il reste aux dirigeants ardennais à croire au miracle alors que les supporters d’ « Allez Sedan » ne doutent pas un seul instant des possibilités et des chances de leurs favoris à qui, avant l’ultime périlleux déplacement, ils offrent le champagne, témoignage d’une sympathie toujours présente et marque d’encouragement fortement appréciée.

En tout cas, la cinquantaine d’Ardennais qui rallie en autocar l’Anjou est confiante bien que les deux défenseurs titulaires que sont Patrick Desseaux et Farid Fouzari sont absents car suspendus ce qui contrarie beaucoup le coach ardennais.

La tâche du CSSA n’est pas aisée dans la mesure où le SCO Angers, alors dauphin de Valenciennes, joue sur 90 minutes la… montée directe !

Les choses sont claires: pour Sedan, à Angers, c’est quitte ou double… Et, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, non ?

Au stade Jean-Bouin, ce samedi 18 avril 1992, Sedan se présente avec Pourchaux, Badji, Jacquier, David, Auniac, Lecoq, Gamiette (puis Philippe), Lefebvre, Pinho, Siegmann, Songne (puis Skubizewski) alors que les locaux comptent dans leurs rangs Aubry, Rabouan, Cabanel, Zago, Gulon, Viaud, Fréchet, Stéfanini, Lagrange, Daury, Discolle (puis Rodriguez).

« Nous sommes tributaires du résultat d’Amiens, mais nous allons tout faire pour réussir un baroud d’honneur… » assure Michel Le Flochmoan.

D’entrée, les Angevins - dont l’ex-sedanais Christophe Lagrange - font preuve de maladresse et, au fil des minutes, leur domination s’effrite, Pourchaux n’ayant plus à s’employer. Pour sa part, l’hôte sedanais se contente de quelques contres et commet beaucoup de fautes. En conséquence, Auniac, Jacquier, Siegmann et Lefebvre écopent d’un carton jaune.

Il reste un quart d’heure de jeu et Le Flochmoan lance ses deux jokers attaquants -Skubizewski et Pilippe- alors que Lefebvre est expulsé par M.Puyait.

Angers va-t-il profiter de sa supériorité numérique ? Assurément, le suspens est à son comble dans les dernières minutes…

On en arrive à la 90 ème minute de jeu : Aubry, le gardien angevin, décide de venir prêter main forte à ses attaquants et il est sanctionné pour une « bicyclette ». Rapidement jouée par Jacquier, la balle franchit la ligne médiane et « Skubi » la rattrape, fausse compagnie à plusieurs angevins et loge le ballon dans le but… vide !

La presse locale titre « Sedan reste en D 2 » (« L’Ardennais ») et « Sedan sauve sa tête sur le fil » (« L’Union »).

Par ailleurs, Dunkerque oblige Amiens à concéder un nul vierge en Picardie ce qui lui octroie « la cuillère de bois » et le relègue, Angers devant par ailleurs disputer les barrages pour l’accession parmi l’élite.

Michel Le Flochmoan avoue « c’est miraculeux et inespéré ! Je suis fort satisfait de mon équipe ; il faudrait tout de même être difficile ! » alors que pour son homologue Hervé Gauthier, « la fin du match fut un peu folle ; on est tombé sur une équipe de Sedan qui a su jouer très bien regroupée et a livré le combat qu’il fallait. »

Sitôt la fin du match sifflée, c’est un concert de klaxons dans le centre ville de Sedan et, au club-house du stade Albeau, Francis Roumy, absent en Anjou pour raisons professionnelles, accompagné de plusieurs supporters « vert et rouge », fête l’exploit avec une coupe de champagne à la main !

Pendant ce temps là, la délégation sedanaise est attablée dans une auberge angevine avant de reprendre la route pour arriver dans la cité de Turenne à 6 h 30 du matin…


Claude LAMBERT