Il y a 48 ans... espoirs et cauchemars pour les Sedanais

Que ce soit en amical, en championnat ou en coupe, l’équipe de Sedan a parfois enregistré des résultats surprenants. La valeur de l’adversaire, certains impondérables, des absences préjudiciables, des blessures et autres expulsions ; bref, il est arrivé que des espoirs se transforment en cauchemars, calvaires, etc. En tout cas, des « performances » à vite oublier ! Ce fut le cas en septembre 1957. Il y a 48 ans…

Nous sommes au terme de la saison 56-57 et l’UA Sedan-Torcy est parvenue à assurer sa place en Nationale.

Célestin Oliver est annoncé comme « partant », notamment à Monaco, mais il reste fidèle à Louis Dugauguez -alors responsable de l’Equipe de France amateurs- avec qui il a disputé les Jeux d’Helsinki. Par contre, le club ardennais se sépare du duo Daniel Carpentier-Diego Cuenca qui émigre à Forbach, la paire « Bébert »Eloy-Marcel Pascal prenant quant à elle la direction de Limoges. C’est ainsi : Forbach et Limoges sont deux nouveaux clubs dans le giron professionnel et ils font confiance à ces anciens « footballeurs ouvriers ».Quant au grand Alex Rozak, le voilà chez les Nîmois.

Question acquisition, voici Michel Vandamme, actuellement militaire et qui provient de Lille mais aussi « Pierrot » Bernard, transfuge des Girondins de Bordeaux, gardien international « amateur » et capé en « B ».
Afin d’être prêt pour le début de la compétition officielle, les Sedanais se mesurent au Levski Sophia et à Cherbourg puis, c’est l’ouverture du championnat à Emile-Albeau, Monaco chutant d’entrée (2-1).
Le premier déplacement à Valenciennes ne se passe pas au mieux (défaite : 1-3) mais, tout aussitôt, Emilio Salaber et ses coéquipiers nîmois s’en retournent aussi défaits des Ardennes sur ce même score.

Arrive la 4 ème journée au cours de laquelle les trois leaders -Valenciennes, Lyon et Lens- joueront sur terrain adverse.

Pour sa part, Sedan ne doit guère se faire d’illusion en effectuant le lointain déplacement de Nice où il s’est régulièrement incliné ces deux dernières années. D’autant plus que les Azuréens ont obtenu jusqu’ici de bons résultats.

L’équipe azuréenne a effectué une tournée en URSS et elle est actuellement au mieux. A Valenciennes, elle a fait une véritable démonstration d’un jeu particulièrement solide tant en attaque -les deux techniciens Muro et Ujlaki orchestrent les offensives- qu’en défense -le métier de Gonzalès, la sûreté de Martinez et de Ferry donnent une assise solide à l’équipe- et, au Stade du Ray, devant son public, elle devrait signer une nouvelle victoire.

Alors, que feront les Sedanais devant une équipe décidée au métier affirmé et homogène ? Ils ne peuvent prétendre à une victoire et gageons qu’ils défendront avec le cœur qu’on leur connaît…

Les Ardennais partent le vendredi après-midi sans Louis Dugauguez retenu à Sedan ni le jeune Pierre Barre qui retrouvera aussi la troupe dès lundi, l’équipe sedanaise devant tout aussitôt se mesurer à Ales.

C’est Yves Albert qui continue à opérer au poste d’arrière droit et il devrait réaliser une meilleure partie sur la Côte d’Azur que devant le public ardennais car de tempérament très émotif, il manque d’assurance et ressent les effets du trac…

Pour sa part, Lefebvre qui s’est montré à son avantage devant Nîmes a été handicapé toute la semaine par un furoncle et sa présence demeure incertaine.

Avant cette confrontation, « L’Ardennais » titre « Sedan subira à Nice les assauts d’une équipe en plein redressement »

Bon pronostic ! En effet, en manchette et sur huit colonnes, « L’Ardennais » titre le lendemain : « L’équipe sedanaise, en déroute, concède 8 buts à Nice ». Et en page « Sports », il est titré « 8-0 : jamais pareille mésaventure n’était arrivée à Sedan qui fut submergé en seconde mi-temps par Nice transcendant ».

C’est A.Pescetto qui narre pour « L’Ardennais » une partie disputée le dimanche après-midi devant 13.665 spectateurs. Sedan aligne Bernard, Albert, Lemasson, Fulgenzy, Salzborn, Christian Oliver, Lefebvre, Vandamme, Breny, Célestin Oliver et Tillon.

Dès la mise en jeu, Nice domine et Bernard est à l’ouvrage… Les locaux ouvrent rapidement le score : corner de Foix, Barrou sert Muro qui marque de près (10e).


Dans sa cage, Bernard fait de véritables prodiges et ses partenaires réagissent de temps à autre…

Jusqu’au repos, les hommes de Jean Luciano dominent et ne se laissent pas impressionner par les contre-attaques quelque peu désordonnées des Ardennais. Seul moment dangereux : à la suite d’une percée de Célestin Oliver, Breny en possession du ballon à quelques mètres à peine de la cage niçoise, tire et la transversale renvoie son bolide.

A la mi-temps, Nice mène donc par 1 à 0 et pour Sedan tous les espoirs sont encore permis…

Les deux premières minutes de la reprise vont être catastrophiques pour les Ardennais : Ujlaki déborde Lemasson, centre pour Barrou… et but (46e) ; Barrou sert Muro dont la reprise ne laisse aucune chance à Bernard (47e) !

Et c’est l’avalanche de buts : l’arbitre, M. Tirant, sanctionne Lemasson qui a fauché Barrou et Ferry transforme le penalty (51e) ; à l’heure de jeu, Foix effectue une magnifique percée et expédie un tir puissant que Bernard renvoie mais l’ailier niçois reprend et marque ; descente de Foix qui crochète son vis-à-vis, donne le ballon à Muro qui lui rend et une nouvelle fois marque (77e) ; servi par Ujlaki, Barrou déborde Lemasson et, malgré une sortie et un plongeon de Bernard, évite le gardien sedanais et inscrit un nouveau but, poussant le ballon dans les filets vides (83e) ; et enfin Foix déborde encore sur une ouverture en profondeur de Muro, s’avance vers Bernard lequel vient à sa rencontre, stimule le tir et évite ainsi le plongeon du portier ardennais, et il clôture la marque devant une cage désertée (88e).

Sedan a cependant l’occasion de sauver l’honneur en fin de partie car l’arbitre lui accorde un penalty pour fauchage de Lefebvre par Martinez. Célestin Oliver le tire à ras du sol… mais Lamia, le goal niçois, plonge du bon côté et capte la balle.

Où chercher les raisons de cette déroute ? Tout autant dans l’efficacité extrême affichée par l’équipe niçoise que dans le manque de solidité de la défense sedanaise. Les joueurs ? Bernard, sans avoir totalement démérité, n’a rien pu faire pour éviter une telle catastrophe ; Fulgenzy n’arriva jamais à juguler son adversaire direct ; Lemasson eut bien du mal à s’opposer aux percées de l’athlétique avant-centre de couleur niçois Barrou ; les deux demis Christian Oliver et Salzborn ont certes couvert beaucoup de terrain mais souvent en pure ; seuls Célestin Oliver et Lefebvre se montrèrent à la hauteur de leur réputation ; Breny fut bien souvent dominé par son jeune vis-à-vis Chorda ; les autres attaquants n’apparurent que spasmodiquement…

Dans son édition du mardi, « L’Ardennais » titre « L’effondrement des Sedanais à Nice après le repos ne trouve quelque excuse que dans le K.O. infligé par Muro mais cette cuisante défaite pose des problèmes qui devront être résolus rapidement » et rapporte que dans les rues de Nice on a entendu « Pour une belle…c’en est une belle… »

Dans la presse spécialisée parisienne, on peut lire ce commentaire « Rien ne va plus à Sedan ! En abandonnant leur condition de footballeur-ouvrier, les Sedanais auraient-ils abandonné aussi tout ressort et tout mordant ? »

Les Sedanais se consolent en disputant une rencontre amicale à Saint-Raphaël contre Draguignan, l’emportant par 2 à 0…



Claude LAMBERT


Note:


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