Pierre Tordo : des oeillets en cage ?
S'il est des joueurs dans le panthéon du CSSA, Pierre Tordo en est le gardien. L'histoire commence un peu avant noël 1939 ... Pour Pierre Tordo, né le 16 décembre 1939 à Nice, tout commence à l'école Dom-Bosco. Ce fils d'horticulteur signe au Cavigal, club formateur réputé, puis à l'ASPTT Nice. Voici l'armée à Istres, ensuite sur la presqu'île de Giens où il est chauffeur du colonel.
Sitôt libéré, un commerçant local -qui vend des tissus du « Mouton d'Or »- repère cet espoir. Sedan joue à Nice en championnat, le supervise à Menton et l'invite à un match d'essai à Esbly contre le grand Racing. Un emploi à l'entretien aux Draperies Sedanaises est proposé à celui qui a un CAP d'ajusteur-fraiseur. Accepté !
Décembre 62, double derby Reims-Sedan : il doit jouer en lever de rideau avec la CFA. Roszak est opéré du genou et «M'sieur Louis» le titularise. Première victoire pour celui « qui se fait tout petit » au sein d'une équipe de « ténors », dont les grands Roubaud et Jacob.
Après Troyes et Nîmes, l'UAST est encore en finale de Coupe. Mais, face aux Rennais, « Roger (Lemerre) commet une bévue et l'arbitre (M. Kitabdjan) oublie de siffler un penalty en faveur de Nénette (Herbet) ». Du coup, les Sedanais s'inclinent injustement.
Monaco et Sochaux lui font les yeux doux. Mais, devenu pro, le Méridional se plaît à Sedan où il y a Lucien Laurant « un bon père pour nous », son frère Maurice « un véritable gestionnaire » et Louis Dugauguez « un gros travailleur à qui je dois ma carrière ».
Suite à un différent financier, il se retrouve à Béziers. Mais, Rose, son successeur, se blesse et il remonte alors que Charrier arrive. Raymonde, son épouse ardennaise, apprécie.
Sorti major du stage d'entraîneur, il épaule Dugauguez. La préparation physique, c'est lui ; la compo d'équipe, c'est l'autre. Il met une pancarte dans le vestiaire : « Sur le long et difficile chemin des performances, il n'y a pas de raccourci ». Et, « personne ne triche ! »

Débuts encourageants. Puis, les Laurant s'éclipsent. Il part à Châtellerault, en D 3, où les résultats suivent. Le Président Nix le contacte. Le revoilà à Sedan. « Le club est à l'abandon » dixit. Il aligne des Ardennais avec réussite. Le duo Aimont-Libotte est fidèle. Le CSSA réussit, se bat mais aussi chute. Arrivée de nouveaux dirigeants et Michel Le Flochmoan lui succède.
Pierre passe la frontière. Arlon et son « autre approche du foot » l'accueille Un long bail ! Enfin, Bazeilles où il prodigue de judicieux conseils.
Maintenant, Pierre Tordo a tourné la page. Retraité, il s'occupe de ses fleurs, lui qui aurait tant voulu cultiver des oeillets et qui, parfois, en vrai gardien, est allé « aux pâquerettes » !
Photo : Claude Lambert
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